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Le PCF a perdu le Val-de-Marne

Il préfère toutefois ne pas en parler.

Il préfère toutefois ne pas en parler.

Les élections départementales qui se sont tenues les même jours que les élections régionales ont été marquées par la perte du Val-de-Marne par le PCF. C’était le dernier département qu’il contrôlait et, depuis les résultats, le PCF du Val-de-Marne n’a toujours pas pris position, ce qui signifie qu’il ne fera pas.

Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, n’a rien dit non plus. C’était pourtant un bastion historique. Passé au PCF en 1966, il est perdu en 1970 puis repris en 1976, jusqu’en 2021 donc. Maurice Thorez a été député d’Ivry-sur-Seine, Georges Marchais vient de Champigny-sur-Marne et a également été député dans le Val-de-Marne… Des villes comme Ivry-sur-Seine, Villejuif, Vitry-sur-Seine, Champigny-sur-Marne, Fontenay-sous-Bois… ont été des exemples mêmes du « communisme municipal » propre au PCF.

Pourquoi, alors, ce silence ? On peut en trouver raison dans la présentation que fait justement le PCF Val-de-Marne de ce qu’est le PCF. Ce qui y est dit est simple : le PCF n’a plus rien à voir avec auparavant, il vise désormais à faire progresser les droits individuels, il est un réseau d’élus pour faire pression sur les institutions en faveur des gens le désirant.

« Le Parti communiste français se donne pour objectif de promouvoir la pleine autonomie et le plein épanouissement de chaque femme et homme, en faisant reculer toutes les formes sociales d’exploitation, de domination et d’aliénation.

Né en 1920 lors du congrès de Tours, il s’est beaucoup transformé pour faire vivre aujourd’hui un communisme de nouvelle génération ancré dans le 21è siècle.

Ses militant-e-s sont organisé-e-s au plus près des populations, au sein de cellules et sections locales pour lutter et élaborer les propositions avec le plus grand et nombre et au plus près des préoccupations populaires.

La fédération du Val-de-Marne compte 36 sections sur l’ensemble du département. À cette force militante importante, s’ajoute de nombreux élus locaux et élus nationaux, dont 1 sénatrice et 1 sénateur, qui quotidiennement travaillent en lien avec les Val-de-Marnaises et Val-de-Marnais pour faire valoir leurs droits et construire des solutions face aux problématiques que rencontre notre territoire. »

Même en admettant que cela soit juste, cela n’a rien à voir avec le PCF. Même en admettant que cela soit une évolution correcte du PCF, c’est quelque chose qui a été développé de manière totalement extérieure aux gens. Quelqu’un qui a été socialisé avec le PCF jusqu’à la fin des années 1990 ne peut tout simplement plus comprendre ce qu’est le PCF, le décalage est trop grand.

Voilà pourquoi le PCF du Val-de-Marne ne dit rien et ne peut rien dire. Il a rompu avec sa propre histoire. Voilà pourquoi également le PCF n’a rien dit : il est passé à autre chose. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est une mauvaise chose.

Il ne s’agit pas de dire que ce qu’a fait le PCF depuis 1966 était bien pour le Val-de-Marne. Il s’agit de voir qu’une organisation de Gauche a sciemment décidé de rompre avec la vie des gens, de leur tourner le dos. On peut justifier cela comme on veut sur le plan des idées. Mais le résultat inévitable est que les gens sont déboussolés.

Le PCF n’a tout simplement pas pris ses responsabilités. Et c’est d’ailleurs vrai pour toute une série d’organisations de grande ampleur qu’il dirigeait, de manière directe ou indirecte. Des centaines de milliers de gens ont vu un pôle de référence disparaître. Cela ne peut pas aider face à l’extrême-Droite. Et peut-être même que ce qui s’est passé dans le Val-de-Marne est un exemple, à petite échelle, de tout un processus historique. La socialisation de larges secteurs populaires par la Gauche a été stoppée en cours, abandonné, laissant les gens s’empêtrer dans une vie quotidienne façonnée par le capitalisme, sans plus aucune référence sur le plan des idées, de la conscience sociale.