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Anne Hidalgo : de la révolution de palais à Paris à candidate à la présidentielle 2022

Elle n’a rien à voir avec la Gauche historique… Mais elle est haïe par la Droite.

Elle n’a rien à voir avec la Gauche historique… Mais elle est haïe par la Droite.

Anne Hidalgo a une particularité: elle est haïe par la Droite. Il ne s’agit pas d’un simple mépris, d’une dévalorisation et d’une hostilité. Il y a une sorte de haine sourde à son encontre, dans un mélange de patriarcat et littéralement de fanatisme. C’est sans doute le produit de la Droite parisienne, traditionaliste dans son mode de vie et littéralement en guerre contre celle qui représente la bourgeoisie moderne, cosmopolite, branchée.

Car Paris a radicalement changé ces trente dernières années, les bobos prenant largement le dessus en ce qui concerne le style de vie, même l’Ouest parisien ayant en large partie capitulé. Cela enrage d’autant plus les conservateurs classiques nostalgiques d’une Droite classique, corrompue, à l’imagerie populaire comme avec Jacques Chirac. Il faut rappeler ici que ce dernier a été le premier maire de Paris, la capitale étant sous contrôle étatique auparavant à la suite de la Commune de Paris de 1871.

En ce sens, Anne Hidalgo est le symbole d’une révolution de palais, avec un Paris s’embourgeoisant toujours plus (les cadres supérieurs forment le tiers des ménages et ensuite on trouve les retraités). Et elle a beau être d’origine immigrée (elle est née en Espagne), de parents relevant du peuple, elle vit en tant que maire de la capitale dans le faste bourgeois d’une ville incontournable pour la haute bourgeoisie mondiale. Qu’elle soit proche des Qataris suffit à comprendre sa mentalité tout à fait opportuniste.

Elle a, de fait, accompagné, avec son prédécesseur Bertrand Delanoë, la transformation de la capitale française en un mélange de lumpen et de bourgeois aisés, avec une importante disneylandisation de nombreux quartiers.

Cela la rend paradoxalement tout à fait crédible pour se présenter comme une version plus sociale et consensuelle d’Emmanuel Macron, surtout qu’elle peut espérer le soutien d’une partie de la Gauche. Il n’y a de toutes façons pas de programme, une site (idées en commun) étant censé fédérer des contributions. Et, surtout, il y a le soutien ouvert de la direction du Parti socialiste.

Si on ajoute à cela une crédibilité internationale en raison de son poste de maire de Paris, elle a de très nombreuses cartes en main. Même si elle n’est qu’à 7-9% dans les sondages, lorsque sa campagne se mettra en branle, lorsque l’appareil électoral du Parti socialiste va se mettre à tourner, elle va obtenir rapidement une bonne position.

Elle est assez intelligente pour comprendre qu’elle ne doit pas donner une image de parisienne pour autant et a annoncé sa candidature à Rouen. Etant en même temps encore en activité en tant que maire, cela lui empêche également de parler trop vite au sujet de n’importe quoi.

On notera pour l’anecdote qu’au moment des élections municipales de 2020, Anne Hidalgo n’avait pas cessé de souligner qu’elle resterait maire de Paris, qu’elle ne tenterait pas la présidentielle 2022, etc. (par exemple au Figaro en juin 2020: « Je ne cesserai de le répéter : Paris me comble. Je ne serai pas candidate à la présidentielle »).

Anne Hidalgo est donc, pour résumer, la candidate du Paris du Quartier latin, de la Gauche caviar, des élus socialistes. Cela peut tout à fait l’amener à gagner la présidentielle 2022. Pour cela, elle devra donner davantage de gages à la Gauche, et en même temps pas du tout. Beaucoup de choses se jouent ici.