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Écologie

Fin en trompe-l-œil du broyage des poussins et de la castration à vif des porcelets

C’est la simple modernisation d’une condition animale terrifiante.

C’est la simple modernisation d’une condition animale terrifiante.

De manière étonnante, c’est à l’occasion d’une interview au Parisien que le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a annoncé deux mesures dont il était parlé depuis quelques temps déjà. Le gouvernement va en effet exiger qu’au premier janvier 2022, les entreprises pratiquant l’élevage disposent de machines (payés à 40% par l’État) permettant d’analyser les œufs au moyen d’un halo de lumière.

La couleur des plumes de l’embryon étant différentes selon que celui-ci soit masculin ou féminin, il sera alors fait un tri : les œufs masculins seront détruits au lieu que les poussins masculins, après triage, soient broyés vivants. C’est littéralement ignoble et il faut vraiment que le capitalisme ait aliéné les gens au plus haut degré pour qu’on imagine qu’une telle modernisation soit un « progrès ».

Car, le fond du problème reste le même : on a plus de 42 millions de poules pondeuses en France qui sont totalement dénaturées pour être transformées en machines, afin de satisfaire une production annuelle de plus de 14 milliards d’œufs. Normalement, de manière naturelle, une poule est un oiseau qui pond entre 5 et 20 œufs par an…

On parle là de la souffrance d’êtres vivants, d’un rejet de la sensibilité à très grande échelle. Et, si on voit cet arrière-plan, alors la destruction d’œufs est tout autant inacceptable si on part de la dignité de la sensibilité que le massacre des poussins.

De la même manière, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a annoncé l’interdiction de la castration à vif des porcelets. Là encore, c’est cynique, puisque la castration absolument barbare était induite par des situations totalement dénaturées et totalement stressantes pour les animaux, provoquant des violences. Pour cette raison, on coupe également à vif la queue des porcelets.

Faut-il alors imaginer que la condition des porcelets va totalement changer ? Non, bien évidemment. Et, de toutes manières, il n’y a aucune modification de prévue du rapport de l’humanité avec les animaux. Même la pandémie n’a pas produit de prise de conscience !

C’est là qu’on saisit que tout cela ne répond qu’à une modernisation. Un porcelet non castré mange moins qu’un porcelet castré (200 grammes par kilo en moins), donc c’est tout bénéfice pour les cyniques. Et comme il est considéré que la viande des cochons est moins bonne s’il n’y a pas eu castration, il pourra y avoir castration, mais cela élèvera d’autant le prix : c’est un nouveau marché qui s’ouvre.

On peut d’ailleurs être certain que les œufs triés seront également réutilisés, sous une forme ou une autre. Il faut en effet se rappeler que si la moitié des œufs est vendue au supermarché, un peu moins de l’autre moitié est destinée à la restauration et l’industrie agro-alimentaire. Il y a de l’espace pour trouver une utilisé dans une industrie de transformation.

Ajoutons à cela que ces mesures vont exiger une réorganisation de la part des entreprises : celles qui ne pourront pas suivre devront vendre ou fermer. C’est aussi à cela que servent les exigences de l’Union européenne. En apparence, on aide le consommateur, on le satisfait, en réalité on ouvre des marchés ou bien on épaule une centralisation économique à travers des exigences toujours plus intenables pour les petites structures.

Et cela contribue à l’idée d’un capitalisme à « visage humain »… Bien que, pour qui n’est pas aliéné, c’est bien une réalité infernale à laquelle on fait face.