Comment interpréter ce changement de lieu ?
Le meeting du 5 décembre 2021 est très important pour Eric Zemmour. C’est le premier depuis qu’il s’est déclaré candidat et il va falloir qu’il abatte ses cartes, qu’il présente des soutiens ayant un certain poids. Et il va falloir qu’il fonde un mouvement politique, ce qui est bien entendu une terrible menace d’extrême-Droite de plus. C’est d’ailleurs l’aspect principal de la question.
Cela va en effet jouer sur tous les mois qui suivent, avec le risque d’être un mouvement de masse. D’ailleurs, Eric Zemmour a modifié le lieu du meeting. Initialement, cela devait être au Zénith de Paris, qui a 6 000 places. Mais devant l’affluence de demandes, le meeting est déplacé au parc des expositions de Villepinte, non loin de l’aéroport Charles-de-Gaulle.
Est loué le hall 6, d’environ 45 000 m2 et accueillant 20 000 personnes. C’est là quelque chose de terrible, bien entendu. Car même si Eric Zemmour ne gagne pas la présidentielle, il joue un très grand rôle dans la réorganisation de la Droite, avec l’établissement de troupes de choc prêts à la confrontation.
On notera ici que ce déplacement est interprété différemment par le porte-parole de la Jeune Garde, structure qui appelle à une manifestation de protestation contre le meeting, avec deux structures syndicales : la CGT Paris et Solidaires.
Il va de soi que s’il y a plus de 6 000 personnes à Villepinte, cette argumentation tombe à l’eau. Mais là n’est pas la question : ce qui compte, c’est de voir quelle est la nature d’Eric Zemmour. Faut-il le considérer comme une fin en soi ou comme un outil pour le Fascisme comme tendance historique?
Eric Zemmour fait-il des choix lui-même? Ou bien est-il porté par une tendance historique?
C’est le grand problème de la personnalisation. Il est vrai qu’Eric Zemmour en rajoute à ce niveau. Comme avant lui Donald Trump, ou comme toutes les figures populistes, nationalistes, en appelant à l’irrationnel. Seulement, c’est un piège dans lequel il ne faut justement pas tomber.
Car le fascisme est une tendance, qui transcende les individus qui sont à son service. Il suffit de se rappeler du parcours originel d’Adolf Hitler, un simple soldat, de Benito Mussolini, un cadre socialiste, ou bien d’Oswald Mosley, un député. Eric Zemmour était quant à lui initialement un journaliste besogneux, qui encore il y a quelques années n’aurait même pas imaginé son parcours actuel. Tous ces gens n’ont pas choisi. Ils sont devenus des outils.
Dans quelle mesure sont-ils des outils, c’est là la vraie question. Et en fondant un mouvement organisé de « droite dure », sur une base nationaliste, Eric Zemmour joue ici un rôle éminent. C’est cela qu’il faut bien voir, en portant un regard profond, allant au-delà des apparences trompeuses.