La révolte populiste resurgit, massive.
Agauche.org a été l’un des très rares médias de gauche à dénoncer de manière absolue les gilets jaunes. La nature correcte d’une telle position alors saute désormais totalement aux yeux. 114 000 personnes ont en effet manifesté dans toute la France contre le pass sanitaire, assimilé à la « dictature sanitaire », à la dictature tout court.
C’est une réédition des gilets jaunes, à tous les niveaux : dans le style, dans la vision du monde, dans l’expression des idées et des revendications, dans la nature petite-bourgeoise. Mais c’est une réédition bien plus virulente… Et si la Gauche avait écrasé idéologiquement et culturellement les gilets jaunes, on n’aurait pas eu cela.
Cette fois, on a en effet une envergure nationale réelle, une ampleur idéologique traversant de nombreuses strates de la société et franchissant allègrement les courants idéologiques.
Et non seulement les manifestations ont eu lieu dans toute la France (Perpignan, Morlaix, Reims, Lyon, Agen, Bourges, Strasbourg, Albi, Troyes, Chambéry, Paris, Marseille, Montpellier, Nancy, Toulouse, Vannes, Lille, Vichy, Rouen, Pau…), mais il y a des figures incarnant le mouvement, comme celles en première ligne de la manifestation parisienne : l’ex-numéro 2 du Front national Florian Philippot, la députée (ex-LREM) « covidosceptique » Martine Wonner, l’ancien chanteur Francis Lalanne, Jacline Mouraud des Gilets jaunes.
Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, est également sur le front, a de son côté tenu une conférence de presse devant le Conseil constitutionnel. Et on notera que, bien entendu, ont appelé à manifester tant François Ruffin (La France insoumise) que François Asselineau (Union Populaire Républicaine).
Ce que les gilets Jaunes avaient échoué à mettre en œuvre, dès les suites de leur première manifestation, est apparu en tant que tel le samedi 17 juillet 2021. C’est le grand front qui se met en place, « trans-partisan », « trans-gressif », « trans-activiste », « trans-idéologique… tout en proposant, cette fois, une véritable synthèse.
Il suffit pour comprendre cela de se tourner vers Jacline Mouraud. Cette dernière compte se présenter à la prochaine présidentielle et a profité de l’appui du média russe RT France à l’occasion des manifestations du 17 juillet 2021. Cela n’a rien d’étonnant, vu comment la Russie est directement un soutien pour toute la mouvance complotiste – nationaliste – conservatrice révolutionnaire – populiste.
Mais surtout le discours est désormais parfaitement rôdé. Voici un exemple de sa prose (tiré de « Pourquoi j’irai manifester samedi »), qui reflète parfaitement l’idéologie anti-pass sanitaire, dans cet ignoble mélange national et social inauguré par les Gilets jaunes :
« Emmanuel Macron s’apprête à nous faire vivre une saison en enfer. A défaut d’être un véritable chef de guerre, il opère une prise d’otages des Français libres, il sème la zizanie dans les familles et les professionnels, il enferme les biens portants et les affubles d’amendes faramineuses s’ils ne se conforment pas aux oukases gouvernementaux, il accroche une épée de Damoclès sur tous les membres de la société, il étouffe toute forme de révolte, il recherche une obéissance aveugle à ses ultimatums à coup de sommations et de mises en demeures, il échafaude un apartheid à la française.
Pour ce président qui semble ne plus avoir de limites, passera-t-il ensuite à une persécution d’un nouveau genre ? Car là où Emmanuel Macron ne voit que des vaccinés et des non-vaccinés, je ne vois que des Français ayant tous les mêmes droits et les mêmes devoirs. Le droit de vivre libres et le devoir de protéger nos libertés.
La France est plus que jamais fracturée par un président qui n’écoute que les bruits de la ville, qui déchire le tissu national et social, bombant le torse par orgueil du devoir accompli.
« Je l’ai fait ! » doit-il penser. « Nous ne nous soumettrons pas! » lui répondons-nous.Nous refusons la société dictatoriale à la chinoise.
Nous n’entrerons pas dans le rang des asservis..
Nous ne renoncerons pas à nos libertés chèrement gagnées.
Nous nous révolterons contre ce supplice des condamnés.
Nous ne passerons pas à la guillotine sociale. »
Tout cela correspond à la paranoïa petite-bourgeoise, la hantise du déclassement, l’angoisse d’être pris entre le marteau bourgeois et l’enclume prolétaire, les ruminations face à une crise en expansion. Nous sommes dans les années 1930.