Le programme de Fabien Roussel est d’esprit romantique, dans l’approche « communiste à la française ».
Les 200 « conseillers » du PCF avaient déjà voté le 13 mars 2021 pour que Fabien Roussel soit leur candidat à la présidentielle de 2022. Ils ont cependant tenu à disposer d’une sorte de plébiscite de la base, afin d’être certain de parvenir à une mobilisation de celle-ci. Le PCF profite en effet d’un vivier de 43 000 adhérents et peut ainsi espérer réussir à déborder les autres mouvements de gauche. Du moins le pense-t-il.
De ces 43 000 adhérents, 30 179 ont voté le 9 mai 2021. Il y avait deux options :
– celle de la candidature en solitaire du PCF ;
– la participation à l’union de la Gauche.
21 333 adhérents (depuis au moins trois mois et à jour de cotisation) ont voté pour présenter un candidat PCF au premier tour (soit 72,42% des votants), contre 6 813 pour l’union de la gauche (soit 23,13%). On peut considérer que le plébiscite a réussi. La majorité des gens actifs au PCF considèrent que c’est l’heure d’une réaffirmation qui soit franche.
Il y a ensuite eu le choix du candidat. Fabien Roussel a obtenu 23 219 voix (soit 82,36%), contre 512 pour Emmanuel Dang Tran (soit 1,82%) et 45 pour Grégoire Munck (soit 0,16%). C’est là totalement un plébiscite, dans la mesure où l’opposition est totalement marginalisée.
C’est une point important car, depuis les années 1990, il y a une grande agitation dans les rangs du PCF, avec des tendances essayant de s’affirmer. Toutes ont échoué. Dans le cas précis, Emmanuel Dang Tran représente la ligne nostalgique du PCF des années 1970-1980, un terrain désormais totalement siphonné par le Pôle de Reconstitution Communiste en France (PRCF), qui profite de son influence notable chez les traditionalistes de la CGT.
Grégoire Munck est quant à lui sur une ligne post-communiste avec une réflexion post-marxiste sur l’argent, les richesses, etc.
Fabien Roussel représente la grande continuité du PCF depuis 1989, et depuis Maurice Thorez. Il représente le marxisme à la française, c’est-à-dire une passion ou un jeu intellectuel. Le positionnement présidentiel de Fabien Roussel, sur le site fabienroussel2022.fr ouvert pour l’occasion, en témoigne largement.
Le vote espéré est un vote d’estime pour le PCF présenté comme le représentant du sentimentalisme social. C’est le communisme interprété comme goût de l’égalité, comme passion française.
« Je suis enthousiaste.
Enthousiaste d’avoir été désigné pour mener la bataille des élections présidentielles et législatives de 2022 afin d’écrire une nouvelle page de notre histoire commune et de construire, ensemble, une perspective pour la France, celle des Jours Heureux.
Depuis plus d’un an, nous sommes confrontés à une terrible épreuve. Il y a celles et ceux qui y font face en donnant le meilleur d’eux-mêmes. Et il y a ceux qui en profitent, en tirent profit… Le capitalisme a démontré une nouvelle fois son incapacité à apporter des réponses à la hauteur des enjeux humains.
Il y a de quoi être frappés de stupéfaction devant les milliards accumulés par une poignée d’ultra-riches et d’actionnaires pendant que, par notre travail quotidien et notre solidarité, c’est nous qui faisions tenir le pays debout.
La France est un pays riche. Elle tient sa richesse du monde du travail et de la création. Le temps est venu. Une nouvelle époque se dessine. Il est temps d’abolir les privilèges de quelques-uns en faisant de l’égalité, du respect de l’Humain et de la planète notre but commun.
Ensemble scellons un pacte national. Nous avons un an pour bâtir, un projet pour la France. Un pacte pour affronter la finance et s’attaquer à l’évasion fiscale, un pacte pour en finir avec le chômage en sécurisant les parcours professionnels, en produisant en France par la relance de filières industrielles, un pacte pour le pouvoir d’achat et les services publics, un pacte pour la jeunesse et l’éducation.
Un pacte pour l’avenir, un pacte pour la France.
En avril 2022, nous reprendrons notre avenir en main. Soyez assurées et assurés que j’y mettrai toute ma force, mon énergie et ma fraternité.
Dès aujourd’hui, rejoignez-nous, pour relever, ensemble, le défi des Jours heureux. »
La France est le leitmotiv pour le PCF, mais certainement pas la classe ouvrière, le capitalisme, la crise, la lutte des classes, etc. On sent qu’il s’agit de faire propre, accessible, que le but est de ne pas heurter. C’est la pari d’une transition réussie à une nouvelle période. Encore faut-il que celle-ci soit lisse : en cas de crise profonde, déchirant les tissus sociaux, le PCF serait ici propulsé hors du champ politique avec une telle démarche indolore et incolore.