Le recul reflète l’exigence à Gauche de ne pas pouvoir laisser gagner l’extrême-Droite.
On l’a échappé belle.
Lors du premier tour des élections régionales de juin 2021 en Provence-Alpes-Côte d’Azur, le 20 juin, les scores ont été de 36,38% pour le candidat RN Thierry Mariani, de 31,9% pour le candidat Les Républicains (et sortant) Renaud Muselier. Suit le candidat commun à EELV, PS, PCF, Génération.s, Génération écologie, les Radicaux de gauche, la Gauche Républicaine et socialiste, Place publique et le Mouvement des progressistes.
Il s’agit de Jean-Laurent Félizia, qui a fait 16,89% des voix.
Dès les résultats connus, rejetant le barrage à l’extrême-Droite, celui-ci, un chef d’entreprise de 52 ans membre d’EELV, a affirmé qu’il se maintiendrait. Son explication était longue, son ton très offensif, dénonçant même dans la soirée, par un message sur Twitter, le responsable du Parti socialiste, Olivier Faure.
« Je n’ai pas à répondre aux @faureolivier. Les états majors parisiens sont parfois déconnectés de la réalité du terrain. C’est une décision collective que nous assumons »
Heureusement, la vague de contestation a été immense. Jean-Laurent Félizia a dû manger son chapeau. Le 21 juin, il publiait un long texte justifiant le barrage à l’extrême-Droite, justifiant le retournement de la manière suivante.
« L’écart entre Renaud Muselier et le candidat de l’extrême droite est hélas plus élevé que celui annoncé dans les premières heures de la soirée et nous a mis face à nos responsabilités. »
Tout le monde lui est en fait tombé dessus, EELV le menaçant même d’exclusion. C’est d’ailleurs toute la direction locale qui risquait de se faire virer, car pratiquement toute la direction d’EELV en PACA comptait continuer cette « aventure ».
Cela ne doit pas étonner. EELV ne possède aucune tradition historique de l’antifascisme et est composé de bourgeois de centre-villes pour qui seul compte le libéralisme moderniste. Il n’y a pas d’autres priorités et l’extrême-Droite, ce n’est pas pour eux le fascisme, mais simplement des « autoritaires » à rejeter.
Heureusement, la culture de la Gauche historique a été suffisamment présente pour bloquer EELV. Cela montre que même si sur le plan de l’organisation, tout est à un niveau catastrophique, sans parler des idées, il y a tout de même un fond diffus de valeurs de la Gauche historique qui parvient à s’imposer.
Ce n’est pas le point de vue des anarchistes, des trotskistes et de La France Insoumise qui a triomphé. C’est le point de vue de la Gauche historique qui s’est imposé, exigeant le barrage absolu à l’extrême-Droite, dans le prolongement de l’esprit du Front populaire.
C’est une victoire. Mais c’est une victoire fragile. Que EELV en PACA ait osé tenter à passer en force, à maintenir la liste… en dit long sur l’opportunisme. La bataille est gagnée, mais pas la guerre. Et cela sera ainsi jusqu’à la présidentielle de 2022.