C’est une crise dans la crise et les gens le comprennent.
Le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan traumatise les gens et le scénario catastrophe marque d’autant plus que des avions ramènent depuis l’aéroport de Kaboul des ressortissants et des Afghans ayant soutenu les pays occidentaux.
C’est une crise dans la crise et pour les gens c’est d’autant plus incompréhensible que la crise devrait rassembler les pays du monde entier pour aller dans le bon sens. La crise est mondiale et la tendance naturelle, non capitaliste, est à l’unité, au rassemblement pour faire face aux événements.
La prise du pouvoir par les talibans apparaît comme un retour en arrière d’autant plus incompréhensible. Les talibans de retour, c’est le signe qu’on va vers le passé au moment où l’on devrait encore davantage se tourner vers l’avenir.
En fait, quoiqu’on puisse penser de la situation actuelle, il est évident que tout change à grand vitesse, que les mentalités se transforment radicalement, qu’il y a des accélérations subites. La prise du pouvoir par les talibans est peut-être la première grande expérience politique à l’échelle mondiale de la crise.
Il y a eu des émeutes, des protestations, des guerres mêmes depuis l’émergence de la pandémie. Et là il y a un changement de régime, avec un profond changement d’orientation politique, culturelle, sociale, même si l’Afghanistan d’avant les talibans était déjà lamentablement féodal, clanique, patriarcal.
C’est comme si c’était le premier grand événement de la période de crise – et il va dans le mauvais sens. Cela n’est absolument pas rassurant et les gens l’ont compris, à part bien entendu les secteurs musulmans qui, forcément, éprouvent une sympathie obligée, d’une manière ou d’une autre, pour un pays musulman se tournant de manière romantique, complète vers la religion.
C’est là d’ailleurs qu’on voit que, comme il a déjà été dit sur agauche.org, l’Islam est fini. Le romantisme taliban ne va en effet pas bien loin et entre cela et Dubaï, l’Islam n’a plus rien à proposer. L’envergure mondiale, historique, culturelle qu’il proposait durant les années 2000-2010, aussi mensongère qu’elle ait été, avait un impact comme « proposition » à l’humanité : aujourd’hui tout cela n’est plus que vanité.
C’est que dans un monde instable, les gens veulent du sens, ils veulent saisir la signification de ce qui se passe. C’est ainsi le matérialisme qui prédomine, ou bien son inverse l’irrationalisme comme celui des antivax. Mais la religion, c’est dépassé.
Quelle sera la forme que prendra la bataille entre matérialisme et irrationalisme, voilà la véritable question. Et on doit plutôt parler de formes, au pluriel, tellement il y a d’aspects. En ce sens, ce sont les marqueurs qui comptent.
Pour donner un exemple concret, on peut prendre le second tour de la présidentielle entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, en 2017. Quelle était la position matérialiste ? De voter à tout prix contre l’extrême-Droite. C’est la règle, la position raisonnable. Quelle était la position irrationaliste à Gauche ? De dire qu’on s’en moque, que tout le monde se vaut.
Ainsi, en appelant à voter pour Emmanuel Macron car il faut toujours bloquer l’extrême-Droite, un marqueur rationnel a été posé. Inversement, un marqueur irrationnel a été posé lorsque des gens ont dit que Marine Le Pen et Emmanuel Macron se valent.
C’est marqueur contre marqueur, une bataille de positions. Dans un monde toujours plus instable, cela devient littéralement l’aspect principal. Et il ne faut rien céder, absolument rien, quand on est de gauche, à l’irrationalisme de l’extrême-Droite et de l’ultra-gauche.
Ce n’est qu’ainsi que la ligne du maintien de la civilisation, de la culture, peut triompher de la crise en allant vers l’avenir, et non en faisant tourner à l’envers la roue de l’Histoire.