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Le G7 « favorable » à un taux minimal d’impôt sur les multinationales

Une décision mise en place en théorie seulement.

Une décision qui ne sera pas opérationnelle avant longtemps… si jamais elle l’est.

Il n’existe dans le monde aucune uniformité au niveau des impôts. Ce n’est pas le cas au sein de l’Union européenne (où cela dépens des pays, ce n’est pas le cas aux États-Unis non plus (où cela dépend des États). Par conséquent, en disant à Londres qu’il faut un impôt minimum de 15% sur les sociétés partout dans le monde, les ministres des finances du G7 ne disent rien de concret. C’est d’autant plus vrai que le G7 est composé de l’Allemagne, du Canada, des États-Unis, de la France, de l’Italie, du Japon, du Royaume-Uni (et de l’Union européenne), des pays en concurrence les uns avec les autres.

Et même dans le cas où ce n’est pas de la poudre aux yeux, il faudrait ensuite convaincre le G20 (soit en plus du G7 la Chine, l’Afrique du Sud, l’Arabie Saoudite, l’Argentine, l’Australie, le Brésil, la Corée du Sud, l’Inde, l’Indonésie, le Mexique, la Russie, la Turquie). Là encore, on parle de pays en concurrence.

Puis, ensuite, en admettant que ce soit une réussie, il faut convaincre le reste des 137 pays de l’OCDE… Et là encore, on parle de pays en concurrence.

On arguera que les pays ont déjà, dans l’histoire, réussi à s’entendre sur certaines décisions. C’est tout à fait exact. Mais la crise de 2020 change tout. Si on ne considère pas que la crise de 2020 change tout, alors cette histoire de taxation minimale peut s’imposer. Si on est réaliste, on constate alors que la bataille pour le repartage du monde est ce qui compte en toile de fond et que tout rapprochement des États, tendanciellement, échouera.

Cette décision du G7 est d’ailleurs un reflet de cette tendance. Quand il y a une crise, il y a à la fois une contre-tendance à celle-ci et une expansion de la crise. D’un côté, les États cherchent tous ensemble à sauver le capitalisme… De l’autre, c’est le chacun pour soi. Les ministres des finances sont sans doute sincères dans leur quête d’une taxation minimale… Mais en même temps, ils ne décident concrètement de rien, ils proposent une tendance seulement, et c’est alors la réalité qui décide.

D’ailleurs, qui a proposé cette taxe? Les États-Unis de Joe Biden. Pourquoi les États-Unis proposent-ils une taxe alors qu’ils sont les premiers à perdre à ce niveau, de par les monopoles dont ils disposent ? Faut-il croire en la sincérité de Joe Biden, comme le fait ATTAC ? Quelle est la raison de cela ?

La vraie raison, c’est qu’il y a une critique des monopoles qui existe et qu’il s’agit, à travers cette pseudo taxe hypothétique, de la neutraliser. Avec cette décision qui n’en est pas une, la critique des monopoles comme Amazon ou Google est neutralisé pour des années, dans l’attente d’une application qui ne viendra peut-être jamais. Au lieu d’une critique des monopoles, on aura l’attente et les discours comme ceux d’ATTAC disant que c’est trop peu, qu’à 25% on change le monde, etc.

En fait, l’instauration d’une telle taxe insérerait même officiellement les monopoles dans le paysage mondial. Cela étant, même cela est une utopie capitaliste. Il n’y a plus de marché mondial qui tienne, d’économie mondiale qui serait unie. On est dans la bataille pour le repartage du monde. L’arrière-plan, c’est le conflit sino-américain, entre la superpuissance dominante et son challenger. C’est cela la tendance de fond.

Aussi, il ne faut pas perdre son temps. Il faut se concentrer sur l’essentiel. C’est sans doute même cela qui compte seulement. Le capitalisme c’est la dispersion des idées, l’éparpillement par la consommation de choses secondaires. Il faut pour la Gauche toujours et uniquement se concentrer sur l’essentiel.

Et cet essentiel est que le capitalisme va à la guerre.