La banalisation du massacre reflète notre époque.
Le capitalisme, c’est la compétition et la vision de la Nature qui en découle reflète cela. Mais le capitalisme en crise, c’est la compétition pour le repartage du monde et ce qui en découle, c’est la banalisation de la destruction de l’ennemi.
Cela se produit insidieusement, dans la négation de l’empathie. Pour preuve, cet article du Parisien où l’on trouve des propos terrifiants, balancés juste en passant. L’article s’intitule « Écolo et efficace : Toulouse teste l’utilisation de furets pour chasser les rats » et on y lit donc :
Dans une zone bien délimitée, des filets avaient ainsi été installés sur les galeries et la furette a été introduite dans l’une d’elles.
En quinze minutes, elle a délogé les rongeurs qui se sont retrouvés coincés dans les filets. Ils ont ensuite été placés dans une boîte noire, pour éviter le stress, avant d’être euthanasiés doucement avec du gaz carbonique.
Comment ne pas penser, immédiatement, aux meurtres nazis où l’on procédait par tromperie pour mettre les gens dans des pièces pour les gazer? Et comment la personne ayant écrit ces lignes peut-elle penser qu’on est « euthanasié » doucement en étant asphyxié ?
Ce n’est d’ailleurs pas une « euthanasie », les rats n’étant pas malades de manière incurable et en souffrance. Mais tout cela apparaît inévitablement comme trop subtile à une époque où les problèmes doivent être liquidés, où tout doit céder le passage à… on ne sait trop quoi, mais en tout cas c’est la destruction.
Car, de toutes façons, ces rats qu’on cherche à repousser, ils ne tombent pas du ciel, pas plus que la pandémie avec le COVID-19. L’être humain refaçonne tout ce qu’il touche, il joue les apprentis-sorciers, tout lui pète à la figure et sa réaction, c’est : la Nature est méchante, elle refuse de se plier à mes désirs, je vais encore plus lui faire la guerre.
C’est d’autant plus vrai que le capitalisme propose une multitude de solutions fictives aux problèmes. On trouve le meurtre des animaux horribles ? Pas de soucis, contente toi d’aller manger végétalien au restaurant. En panne dans sa vie privée ? Invente toi une vie en regardant des séries. Mal dans sa peau ? Voici des anxiolytiques et des antidépresseurs. Mal à l’aise dans son corps ? « Change » de sexe. Envie de succès facile ? Pose sur instagram et va à Dubai. Etc., etc., etc., jusqu’à la nausée.
Ce qui est frappant, et terriblement révélateur, c’est que toutes ces postures individualistes s’accompagne toujours d’un dédain pour les animaux. Les fuites proposées par le capitalisme sont toujours « culturelles » au sens de consommateur, et ainsi toujours anti-naturelles. Partant de là, les animaux sont invisibles.
Et, pourtant, la question animale est une clef pour appréhender la vision du monde des gens. Qui veut la guerre ne se préoccupe pas des animaux, qui se préoccupe des animaux ne veut pas la guerre. C’est une question de priorités.
En ce sens, Eric Zemmour a du succès et correspond à l’époque, car lui sait être le méchant complet, alors que ceux qui veulent être bons n’y parviennent pas. S’il continue d’avancer et d’avoir du succès, le reproche à faire à ceux qui tombent du ciel sera facile à faire : Eric Zemmour n’a jamais aidé un refuge pour animaux, et toi non plus.
Le rapport est évident et si la personne interpellé ne le voit pas, c’est qu’elle n’a pas compris la bataille des valeurs de toute une époque.