Vive Tinder, à bas le romantisme… Mais quelle honte!
Historiquement, Regards est une revue née en 1932 dans le cadre du mouvement communiste, qui a disparu après la guerre pour renaître en 1995, sous l’égide du PCF, comme média d’opinion en phase avec sa propre conception des choses. Pour en dire l’esprit, on a eu Clémentine Autain comme tête de proue pendant plusieurs années.
L’article du 30 juillet 2021 Le jeu de l’amour et de l’algorithme est emblématique de cette démarche post-moderne où ce qui compterait ce serait de faire avancer les questions sociétales pour que l’individu ait plus de « droits ». Cet article, c’est ni plus ni moins que l’apologie du turbocapitalisme : le romantisme, ce serait niais et sans intérêt, alors que la consommation choisie et même éphémère ce serait la vie.
Les gens qui critiqueraient le marketing des entreprises, les manipulations par les algorithmes… n’auraient rien compris !
C’est là absolument exemplaire de comment des gens s’imaginant de gauche agissent en fait comme cinquième colonne du capitalisme dans sa version la plus poussée. Rien que les lignes suivants suffiront largement à faire vomir, il n’y a pas d’autres mots, quiconque a encore une conscience de gauche, qui n’a pas été aliéné par le capitalisme développé et sa société de l’ultra-consommation anti-sentimentale.
« On ne parle pas de Facebook comme d’un marché de l’amitié, ni de Linkedin comme d’un marché du piston.
Alors pourquoi Tinder serait-il une exception, sinon parce que nos sociétés continuent de sacraliser l’amour plus que tout autre lien humain, y compris l’amitié ?
Une chose est sûre, un parfum de fin du monde flotte sur les rencontres numériques. Un article de Vanity Fair titré « L’apocalypse de la rencontre », en 2015, a ainsi fait le tour de la Toile. Au fond, ce dont on ne se remet peut-être pas, c’est que la drague 2.0 porte un coup fatal au mythe romantique du coup de foudre au premier regard, de la loi du hasard et de l’intuition née d’un unique contact charnel parmi des milliers.
Et l’on imagine que les utilisatrices des applications de rencontre, tout à leurs rêves de paradis sur terre, vivraient un enfer. « On pointe régulièrement les dangers et les pièges de la sexualité en ligne [pour les femmes] : le caractère éphémère des relations est souvent décrit comme un nouveau lieu de domination masculine », souligne Marie Bergström.
C’est oublier que pour certaines, ces sites sont l’occasion de vivre des relations – pourquoi pas sans lendemain – au lieu d’attendre le prince charmant, d’exprimer leurs fantasmes les plus crus à l’abri des regards. Sans avoir à subir le jugement pesant de leur entourage. Ils « facilitent l’accès à la sexualité », soutient Marie Bergström, « en raison de la dissociation relative qu’ils permettent entre pratiques sexuelles et image sociale ».
La preuve que tout n’est pas noir ou blanc. »
Au lieu de défendre le romantisme, les grands sentiments… on a ici quelqu’un s’imaginant de gauche et défendant le cynisme, la consommation, la soumission aux initiatives capitalistes les plus avancées.
C’est très exactement ces gens qui font le triomphe de l’extrême-droite et des religions, qui ont beau jeu d’arriver après comme source de satisfaction pour qui a soif d’idéal, de respect, de pudeur.
C’est ce cela qu’il faut triompher pour faire vaincre la véritable Gauche… celle qui n’existe pas par Facebook, Tinder ou autre moyen capitaliste de faire basculer les gens dans la fuite en avant de la consommation.
Celle qui assume le romantisme, qui justement au contraire de l’article de Regards assume l’intuition, cette attirance naturelle, ces atomes crochus capables d’être vus et assumés justement seulement par qui n’a pas accepté de vendre ses sentiments au capitalisme !