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Réflexions

Il faut absolument étudier les nouveaux comportements de la crise de civilisation

De cela dépend la capacité à agir à Gauche.

De cela dépend la capacité à agir à Gauche.

Le déconfinement que l’on connaît début juillet 2021 permet de porter un regard plus approfondi sur les gens sur le plan des comportements. Il apparaît de manière évidente que quelque chose s’est passé. Même si en apparence tout reprend comme avant, il y a un sentiment d’inquiétude qu’on devine à l’arrière-plan et il y a également une importante frustration qui se dégage d’eux. Dans les faits, on assiste à une crise de civilisation.

Or, on sait bien que des gens façonnés par le capitalisme détestent ces deux mots. Le principe de crise leur est insupportable, car ils veulent continuer à s’imaginer qu’ils maîtrisent leur vie, qu’il n’y a pas de grande rupture possible. Le mot civilisation leur est odieux, car il implique le déterminisme, la collectivité, la culture liée à l’Histoire. Par conséquent, les gens prisonniers d’un capitalisme pourtant frappé au cœur prétendent qu’il n’y a pas de crise, et que de toutes façons il n’y a pas de civilisation non plus, seulement des individus tous différents les uns des autres.

Cependant, l’Histoire avance malgré tout. Les comportements changent, les attitudes se modifient, les mentalités diffèrent, les états d’esprit se transforment. Tout cela est inévitable lors d’une période de changement, de modification, de différenciation, de transformation. Il y a donc lieu d’être à la hauteur de son époque et de saisir tout cela.

Faut-il se pencher sur le plus petit niveau, pour voir concrètement ce qu’il en est, ou bien est-il nécessaire de prendre un maximum de recul, pour un avoir un aperçu le plus cohérent possible, avec le plus d’envergure? Cela dépend de tout un chacun, selon son propre parcours. Mais tout se rejoint inéluctablement et on peut même dire, on doit même dire que c’est par là que la Gauche (historique) va resurgir. La Gauche va réemerger d’une prise de conscience de la réalité, des tendances qui se développent, de ce qui apparaît comme nécessaire.

On parle là d’une chose bien différente que de cette gauche gouvernementale orienté par le pragmatisme ou d’une ultra-gauche s’imaginant qu’un actionnisme né dans le capitalisme peut changer quoi que ce soit. On parle ici de gens saisissant les choses dans leur fondement même. De gens qui, avec un regard neuf, s’aperçoivent de choses qui ne vont pas, qui font l’expérience de phénomènes insupportables ou inacceptables, et qui enclenchent une révolte née non pas dans le capitalisme lui-même, mais dans ses larges interstices nées de la crise.

On sait déjà que la pandémie a amené beaucoup de gens à saisir qu’il y a un problème, celui de la destruction de la vie sauvage, de la négation du fait que l’humanité est une composante de la vie sur Terre et non pas un élément dominant et hors norme. On sait également qu’un nombre significatif de gens ont apprécié le confinement dans la mesure où il cassait le rythme de la vie quotidienne dans le capitalisme, qu’il brisait un train-train absolument insipide. Il n’en est jusqu’à présent rien sorti politiquement, mais ces deux tendances sont là et elles s’expriment immanquablement, sous une forme ou une autre.

Il y a bien sûr bien d’autres aspects. Certains ont remarqué que des milliards d’euros ont été trouvés pour les entreprises, alors que toute augmentation des salaires est bloquée depuis longtemps (sans parler des moyens pour l’éducation, la santé, etc.). D’autres ont constaté que les refuges et centres de soins pour animaux avaient été laissé à l’abandon par la société durant la crise. Pour d’autres encore, ce sont les comportements individualistes méprisant les consignes de santé qui ont traumatisé.

Les aspects sont en fait innombrables. Et il est essentiel qu’ils soient synthétisés le plus possible, afin de former une base de compréhension des mentalités nouvelles, des nouveaux êtres humains formés par la crise. Il y a un avant et il y a un long, un très long après, qui va s’étaler sur toute une période et implique des changements historiques. Le mieux on comprend cela, le mieux la Gauche historique pourra transformer le monde.

Se plonger dans l’étude de la réalité, par tous les moyens – intellectuels, artistiques, pratiques – est ainsi la condition de la réussite ; Agauche.org ne peut en être que le vecteur.