On se croirait en 1914, avec des antagonismes de plus en plus violents et récurrents.
Le gouvernement français a pris des décisions très radicales à l’encontre du Royaume-Uni pour protester sur la question de la pêche dans les eaux anglo-normandes. Une liste de mesures de « rétorsion » a ainsi été annoncée mercredi 28 octobre 2021 dans un communiqué conjoint du ministère français de la Mer et du secrétariat aux Affaires européennes.
Il y est question d’interdire, à partir du 2 novembre, aux navires de pêche britanniques de débarquer dans leurs ports habituels en France. Cette mesure de blocus est un véritable acte de guerre commerciale, typique des relations franco-anglaise depuis des siècles. Il s’agit d’une décision très agressive de la part de la France, qui entend faire plier de force le gouvernement britannique en menaçant son économie.
Cela est d’autant plus agressif que les ministères en question ont annoncé d’autres actions, dans un communiqué hallucinant de par le ton provocateur employé :
C’est un véritable chantage, avec une opération assumée de harcèlement des opérateurs économiques britanniques sur le territoire national et des transporteurs à destination du Royaume-Uni, avec même la menace de couper le courant (les îles anglo-normandes dépendent d’un câble sous-marin les reliant à la France pour la fourniture énergétique). C’est un chantage typique d’une escalade guerrière, du même genre (à une moindre échelle) que ce qui existe en mer de Chine, ou (de manière assez équivalente) les tensions concernant les îles grecques au large de la Turquie.
On notera d’ailleurs que ce chantage français est illégal : l’accord européen concernant le Brexit prévoit un protocole très précis pour ce genre de désaccord, mais n’autorise certainement pas une telle salve de mesures unilatérales.
Les propos tenus par la France sont en tout cas sans équivoque. La secrétaire d’État français aux Affaires européennes, Clément Beaune a dit la chose suivante (et il faut vraiment souligner le caractère belliqueux d’une telle déclaration) :
« Maintenant, il faut parler le langage de la force parce que je crains que, malheureusement, ce gouvernement britannique ne comprenne que cela. »
Cela alors que le gouvernement français s’est vanté dans la journée via un communiqué officiel, largement relayé par la presse, d’avoir forcé le contrôle d’un premier navire britannique, puis ensuite d’avoir dérouté et saisi un chalutier britannique qui n’était pas en règle. Il s’agit d’une simple opération de police maritime, tout à fait anecdotique en pratique. Mais c’est prétexte à faire monter la tension.
La question elle-même de la pêche dans les eaux anglo-normande n’est de toutes façons également qu’un prétexte, d’ailleurs. Cela ne concerne que quelques dizaines de petits bateaux, à l’activité quasi-artisanale.
L’accord du Brexit prévoit une licence pour pêcher dans les eaux territoriales britanniques, avec la fourniture de la preuve que l’activité était déjà exercée à cet endroit depuis des années. C’est le principe du Brexit, de la sortie du marché commun européen : le Royaume-Uni a choisi la voie du nationalisme et entend logiquement avoir la main sur ses eaux territoriales.
En pratique, une grande partie des chalutiers français concernés ont ainsi déjà obtenu leur licence, et pour les autres, les autorités britanniques accusent la France de retenir volontairement les documents demandés, justement pour faire monter la pression.
La France par contre entend en quelque sorte faire « payer » le Royaume-Uni, en mettant la pression sur la question des eaux territoriales anglo-normandes, qui sont plus proches de la France que de l’Angleterre.
Ce qui est certain en tous cas, c’est qu’il y a une opération délibéré en France d’escalade sur la question, comme avec ces propos du porte-parole du gouvernement français :
« Ce que nous constatons aujourd’hui, c’est qu’il manque quasiment 50% des licences auxquelles nous avons droit. C’est une situation qui n’est pas acceptable et je le dis clairement, notre patience atteint ses limites. »
Un tel chiffre de 50 % est invraisemblable, il ne correspond même pas à la situation décrite par la France il y a près d’un mois de cela, alors que de nouvelles licences ont été accordées depuis. L’agressivité française à l’encontre du Royaume-Uni est ici très claire et a comme sens d’aller au conflit.
Cela doit être dénoncé avec la plus grande vigueur par la Gauche française. Le silence à ce sujet serait criminel : l’escalade guerrière est chaque jours plus évidente, la grande bataille pour le repartage du monde est chaque jour plus facile à voir, à sentir, à redouter.
La France n’est pas en reste, d’autant plus qu’il s’agit d’une puissance secondaire dans le monde, mais s’imaginant encore bien plus grande qu’elle ne l’est. C’est typiquement ce genre de pays qui permet le déclenchement des guerres, à force d’agressivité, à force d’actes d’hostilités, qui sont pour eux le seul moyen d’exister.
La ministre de la Mer, Annick Girardin, a beau se défendre en disant « ce n’est pas la guerre, c’est un combat ». En pratique, le mot guerre est prononcé, et c’est bien d’une escalade de type militariste dont il s’agit.
Bien entendu, il ne s’agit pas de prétendre que la question se pose, directement et immédiatement en 2021, d’une guerre entre la France et le Royaume-Uni. Mais il se dessine par contre, de manière concrète et actuelle, une tendance générale à la guerre, dont la France est largement partie prenante. Cet épisode anti-britannique en est une manifestation très claire, reflet d’une guerre larvée, prélude au conflit armé.