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Le Courant Communiste Révolutionnaire veut former un Parti trotskiste

Ce courant est en train de rompre avec le Nouveau Parti Anticapitaliste.

Ce courant est en train de rompre avec le Nouveau Parti Anticapitaliste.

C’est une polémique concernant un secteur bien particulier de la Gauche, mais dont la nature préfigure peut-être un thème important de demain. Il s’agit en effet de la question du « Parti », c’est-à-dire de l’organisation centralisée autour de principes bien déterminés. Le thème du Parti avait largement disparu ces dernières années, ou plus exactement ces dernières décennies. Il réémerge lentement mais sûrement, avec des organisations plus ou moins restreintes mais toutes se proposant comme un « canal » vecteur des bases de ce que doit être un Parti (on parle principalement ici du PRCF, du PCRF et du PCF(mlm), prenant respectivement comme modèle le PCF des années 1970-1980, des années 1960-1970 et des années 1940-1950).

La polémique dont on parle ici concerne le Nouveau Parti Anticapitaliste, dont une tendance, le Courant Communiste Révolutionnaire qui publie Révolution permanente, est en train de se faire dégager pour avoir clairement pris trop d’autonomie. Cependant, il y a à l’arrière-plan une conception fondamentalement différente de la notion de « Parti ». Le NPA assume de ne pas assumer cette forme, dans la tradition de la « Ligue Communiste Révolutionnaire » dont elle est issue, alors que le Courant Communiste Révolutionnaire prône de plus en plus l’établissement d’un Parti de type trotskiste.

Voici un extrait d’une critique faite à une autre tendance du NPA, L’étincelle (issue de Lutte Ouvrière où elle fut l’opposition de 1996 à 2008), qui publie Convergences Révolutionnaires. Le principe d’un NPA « abri » des courants trotskistes en perdition depuis dix ans est dénoncé au profit d’une réaffirmation idéologique assumée. C’est la ligne de la Fraction Trotskyste pour la Quatrième Internationale à la quelle appartient le Courant Communiste Révolutionnaire. Cette tendance troskiste est issue d’une scission de 1988 du courant trotskiste dit « moreniste » (de l’Argentin Nahuel Moreno).

« De notre point de vue, après plusieurs années de lutte de classes et de l’émergence d’une nouvelle génération ouvrière, en partie jeune et n’ayant pas sur ses épaules les défaites du passé, nous pensons qu’il existe en France un espace pour la construction d’une organisation révolutionnaire qui se propose de regrouper le meilleur de cette avant-garde autour d’un projet politique révolutionnaire clair et offensif.

Votre affirmation selon laquelle il n’y a pas encore les conditions pour la construction d’un parti révolutionnaire, en plus d’être anti-léniniste, permet surtout d’évacuer d’un revers de main tout bilan de ces dernières années de la lutte des classes et les expériences de construction des uns et des autres.

Ce n’est en aucun cas de l’auto-proclamation que de dire que ce n’était pas une fatalité que de passer à côté de tous ces phénomènes, de la loi travail aux gilets jaunes, en passant par la grève contre la réforme des retraites, ou encore les mobilisations antiracistes de la jeunesse.

Le renforcement du CCR, qui en 2016 était un petit noyau de militants essentiellement étudiants, est pour nous la démonstration, certes modeste et insuffisante au regard des défis qui sont les nôtres, qu’il n’était pas impossible de réussir à organiser quelques secteurs de cette avant-garde, à condition d’avoir un projet politique révolutionnaire et clairement délimité.

De notre point de vue, si le NPA avait eu dans son ensemble cette stratégie et cette politique, la réalité de l’extrême-gauche aujourd’hui pourrait être bien différente de la situation actuelle.

La routine de la diff de boîte et des discussions avec les collègues autour de la machine à café dont vous revendiquez un savoir-faire millénaire n’est heureusement pas la seule façon de militer et la classe ouvrière mérite davantage d’audace et de créativité de la part des révolutionnaires à un moment où la crise capitaliste va très probablement donner lieu à des explosions sociales encore bien plus importantes que celles auxquelles nous avons pu assister depuis 2016.

Elle mérite aussi une organisation politique qui soit autre chose qu’une succursale vaguement anticapitaliste de LFI, ou même un parapluie commun (de plus en plus étroit) censé protéger différentes petites chapelles trotskistes des intempéries de la réalité.

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