La confrontation englobera toute la région.
Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a expliqué le 29 novembre 2021 qu’il n’était pas au courant d’une opération russe de l’invasion de l’Ukraine et que, s’il y avait un plan en ce sens, il serait au courant. Puis il a expliqué que si l’ouest provoquait une guerre à la frontière occidentale de la Russie, la Biélorussie ne resterait pas passive, et il était tout à fait clair quant au camp qu’elle choisirait. Ces propos ont été tenus alors qu’il était en uniforme militaire dans le cadre d’une rencontre avec les plus hauts représentants de l’armée.
Ont en même temps été annoncé des manoeuvres militaires Biélorussie-Russie à la frontière avec l’Ukraine.
C’est là bien entendu une contribution puissante à la tendance à la guerre. Et c’est aussi une réponse à l’OTAN. L’élargissement de l’OTAN vise en effet directement à asphyxier la Biélorussie et la Russie. Et Alexandre Loukachenko a raison de dire que s’il y a une guerre régionale, alors l’Union Européenne perdra sa substance en étant amené à s’aligner sur l’OTAN sous l’impulsion américaine.
La superpuissance américaine et la Grande-Bretagne poussent l’Ukraine à la guerre de manière littéralement fantasmatique. Et cela marche, de par la base nationaliste agressive du régime ukrainien. Ainsi, l’Ukraine bombarde comme jamais les territoires séparatistes en ce moment.
Et le président ukrainien Volodymyr Zelensky a joué avec le feu. Le 26 novembre 2021, il répondait à « trente questions pour le président », une émission durant cinq heures. Et comme en passant, il a expliqué qu’un coup d’Etat était prévu le premier décembre. Il en a profité pour accuser un oligarque historiquement proche de la Russie, Rinat Akhmetov, de relever d’une guerre contre l’Ukraine.
Cela a provoqué un gigantesque scandale en Ukraine, alors qu’en plus les médias ayant eu accès à l’émission étaient restreints. Et au milieu de tout cela, le président ukrainien a limogé le 29 novembre 2021, Alexander Rusnak, le chef du département de contre-espionnage des services secrets ukrainiens, le SBU. Autant dire que cela ajoute de l’huile sur le feu d’une ambiance ukrainienne explosive.
Pour ajouter dans le délire, il y a des fous furieux cherchant à se rendre « intéressant ». Il y a les nationalistes qui mènent des opérations incessantes ces derniers jours (destruction filmée d’une stèle en l’honneur de combattants face à l’invasion nazie, attaque d’un bar gay, etc.). Il y a un ancien ministre ukrainien des affaires étrangères, Vladimir Ohrzyko, qui explique que l’Ukraine est préparée à attaquer la Russie à coup de missiles sur des villes et des centrales nucléaires. On a un journaliste ukrainien, Iouri Boutoussov, qui se filme en tenue de soldat en train d’utiliser un obusier pour tirer sur les territoires séparatistes, afin de « venger les morts de l’holodomor » (suivant la théorie que les Russes auraient voulu pendant cent ans génocider les ukrainiens).
Du côté russe, on n’est pas en reste. Il semble que des troupes spéciales aéroportées soient en place et actives dans les territoires séparatistes. Leur rôle est de procéder comme sapeur pour préparer le terrain en cas d’offensive russe. Difficile d’en savoir plus car il existe une mission de l’OSCE afin de procéder à des inspections, mais leur accès aux deux parties est de plus en plus difficile voire impossible ces derniers jours. Il y a d’ailleurs un avion ayant survolé le Donbass… ce qui est normalement interdit. On ne sait pas à quel camp il appartient, les deux camps accusant l’autre.
Il y a également la zone frontalière de la Russie avec l’Ukraine passée sous la coupe des militaires ; elle est fermée à part pour les habitants qui doivent passer des checkpoints. Et l’armée procède encore et encore à l’envoi de matériel à l’ouest. Il y a l’annonce subite le 30 novembre 2021 d’un entraînement de 10 000 soldats à côté de l’Ukraine… Avec également, le même jour l’annonce d’une réunion le soir même du président russe Vladimir Poutine avec les plus hauts responsables militaires et ceux des services secrets.
Il a même attendu une éventuelle prise de parole de Vladimir Poutine à minuit! C’est dire à quel point l’atmosphère est irrespirable, alors qu’en plus ces derniers jours les hauts responsables russes ne cessent de dire que l’Ukraine va tenter une provocation. Ce qui est largement possible, alors que son économie s’effondre littéralement et qu’il y a pénurie de gaz et de charbon…
L’OTAN s’est également réuni le 30 novembre 2021, pour évoquer les sanctions à prendre en cas d’offensive russe. Bref, c’est comme si tout semblait prêt au grand jeu de massacre. Sur le dos principalement du peuple ukrainien, voire de la nation ukrainienne qui risque de se faire dépecer.