La vie telle qu’on la connaît est suspendue par les puissants.
Ce 7 décembre 2021 a lieu un entretien téléphonique entre le président américain Joe Biden et le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier va lui dire que l’entrée dans l’OTAN de l’Ukraine est une ligne rouge, que la Russie ne peut pas accepter des bases militaires de l’OTAN et des missiles à sa frontière. L’Ukraine doit être neutre et d’ailleurs fédérale afin d’assurer un équilibre minimal entre les pro-européens et les pro-russes. C’est un gage de paix, mais c’est aussi une entourloupe pour tenter de resatelliser l’Ukraine.
Joe Biden va lui répondre que l’Ukraine est un pays souverain, que si ce pays veut se tourner vers l’OTAN c’est son droit, comme l’ont fait les pays baltes, la Roumanie, la Pologne, la Slovaquie, la République tchèque, la Hongrie, la Bulgarie. Aucune garantie ne peut être donné pour l’avenir et, d’ailleurs, Joe Biden a dit il y a deux jours qu’il ne reconnaissait aucune « ligne rouge ».
En pratique c’est l’expansion de la superpuissance américaine qui ne voit aucune raison de reculer, puisqu’elle ne risque rien, qu’en cas d’affrontement il resterait bien au pire un bout d’Ukraine à satelliser, et au mieux la Russie se heurte à une série de problèmes.
Tel est le jeu cynique des puissants aux dépens de la paix en Europe et avant tout de la nation ukrainienne qui risque bien d’être dépecée. Le président biélorusse Loukashenko a d’ailleurs annoncé la couleur le 6 décembre 2021 en disant que :
« Les plans de l’OTAN dans la région sont inacceptables à la fois pour la Russie et le Belarus. Donc, il y aura beaucoup de changements ce mois-ci. Nous verrons un résultat de la Mer Noire à la Baltique. Il y aura également de grands résultats après le nouvel an. »
C’est qu’il est une chose qu’il faut bien comprendre : la crise change tout. La pandémie a précipité la crise du capitalisme, finie la croissance commencée à la chute du mur de Berlin, avec l’intégration de l’Est de l’Europe, avec la Chine devenant l’usine bon marché du monde. Cela a été une croissance formidable d’ailleurs, améliorant incroyablement le niveau de vie, mais provoquant des choses incroyables, tel le réchauffement climatique, une condition animale dantesque, des pollutions chimico-industriels monstrueuses, une aliénation immense, une exploitation au travail incroyablement renforcée aboutissant à des crises nerveuses sans pareil.
Les gens pètent un plomb dans un tel système qui, à bout de souffle, va à la guerre, car pour obtenir une expansion, il faut conquérir de nouveaux espaces, dans la mesure où la pression capitaliste sur les travailleurs ne suffit pas et qu’on a beau développer des choses absurdes comme les LGBT ou l’art contemporain, il n’y a pas assez de nouveaux marchés qui s’ouvrent.
L’appel téléphonique Joe Biden – Vladimir Poutine, avec les deux ne faisant même pas l’effort de se rencontrer, est donc d’une importance historique. Ses conséquences peuvent être immenses et s’annoncent immenses. Il faut se rappeler qu’il n’y a pas eu de conflit majeur impliquant deux pays dans leur ensemble, sur un vaste territoire, littéralement depuis la guerre du Golfe en 1991. Alors, là, en Europe même, qu’en résulterait-il ? Un effondrement des bourses, une panique des entrepreneurs, une angoisse des populations, un désarroi de nations entières comme l’Ukraine et ses voisins.
Et une fois qu’une telle entreprise a été réalisée, on peut encore plus aisément recommencer, on aurait alors encore plus de pression militaire, belliciste, à Taiwan avec la Chine, en Arménie avec l’Azerbaïdjan, sans parler des conflits Grèce-Turquie, Serbie-Kosovo, Maroc-Algérie… des troubles très graves en Bosnie, des instabilités dans nombre de pays africains… et la liste est très longue encore.
L’appel téléphonique Biden-Poutine est peut-être un tournant historique ; dans quelques années, on dira : c’est là que le drame a commencé, que la crise a basculé dans une troisième guerre mondiale au long cours, avec comme point culminant la bataille sino-américaine.
C’est de cela dont on parle. Et les masses sont totalement endormies, sans conscience du cauchemar qu’elles sont en train de vivre !