Il représente l’aspect principal du problème et donc de la solution.
En l’espace de quelques semaines, Eric Zemmour a été propulsé sur le devant de la scène politique. Il dispose de cadres et de soutiens financiers, il a des appuis politiques et l’aval de la haute bourgeoisie. Son émergence est la même qu’Emmanuel Macron, mais cette fois pas au service du libéralisme moderniste : c’est cette fois du nationalisme et du militarisme qu’il s’agit.
C’est tout aussi artificiel. Mais ce ne sont pas les mêmes catégories sociales qui en sont la source. Et force est de constater qu’Eric Zemmour a réussi à largement affaiblir Marine Le Pen, ce qui est une nouveauté d’une haute signification, puisque c’est elle qui représentait l’extrême-Droite jusqu’à présent. C’est dire si tout a changé.
Avant, Marine Le Pen était un vecteur. Désormais, il y a Eric Zemmour, qui doit être un outil. Il ne s’agit plus de faire un contre-poids nationaliste et militariste. Il s’agit d’avancer en mode rouleau compresseur. Et cela marche.
En quelques semaines, on a assisté à une réorganisation générale de la Droite nationaliste, avec une recomposition générale, l’émergence de cadres et surtout – surtout – la mise en place d’une ligne. C’est toujours la ligne qui décide de tout. Et là, l’aspect principal de la crise, dans son expression politique du côté de la haute bourgeoisie, c’est Eric Zemmour.
Son « Z » est le symbole d’une nouvelle mythologie, d’une nouvelle rhétorique, d’une orientation nationaliste ouvertement tournée vers le militarisme.
Et dans une France glauque, avec des gens dépolitisés, aliénés par le travail, exploités par le capital, le capitalisme régnant en maître, Eric Zemmour est le nouveau panorama, l’actualité – événement, le moyen d’occuper les esprits, d’encore plus les réduire, les assécher, les éteindre… et même, par la suite, de les mobiliser.
Cela ne veut pas dire que Marine Le Pen ne soit plus une menace. Son influence dans le milieu ouvrier est énorme. Mais Marine Le Pen a justement eu un tel succès populaire que cela ne permettait plus à la Droite nationaliste proposer une stratégie. L’enfermement mental des ouvriers était si réussi qu’il était impossible d’en sortir sans remettre tout en cause.
Eric Zemmour est lui un levier pour aller de l’avant, avoir une démarche offensive. Les ouvriers endormis par Marine Le Pen, la haute bourgeoisie peut passer à l’offensive avec la crise, tandis que les libéraux modernistes espèrent maintenir leur place… si la crise ne s’exprime pas trop, si la tendance à la guerre ne s’impose pas trop rapidement.
Eric Zemmour est ainsi l’aspect principal de la question, il est le fil qui, une fois tiré, tire tout le reste. C’est vrai pour la haute bourgeoisie, cela doit être vrai pour la Gauche. Malheureusement, envoûté par le capitalisme, même à gauche les gens ont une mentalité petite-bourgeoise, ils ne sont pas en mesure de saisir la menace.
C’est donc un processus prolongé qui s’ouvre, de prise de conscience à travers de profondes remises en causes. L’Histoire se met en branle, les choses sérieuses commencent – comme avant 1914, comme avant 1939.