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L’ultra-gauche n’assume rien face à la CGT

L’ultra-gauche n’a rien à voir avec les autonomes

L’ultra-gauche n’a rien à voir avec les autonomes, d’où son malaise face aux bagarres entre ultra-gauche et cégétistes le premier mai 2021.

Ce qu’a fait l’ultra-gauche ces cinq dernières années, jamais les « autonomes » ne l’auraient fait. Jamais ils n’auraient soutenu les initiatives de la CGT, et pour cause !

Historiquement, les « autonomes » apportent en effet beaucoup car ils soulignent que des pans entiers du mouvement ouvriers ont été intégré dans les institutions. C’est le prolongement du point de vue maoïste. Depuis le premier mai 1968 jusqu’à la fin des années 1970, les « maos » puis les « autonomes » sont hostiles au syndicalisme et en particulier à la CGT qui admet et reconnaît les institutions.

L’ultra-gauche se situe hors de cette tradition. Elle a comme base l’anarchisme et elle soutient le syndicalisme, comme la corde soutient le pendu. C’est un retour à la France du début du XXe siècle, avec ses syndicalistes isolés et des anarchistes marginaux, tous cependant plus bruyants les uns que les autres, pendant que les réformistes occupent le terrain électoral. Avec l’effondrement du niveau intellectuel et culturel en France, on est retombé à ce niveau-là…

Quelle honte ! Être en 2021 et avoir une situation similaire à celle de 1901 ! Quelle honte et quelle catastrophe ! Comme si le capitalisme ne s’était pas formidablement développé entre-temps…

Alors, très clairement, les rodomontades sur la « grève générale » de la CGT et les prétentions au grand soir de l’ultra-gauche sont vaines. Et qui se ressemble s’assemble, comme on l’a vu toutes ces dernières années.

Forcément, dans une telle situation, l’attaque de cégétistes parisiens par des gens d’ultra-gauche fait tâche. Alors l’ultra-gauche en parle sans en parler, avec une hypocrisie qui en dit long sur l’escroquerie que tout cela représente. Sur Pars-luttes.info, on a par exemple un long compte-rendu d’un premier mai 2021 parisien qui aurait été formidable, à tous les points de vue. « Premier mai répressif, premier mai massif » est digne des scénarios hollywoodiens. Mais lorsqu’il s’agit de parler de affrontements avec la CGT… c’est la fuite :

« Une fois arrivés à Nation l’ambiance est vraiment détendue. On traîne, on cause avec les camarades qu’on n’avait pas encore vu, on se repose. Il faut une heure et demi au moins entre les premiers et les derniers arrivés ce qui est important quand même, surtout au vu de la densité du cortège.

Je suis d’un côté de la place qui ne me permet pas de voir l’attaque contre les camions de la CGT qui anime tant les réseaux sociaux et les médias réac. Je ne commenterai donc pas ce brillant moment. »

Lundi.am est tout aussi hypocrite. Organe exprimant le point de vue de « l’autonomie italienne » version intellectuelle et esthétisante, son article « CGT, COLLABOS » est ainsi intellectuel et esthétisant dans un petit éloge du désordre, sans s’engager en rien.

« La machine à indignation pouvait s’enclencher. L’« important groupe d’individus » décrit par le communiqué de l’organisation syndicale est petit à petit devenu un « commando » (Jean-Luc Mélenchon), de « personnes masquées » (Clémentine Autain, portant un masque), de faux gilets jaunes (Céline Verzeletti, secrétaire confédérale de la CGT), « pas venues pour revendiquer » (Philippe Martinez), des « ennemis de classe » (les profs de l’UCL), peut-être bien d’extrême droite (Benjamin Amar, aussi de la CGT), en tout cas des « éléments ultras » (Olivier Faure).

On ne s’étonnera pas que les trotskistes voient quant à eux derrière cette « agression odieuse », la main des « blacks blocs » (Nathalie Arthaud, ou pas), et des « autonomes » (Révolution Permanente, cherchant encore et toujours « le bon côté de la barricade »).

Personne ne sait donc qui a bien pu « organiser » le « guet-apens » dénoncé par Martinez, mais toute la gauche a quelque chose à en dire. L’empressement à se poser en victime et à fantasmer un ennemi intérieur et insaisissable (à la fois fasciste et autonome, GJ et organisé), se calque exactement sur la fabrique des polémiques évoquées plus haut (visant habituellement à dédouaner le maintien de l’ordre). Fabrique qui vise notamment à empêcher de demander « pourquoi » et à resituer l’événement dans son contexte immédiat et historique – s’empêcher de réfléchir, en somme.

Derrière, il y aurait des désirs de révolte, un besoin de désordre : c’est la soupe intellectuelle de « l’insurrection qui vient » et des intellectuels observateurs des « luttes » spontanées.

Quant aux autres points de vue, ils relèvent des professionnels des manifestations parisiennes, qu’on retrouve surtout sur Twitter (comme pour l’exemple suivant), c’est de tout un folklore dont on parle, et le terme est inapproprié car « folklore » parle de culture populaire, alors que là on est dans des choses à 99,999% éloigné du peuple.

Tout cela est coupé du peuple à tous les niveaux. Et le niveau d’analyse est nul : tous ces gens vivent au jour le jour, ils sont entièrement conformes à la société de consommation. Vivement que la Gauche resurgisse pour rejeter aux oubliettes l’anarchisme et le syndicalisme révolutionnaire !