Trois groupes avec un univers artistique très développé.
La notion de Gothic rock est paradoxalement très imprécise et extrêmement précise. Elle est précise, parce que c’est clairement un sous-genre du mouvement gothique du début des années 1980. On a la même perspective lugubre, de critique esthétisante de la société, d’exigence d’une affirmation personnelle romantique. La base musicale est très proche, avec une influence significative de Joy Division, des Cure et de Siouxsie & the Banshees, qui forment le socle initial de l’approche Gothic rock.
Elle est toutefois imprécise, car les groupes qui en relèvent ont une sensibilité différente, privilégiant leur propre esthétique, sombre mais largement teintée d’un esprit rock rebelle d’esprit post-punk et de références artistiques. Il ne s’agit pas d’un quelconque « snobisme », mais d’une mise en perspective réellement différente : Bauhaus, Sisters of Mercy, et les Fields of the Nephilim ont un univers extrêmement élaboré, reflétant un très haut niveau culturel.
Ce sont d’ailleurs les trois groupes qu’on cite communément comme Gothic rock, parce que ce sont eux qui ont réussi à faire acte d’indépendance. Si les gothiques considèrent que ces groupes font partie de leur patrimoine (ce qui est vrai), un public touché par un de ces trois groupes se considère comme à l’écart du gothique (ce qui est vrai aussi).
Pour essayer de faire un panorama ayant un sens, on peut voir les choses ainsi :
– Bauhaus est un groupe avec une grosse base intellectuelle ; issu du post-punk, il est très marqué par la dub, par le collage d’esprit cubiste, par l’expressionnisme, l’esprit avant-gardiste pointu voire expérimental, mais tout en cherchant à maintenir un cap accessible, même si esthétisant (c’est un dépassement de David Bowie) ;
– les Sisters of Mercy, qui ont connu un très grand succès commercial, privilégient la dimension accessible mais avec une perspective romantique ouverte (c’est un dépassement des Stooges) ;
– les Fields of the Nephilim sont un groupe rupturiste, avec des artistes en look de cow-boys poussiéreux allant toujours plus loin dans un son rock lugubre et raffiné, peuplé de références littéraires-religieuses mystico-délirantes, mais dans une perspective ouvertement romantique – sentimental.
On trouve souvent comme références, à côté de ces deux groupes, The Mission (qui est une scission des Sisters of Mercy), pratiquant un gothique rock « pur », ainsi que The Cult, dans une même perspective mais plus glam, ou encore les Damned, de la première vague punk. On a cependant pas affaire ici à la même exigence de formation d’un univers artistique en soi. On doit mentionner absolument également le projet du chanteur des Sisters of mercy, The Sisterhood, dont l’album « Gift » est une expression majeure de cette approche.
Voici la playlist en lecture automatique, suivie de la tracklist :
The Cure – Charlotte Sometimes (1981)
Joy Division – Atmosphere (1980)
Bauhaus – She’s In Parties (1983)
The Sisters of mercy – Marian (1985)
Fields of the Nephilim – Last Exit For The Lost (live 1988)
The Sisterhood – Colours (1986)
The Sisters Of Mercy – Walk Away (1985)
Fields Of The Nephilim – Moonchild (1988)
The Sisters of Mercy – Lucretia My Reflection (1987)
The Cure – Primary (1981)
Bauhaus – Lagartija Nick (1982)
Fields Of The Nephilim – Shroud / Straight to the Light (live 2008)
Bauhaus – Ziggy Stardust (1982)
The Mission – Deliverance (1990)
The Cult – Rain (1985)
The Damned – Shadow Of Love (1985)
The Sisters Of Mercy – Ribbons (1990)
Bauhaus – In The Flat Field (1982)