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François Mitterrand: 40 ans après le 10 mai 1981

L’élection de François Mitterrand à la présidence à la République est un important fait historique.

L’élection de François Mitterrand à la présidence à la République est un important fait historique.

Il n’y a guère eu de grandes émissions ou de grandes déclarations à l’occasion des quarante ans du 10 mai 1981, même si on pouvait sentir que les différents médias auraient aimé en faire bien davantage. C’est que pour toutes les personnes au-dessus de 14 ans en mai 1981, l’élection de François Mitterrand a été un des faits les plus marquants de leur vie.

Du côté des gens de gauche, la joie était immense. Tout apparaissait comme possible. Du côté des gens de droite, c’était la fin d’un monde, puisque cela faisait 40 ans que la tête de l’État était entre leurs mains. Le désespoir des gens de droite était aussi grand que l’engouement incroyable à gauche.

Quarante après, il ne reste cependant rien de tout cela, puisque les principaux organes de l’histoire commencée en 1981 n’existe pratiquement plus. Le Parti socialiste, l’UNEF-ID, SOS racisme, le Parti Communiste Internationaliste… ne sont plus que les ombres d’eux-mêmes.

Surtout, leur patrimoine s’est dilapidé ici ou là, les gens abandonnant ou partant dans différentes carrières. Quarante après, une figure de l’époque comme Julien Dray n’a plus rien de socialiste à proposer. Jack Lang a disparu de la circulation, tout autant que Laurent Fabius ou Lionel Jospin.

Cela résulte tant d’une inscription dans les milieux aisés que d’une faillite intellectuelle. Car François Mitterrand c’est avant tout le mitterrandisme, c’est-à-dire un réel pragmatisme.

Cadre du régime de Pétain, François Mitterrand finit par rejoindre la résistance ; de centre-gauche il est devenu le principal opposant à de Gaulle, prenant la tête d’un Parti socialiste reconstitué au congrès d’Épinay en 1971. Puis il y eut l’alliance avec le PCF, pour le programme commun. Ses deux septennats ont pareillement été des coups de barre à droite, à gauche, au centre, selon les intérêts du moment et non selon une doctrine.

On arguera que ni Jean Jaurès, ni Léon Blum n’en avaient, de doctrine, justement. Mais c’est là qu’est le problème. La Gauche de tradition socialiste cherche en permanence une figure capable de conjuguer les forces du moment, sans exiger de contenu, et le résultat est connu : c’est François Hollande et l’ultra-pragmatisme.

On ne peut pas se relever d’un succès qui se caractérise par une absence de cimentation du socle. Il suffit de penser d’ailleurs à toutes ces organisations, petites ou grandes, qui décident de passer à l’action, récoltent un petit succès, puis finissent par s’effondrer, car il n’y a pas de valeurs approfondies, de pensée développée, de vision cohérente du monde. Bref, sans doctrine, on ne peut arriver à rien.

Et une doctrine, il faut du temps et de l’énergie pour en développer une. En faisant face à un isolement fort puis relatif pendant un long temps, aux moqueries des actionnistes, aux opportunistes qui préfèrent les succès rapides présentés comme ouvrant une nouvelle époque, etc.

Aussi, sans nul doute, l’avenir appartient à ceux qui mènent le travail de fond afin d’être prêt à formuler la vision du monde nécessaire quand il le faut, pas à des gens passant leur temps à « agir » on ne sait comment, on ne sait pourquoi, sans perspective prolongée ni critères évaluant leurs actes.

L’élection de François Mitterrand a donc été un fait marquant, mais sans mitterrandisme il n’en reste rien ; sans doctrine il n’y a rien.