Un manifeste d’un mouvement trotskiste international.
« La catastrophe capitaliste et la lutte pour une organisation mondiale de la révolution socialiste » est le manifeste de la Fraction Trotskyste-Quatrième Internationale. En France, c’est le Courant Communiste Révolutionnaire du Nouveau Parti Anticapitaliste qui la représente. En voici un résumé des thèses, en considérant qu’il est toujours intéressant de se tourner vers le document complet (par ailleurs très long).
Conformément à la tradition trotskiste il faut une Internationale pour relier les groupes actifs.
« La crise économique, sociale et politique ainsi que le dynamisme de la lutte des classes à échelle internationale renforcent l’urgence de la nécessité d’avancer dans la construction d’un Mouvement pour une Internationale de la révolution socialiste. »
Il y a une nouvelle génération porteuse de luttes.
« Le manifeste que nous publions aujourd’hui, rédigé par la Fraction Trotskyste – Quatrième Internationale, se propose de relancer le débat sur la nécessité d’un Mouvement pour une Internationale de la révolution socialiste. Il s’adresse à l’avant-garde de la jeunesse, du monde du travail et de tous les opprimés qui a pris part aux récentes vagues de rébellions populaires et aux grèves générales dans différents pays. Il s’adresse à celles et ceux qui ont été à la tête de luttes emblématiques comme Black Lives Matter aux Etats-Unis, comme la rébellion populaire chilienne, la lutte contre le coup d’État en Bolivie, la lutte des Gilets jaunes et les grandes grèves contre la réforme des retraites en France, la lutte du mouvement des femmes dans le monde entier, les occupations de terre, les grèves et les blocages (…).
De nouvelles générations ont émergé au cours des combats de ces dernières années, tant dans le cadre de mobilisations ouvrières qu’autour de revendications spécifiques du mouvement des femmes, qui a connu des avancées fondamentales en termes de capacité de lutte et d’organisation. D’autres mouvements ont également gagné en importance, à l’instar de la mobilisation contre la crise écologique, au sein de laquelle la jeunesse joue un rôle central »
La crise a commencé en 2008.
« La pandémie a conduit à un saut dans la crise économique mondiale, qui était irrésolue depuis 2008, après la faillite de Lehman Brothers. Une fois de plus, les États ont sauvé leurs entreprises alors que des millions de personnes perdaient leur emploi ou étaient obligées de travailler dans des conditions précaires (…).
Les nouveaux secteurs de la jeunesse, des femmes et du monde du travail qui aujourd’hui commencent à lutter pour un ensemble de revendications dont la résolution intégrale et définitive est impossible dans le cadre du capitalisme, peuvent être le point d’appui pour une nouvelle recomposition de la gauche révolutionnaire à échelle internationale.
Nous nous référons tout particulièrement à ce que l’on appelle aujourd’hui la « génération Z », composée de jeunes âgés de 16 à 23 ans et qui avaient moins de 10 ans lorsque la crise de 2008 a éclaté. »
La classe ouvrière doit s’allier aux « secteurs opprimés ».
« A travers différents mécanismes, allant de l’annualisation des heures de travail, la constitution de comptes-temps dans les entreprises et d’autres outils de précarisation et d’attaques contre les conquêtes du monde du travail, le capitalisme a démontré qu’il ne développe la technologie qu’à condition que celle-ci permette d’accroître ses profits, et non en fonction des besoins de la population.
Cette puissance sociale du monde du travail ne peut gagner que si elle entreprend de liquider le capitalisme impérialiste. Sur cette voie, elle doit s’articuler politiquement avec les revendications de l’ensemble des secteurs opprimés (…).
Depuis le Collectif inter-gares [en France], hérité de la grande grève ferroviaire de 2018, et le Comité Vérité et Justice pour Adama, nous avons défendu, dès les premières actions des Gilets jaunes, ce qui s’est appelé le « Pôle Saint-Lazare ». Ce pôle de travailleurs, de jeunes et de secteurs des quartiers populaires, appelait à marcher ensemble, depuis la gare Saint-Lazare, pour ensuite rejoindre les Gilets jaunes et manifester avec eux, sur la base de ses propres revendications (…).
Dans le même sens, nous entendons souligner l’importance qu’il y a à articuler les combats du monde du travail aux mouvements des femmes et des personnes LGBTI qui se sont massivement développé, à travers le monde. »
La défense des libertés démocratiques est un axe essentiel.
« En tant que révolutionnaires, nous luttons pour une démocratie ouvrière basée sur les organes d’autodétermination des masses exploitées. Nous nous situons en première ligne de la lutte contre toute attaque contre les libertés démocratiques. Dans l’État espagnol, aux côtés de nos camarades du Courant Révolutionnaire des Travailleuses et Travailleurs (CRT), nous avons défendu les revendications légitimes du mouvement démocratique en Catalogne pour le droit à l’autodétermination qui s’est exprimé ces dernières années à travers de multiples manifestations de masse, des mobilisations de la jeunesse et le référendum du 1er octobre 2017. »
Le Programme de transition de Léon Trotski est valide à condition de l’actualiser.
« Les revendications les plus immédiates que nous avons mises en avant doivent s’articuler à d’autres, de caractère transitoire anticapitaliste. Elles doivent chercher à construire un pont entre la conscience actuelle des masses et l’objectif du socialisme de façon à garantir de manière pleine et entière la mise en place des revendications que pose le développement de la lutte des classes. La crise du logement conduit à l’expulsion de millions de familles pauvres de leur domicile, avec la complicité des forces de répression.
Face à cela, nous exigeons l’expropriation des logements vides du parc immobilier contrôlé par les grandes entreprises de façon à répondre à cette crise. Nous exigeons également, entre autres, la nationalisation des entreprises stratégiques sous contrôle ouvrier dès lors que ces entreprises augmentent les tarifs des services dans les quartiers populaires. A travers ce programme, nous cherchons à unifier les revendications du monde du travail et à encourager le développement des luttes sectorielles en les liant à une lutte généralisée contre le gouvernement et l’État.
Les problèmes d’articulation entre les revendications de classe et celles d’autres secteurs populaires ont également été abordés par Léon Trotsky, dans les années 1930, dans sa théorie de la révolution permanente et dans le Programme de transition. Le monde d’alors était plus agraire et rural et moins urbain et industriel qu’aujourd’hui. La théorie de la révolution permanente n’oppose pas la lutte pour des revendications sociales ou démocratiques spécifiques à la révolution et au socialisme. Bien au contraire. En soulignant l’importance de ces revendications comme moteurs de la mobilisation des masses, elle rappelle que leur application intégrale et définitive est impossible si on la détache d’une lutte contre le capitalisme qui vise à en finir avec la propriété privée des moyens de production et qui conduise la société vers le communisme. »
La tentative de se tourner vers les mouvements populistes de gauche a été une erreur.
« Les expériences telles que celle du gouvernement Syriza, qui a appliqué le plan d’ajustement de la Troïka, ou de Unidas PODEMOS, qui s’est transformé en une béquille du PSOE au gouvernement, ont montré que les tentatives de canaliser les luttes sociales avec des formations politiques opportunistes, qui proposent des réformes minimales dans les cadres du système en éludant toute remise en cause de la propriété capitaliste, est le meilleur moyen pour que les revendications de ces mouvements soient écrasées ou détournées. »