Dans un pays libéral, organiser quelque chose socialement est une gageure.
Les mesures annoncées par Emmanuel Macron le 12 juillet 2021 lors de son importante allocution ont une dimension autoritaire très prononcée ; il s’agit en effet pas moins que de remettre enfin de l’ordre, d’y voir clair, donc de vacciner partout afin d’avoir à moins le gérer possible une crise partie pour durer.
Seulement voilà, les Français ne sont pas des Allemands ni des Autrichiens et à cela s’ajoute une situation sociale catastrophique, non pas au sens où c’est la misère qui régnerait, loin de là, mais au sens où les tissus sociaux sont profondément déchirés.
Dès le lendemain, le gouvernement a dû reculer sur la vaccination des jeunes, car il s’est aperçu qu’il n’y aurait pas le temps de les vacciner en un mois. Cependant, il y a surtout la grogne du côté des salariés et de ceux qui les emploient.
Entre les salariés non vaccinés, ceux qui ne le veulent pas parce que c’est une injonction d’en haut pour permettre la consommation, ceux en vacances, ceux qui aimeraient éviter… comment faire ? Cela semble insoluble et c’est très exactement la preuve qu’on est dans une situation de crise.
Les salariés ne veulent pas se plier, du moins en partie, et les responsables des salariés ne savent pas comment faire. Faut-il licencier, y en aura-t-il le droit si facilement ? Et comment trouver du personnel remplaçant ?
Emmanuel Macron voulait rigidifier l’ordre social, peut-être a-t-il ouvert la boîte de Pandore d’une défiance sociale à l’échelle du pays. C’est ce que pensent d’ailleurs les populistes du RN de Marine Le Pen et de LFI de Jean-Luc Mélenchon, qui parlent de mesures liberticides, etc., comme beaucoup de groupes d’ultra-gauche également.
En réalité, tout cela pose la question de l’État et quand on est de gauche, on doit dire : il faudrait un État démocratique, sur une base populaire, pour véritablement être capable de mettre en place une mesure collective, car mesure collective il faut.
Cependant, de par le faible niveau de conscience sociale et l’agitation petite-bourgeoise, on va être dans une situation de critique semi-anarchiste de l’État, de rejet des valeurs collectives, des exigences collectives… Ce qui, dans le contexte, ne manquera toutefois pas de provoquer une situation explosive politiquement, à tous les niveaux.
En fait, Emmanuel Macron s’est dit que c’était le bon moment pour activer la société, totalement passive jusque-là. Il a ce faisant peut-être laisser sortir les monstres des enfers et ils peuvent être déchaînés…
La porte du nouveau semble ouverte et on va très vite savoir si c’est bien le cas.