Les libéraux ont compris l’air du temps.
La question animale est brûlante, elle est portée par toute l’époque. Malheureusement, le PS et le PCF n’en ont rien à faire, sans même faire semblant. Europe écologie-Les Verts fait par contre semblant. Et le parti présidentiel, La République En Marche, s’y met aussi. Encore faut-il voir une part de sincérité dans cette tribune parlementaire contre la corrida.
En effet, la question animale est tellement historique qu’elle dynamite les faux-semblants, y compris là où on s’y attend le moins. De ce point de vue, Brigitte Bardot n’est pas une facho, mais une romantique déboussolée qui, au moins, relève d’une certaine dignité du réel.
En tout cas cette tribune est une honte pour la Gauche, qui devrait faire pareil, et même mieux… Beaucoup mieux.
La tribune est parue à l’origine dans le Journal du Dimanche.
« Fin du broyage des poussins et de la castration à vif des porcelets, interdiction des animaux sauvages dans les cirques itinérants et des delphinariums, fin de l’élevage de visons… La question de la condition animale n’a jamais été aussi présente sur la scène politique française et européenne.
Les nombreuses mesures annoncées ces derniers mois par le gouvernement et le Parlement témoignent d’une prise de conscience accrue concernant la protection des animaux, considérés comme des « êtres vivants doués de sensibilité » par le Code civil depuis 2015.
Or, si certaines pratiques vivement décriées mobilisent à juste titre l’attention des représentants politiques, l’abolition de la corrida semble manifestement demeurer un sujet tabou.
Pourtant il n’est pas de démonstration plus évidente de maltraitances exercées sur des animaux que le spectacle donné dans les arènes, mettant en scène la persécution d’un taureau désorienté et sa mise à mort, après capitulation, sans étourdissement préalable.
Pour dénoncer la cruauté de cette pratique, la Fondation Brigitte Bardot a récemment diffusé les images d’une corrida organisée le 14 juillet dans le Gard, au cours de laquelle deux veaux et quatre taureaux ont été tués pour le plaisir des aficionados, parallèlement au lancement d’une campagne d’affichage dans plusieurs villes taurines. Ces images insoutenables parlent d’elles-mêmes et doivent trouver un écho auprès des décideurs politiques.
Depuis plusieurs mois, députés et sénateurs s’impliquent sur la question de la condition animale et oeuvrent pour adapter la législation française aux connaissances scientifiques actuelles et répondre aux attentes sociétales. La proposition de loi visant à renforcer la lutte contre la maltraitance animale adoptée par l’Assemblée nationale en janvier dernier sera débattue au Sénat à la rentrée.
Dans ce contexte de vive considération pour l’animal, il est intolérable que des corridas se déroulent encore en toute impunité dans quelques régions françaises au nom d’une « tradition locale », alors qu’en tout lieu du territoire français, les actes de cruauté envers les animaux sont sanctionnés d’une peine d’emprisonnement et d’une amende par le code pénal.
La corrida est une pratique barbare et n’est pas digne du pays civilisé dont nous sommes les élus. Ces spectacles d’une cruauté sans nom sont en total décalage avec la sensibilité des Français pour les animaux et avec les évolutions éthiques engagées dans notre pays pour rattraper le retard accumulé pendant des années de mépris pour la condition animale.
Les sondages montrent que le rejet des citoyens à l’égard de la corrida est en constante augmentation : selon un sondage réalisé en 2019 par l’Ifop pour la Fondation Brigitte Bardot, 82% des Français estimaient que tout acte de cruauté commis envers un animal devait être condamné sur l’ensemble du territoire français, sans dérogation pour la corrida.
Le Chili, l’Argentine, Cuba et l’Uruguay ont fait le choix d’interdire progressivement cette pratique cruelle qui a désormais totalement disparu sur leurs territoires. En Europe, la Catalogne a eu le courage de voter l’interdiction des corridas en juillet 2010, faisant figure d’exception en Espagne.
La France doit remettre en question ce droit acquis à la souffrance animale, et cesser d’autoriser cette torture d’animaux en public dans certaines de ses régions.
Nous demandons l’interdiction des spectacles mettant en scène la torture et la mise à mort d’animaux, sans aucune exception.
Nous souhaitons donc que soit abrogé l’alinéa 7 de l’article 521-1 du code pénal, qui exclut la répression prévue pour les actes de cruauté et sévices graves lorsque la corrida est pratiquée au nom d’une tradition locale ininterrompue.
Dans l’attente de cette abrogation, nous demandons l’interdiction immédiate de l’accès des mineurs aux arènes, que ce soit en tant que spectateurs ou en tant que participants à une corrida.
Cette mesure de précaution, soutenue par 86% des Français, n’est pas une fin en soi mais doit être adoptée immédiatement, dans l’attente de l’interdiction stricte de ces spectacles sanglants sur l’ensemble du territoire national. »
Les signataires
- Loïc DOMBREVAL, député LREM des Alpes-Maritimes, docteur vétérinaire, président du groupe d’études parlementaire « Condition animale » ;
- Arnaud BAZIN, sénateur LR du Val-d’Oise ; Docteur vétérinaire, Vice-président du groupe d’études parlementaire « Elevage » en charge de la thématique « Animal et Société »;
- Erwan BALANANT, député MoDem du Finistère ;
- Françoise BALLET-BLU, députée LREM de la Vienne ;
- Aurore BERGÉ, députée LREM des Yvelines ;
- Bertrand BOUYX, député LREM du Calvados ;
- Samantha CAZEBONNE, députée LREM des Français établis hors de France ;
- Philippe CHALUMEAU, député LREM d’Indre-et-Loire ;
- Mireille CLAPOT, députée LREM de la Drôme ;
- Fabienne COLBOC, députée LREM d’Indre-et-Loire ;
- Yves DANIEL, député LREM de Loire-Atlantique ;
- Typhanie DEGOIS, députée LREM de Savoie ;
- Eric DIARD, député LR des Bouches-du-Rhône ;
- M’Jid EL GUERRAB, député Agir des Français établis hors de France ;
- Yannick HAURY, député LREM de Loire-Atlantique ;
- Dimitri HOUBRON, député Agir du Nord ;
- Anissa KHEDHER, députée LREM du Rhône ;
- Mohamed LAQHILA, député MoDem des Bouches-du-Rhône ;
- Vincent LEDOUX, député Agir du Nord ;
- Patricia LEMOINE, députée Agir de Seine-et-Marne ;
- Didier MARTIN, député LREM de Côte-d’Or ;
- Marjolaine MEYNIER-MILLEFERT, députée LREM d’Isère ;
- Philippe MICHEL-KLEISBAUER, député MoDem du Var ;
- Jean-Michel MIS, député LREM de la Loire ;
- Éric PAUGET, député LR des Alpes-Maritimes ;
- Anne-Laurence PETEL, députée LREM des Bouches-du-Rhône ;
- Cécile RILHAC, députée LREM du Val-d’Oise ;
- Laëtitia ROMEIRO-DIAS, députée LREM de l’Essonne ;
- Alice THOUROT, députée LREM de la Drôme ;
- Huguette TIEGNA, députée LREM du Lot ;
- Nicole TRISSE, députée LREM de la Moselle ;
- Frédérique TUFFNELL, députée MoDem de Charente-Maritime ;
- Corinne VIGNON, députée LREM de Haute-Garonne ;
- Sylvain WASERMAN, député MoDem du Bas-Rhin ;
- Hélène ZANNIER, députée LREM de la Moselle