La société française ne peut faire que semblant de changer les choses pour les animaux.
Le Sénat, c’est un peu la voix de la « vieille France », car en pratique c’est le parlement des notables élus locaux, où les forces traditionnelles sont toujours majoritaires. Il n’est donc pas étonnant que sur un sujet aussi actuel et brûlant que la question animale, il ait joué son rôle réactionnaire.
En l’espèce, il y avait une proposition de loi sur la maltraitance animale, votée par l’Assemblée nationale (c’est-à-dire les députés) avec comme mesure phare la fermeture d’ici à 2024 des animaleries. C’est un peu la moindre des choses, car ces lieux sont une barbarie : des animaux isus d’élevages visant le profit (voire de traffics), mal sevrés, stressés, mis en vitrine comme des peluches, puis des achats compulsifs conduisant à une absence de responsabilité et d’engagement réel vis-à-vis des animaux.
Bien souvent, ces animaux finissent délaissés, prisonniers d’une maison ou d’une cage, et dans le pire des cas, ils sont lâchement abandonnés.
La période du confinement a été de ce point de vue une catastrophe. Cet été 2021, la SPA dite de Paris, qui n’est pas le seul réseau de refuges, loin de là, a annoncé avoir recueilli 17 000 animaux. C’est abominable. Mais cela n’empêche pas le Sénat donc, de réviser la proposition de loi en préférant défendre le commerce des animaux, en s’opposant à l’interdiction de la vente d’animaux de compagnie en animalerie.
Le rapporteur LR de la proposition de loi, Anne Chain-Larché, a eu des mots très provocateurs pour dénigrer la protection animale (qui est résumée ici à la seule SPA, preuve qu’elle n’y connaît rien) :
« Nous entendons bien dans chacun de ces amendements la voix de la SPA. Mais je considère que la SPA n’a pas le monopole de la bientraitance. »
C’est que tout cela est bien trop lourd à porter pour une société française refusant de regarder les animaux dans les yeux, s’obstinant à penser qu’ils ne sont que des meubles un peu particuliers.
Quelques sénateurs de gauche ou dit écologistes ont bien sûr exprimé leur opposition, en rappelant quelques vérités.
Mais tout cela ne mène pas bien loin, car il n’y a aucune perspective nouvelle et concrète visant à changer réellement le rapport aux animaux dans notre société. Il ne s’agit pas de faire confiance aux « éleveurs » plutôt qu’aux animaleries-magasins, il faut toute une révolution des mentalités pour que change réellement le sort des animaux.
Cela, pour le vouloir, il faut avoir la culture de la rupture avec un monde superficiel, un monde cynique, un monde du paraître, un monde où l’insensibilité a une grande part. C’est la culture de la Gauche historique.
Le débat parlementaire sur la maltraitance animale n’a d’ailleurs de toute façon pas mené de manière démocratique : il faudrait d’abord à la base une véritable expression de l’opinion public à ce sujet.
Mais pour cela, il faudrait bien sûr qu’il existe une réflexion publique, ce qui n’est pas du tout le cas, loin de là. La France s’imagine un grand pays d’universalité, de culture et de progrès social, mais il a surtout une population à la foi ultra libérale et aux mentalités ringardes dans le rapport à la vie quotidienne.
D’où une situation où rien n’avance pour les animaux, à part en apparence. Et encore, pour les animaux en liberté, il n’y a même pas d’apparence de changement. C’est une catastrophe et il faut changer tout cela, absolument, résolument.