La vraie Gauche doit s’y opposer frontalement.
Le 7 octobre, relate Révolution permanente, le Ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance Bruno Le Maire a choyé les entrepreneurs dans leur rôle dans la crise sanitaire et il a exprimé un grand optimisme :
« Nous avons mis en place tous les instruments nécessaires pour protéger les entrepreneurs français. La France va sortir plus forte de cette crise économique. »
Pourtant, comme le relate l’édition d’Octobre 2021 de la revue pdf Crise, la France n’a pas encore récupéré son niveau économique d’avant-crise. C’est espéré pour la toute fin d’année, et on voit mal comment le capitalisme français va sortir plus fort alors qu’il a reculé pendant une longue période, que le développement s’est enrayé en conséquence, tout en se retrouvant qui plus est avec des dettes littéralement colossales.
La raison de cet optimisme est cependant tout simple : les travailleurs ont continué de dormir, leur niveau de conscience est toujours lamentable. On en est au point où Yves Veyrier, le dirigeant de la CGT-Force Ouvrière, est obligé de se réjouir que le 5 octobre 2021, pour la mobilisation des fonctionnaires, il y a eu :
« plus de deux cents manifestations et, à chaque fois, les adhérents et drapeaux FO étaient là, même quand il a fallu affronter la pluie ».
Affronter la pluie est une gageure, alors affronter les capitalistes, n’en parlons même pas… Surtout qu’on parle en plus de fonctionnaires, ayant un emploi très largement assuré. Le confort petit-bourgeois, même s’il n’est parfois pas si confortable, envoûte les gens.
Reste qu’il y a une seconde étape qui s’ouvre désormais en conséquence : les restructurations. Puisque les travailleurs sont endormis, il y a d’autant plus d’espace pour leur faire payer les pots cassés. Les restructurations vont se multiplier, accélérant les situations de monopoles.
Elles ont lieu partout, avec plus ou moins de réactions des travailleurs. Il y a en ce moment une grève à Albertville (qui en appelle à la direction !) contre une restructuration à la Poste, il y a un plan de restructuration de trois ans chez Renault pour 2022-2024, il y a toute une série sans précédent d’acquisitions dans l’habillement et les chaussures (comme le rachat de Go Sport, de GAP et de 511 magasins Camaïeu par la Financière Immobilière Bordelaise)…
Et cela va être le grand thème de la prochaine présidentielle. Chaque candidat va représenter une forme de restructuration différente. Et il ne faut pas ici sous-estimer le candidat du PCF, Fabien Roussel, car même s’il y a des tensions PCF-CGT, leur ligne est exactement la même, comme en témoigne cette position de la CGT en octobre 2021 expliquant qu’il faut « développer l’industrie » :
« Le progrès social et l’intérêt général doivent guider l’État dans la planification d’un développement industriel qui vise à satisfaire les besoins de la population. Des investissements massifs, publics comme privés, doivent être affectés au développement des capacités productives.
Marie-Claire Cailletaud, co-responsable des questions industrielles au sein de la Confédération, rappelait que « les salariés sont les mieux placés pour dire ce qu’ils peuvent produire et comment ils peuvent le produire ». »
Ce discours est celui du PCF depuis les années 1970, avec le remplacement de la « dictature du prolétariat » par « l’autogestion » permise par la soumission du « capitalisme monopoliste d’État » grâce à des élections et des mobilisations populaires victorieuses. La CGT est l’expression de cette ligne, à moins que cela soit l’inverse et que le PCF soit le bras politique de la CGT, mais cela ne change rien au fond ici.
Ce qui compte, c’est de voir quelle est la position de la Gauche qui est nécessaire. Faut-il proposer une meilleure restructuration, une autre restructuration, pas de restructuration ou bien s’opposer frontalement aux restructurations, car le capitalisme a fait son temps?
Là est la question de fond, celle qui change tout. Parce que soit on aide le capitalisme, soit on ne l’aide pas, soit on cherche à le bousculer, soit on cherche à le faire tomber. Et dans une situation de crise cela se polarise vite en une alternative avec/contre le capitalisme.
Il faut donc suivre les restructurations qui se développent, les interpréter correctement et voir les positions des uns et des autres, qui révéleront dans quel camp ils seront, celui des capitalistes ou celui des travailleurs.