Le PCF assume un parcours en solitaire pour la présidentielle de 2022.
On peut très bien penser que le PCF considère que la présidentielle de 2022 verra la Gauche perdre et que partant de là, il est plus important de chercher à maintenir une formation en crise d’identité. On peut aussi penser que de toutes façons, si un candidat de gauche se dégage avant les élections, le PCF pourra d’autant plus négocier son soutien.
Mais ce faisant on perdait la nature historique de la candidature de Fabien Roussel à la présidentielle de 2022. On parle en effet ici du Parti Communiste Français, issu en 1920 de la majorité des socialistes choisissant de rejoindre l’Internationale Communiste. Cet épisode donna d’ailleurs également naissance à la tradition socialiste, synthétisée au Congrès de Tours de 1920 par un long discours de Léon Blum
La candidature à la présidentielle de Fabien Roussel apparaît ainsi comme un anti-congrès de Tours à l’envers, formule alambiquée pour dire que pour éviter d’avoir à retourner avec les socialistes, les membres du PCF tentent le coup d’une réaffirmation. N’ont-ils pas réussi d’ailleurs à se maintenir malgré la chute du bloc de l’Est, contrairement à de nombreux autres Partis Communistes, tels le pourtant si fort Parti Communiste Italien ?
Pour les membres du PCF, le pari d’une candidature à la présidentielle se tient ainsi au nom d’une tradition maintenue, et du fait que de toutes façons il n’y a pas le choix pour pouvoir résister à la pression de La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon.
Seulement voilà, qu’est-ce que le PCF ? Le PCF ne se revendique plus de Lénine et de Staline, ce qui place le curseur en 1953-1956. Il ne se revendique plus non plus du centralisme démocratique et de la dictature du prolétariat. On est là à la fin des années 1970. Il n’assume plus le marteau et le faucille non plus. Que représente-t-il alors ?
Il représente la main-mise sur le PCF de la part de sa Commission économique, à travers un long parcours remontant à Paul Boccara, inventeur de la conception du « Capitalisme Monopoliste d’État » régulièrement mise à jour dans la revue du PCF « économie et politique » et accompagnée par une autre revue du PCF « Cause commune« .
Les propos de Fabien Roussel sur son site de candidature présidentielle reflète totalement cette conception d’un capitalisme devenu financier seulement qui se survivrait à lui-même grâce aux aides de l’État.
Mais qui s’intéresse à cela à la base du PCF ? Strictement personne. Et dans un contexte de crise, cette approche conceptuelle-théorique de la réalité du PCF ne suffira jamais à produire une culture pour galvaniser les gens, les organiser, développer des perspectives, etc.
C’est cela qui attend le PCF avec cette candidature : l’expression du décalage complet entre une base ne se préoccupant pas du tout de théorie et un appareil ultra-pointu au niveau de ses conceptions. Si la crise implique une remontée du niveau de conscience, alors l’affrontement sera idéologique, avec une sortie par la Gauche, soit une forme ou une autre. Si la crise renforce la dépression générale, ce sera l’agonie.