Le lancement du télescope spatial James Webb est l’aboutissement d’une collaboration entre la NASA, l’Agence Spatiale Européenne et l’Agence Spatiale Canadienne.
Après vingt années de mise au point et quelques semaines de report, le télescope spatial James-Webb (JWST) sera lancé aux alentours de 13h20 heure française ce vendredi 24 décembre. Si l’opération est un succès, ce télescope va permettre à l’humanité de voir plus loin dans l’univers, donc dans le temps et surtout de trouver des exoplanètes dans d’autres galaxies et peut-être la vie.
Pour voir plus loin dans l’univers, il utilisera la méthode infrarouge et est jusqu’à cent fois plus puissant que son prédécesseur Hubble. Mais pour être complètement opérationnel, il va devoir être envoyé à une distance de 1,5 millions de kilomètres de la Terre. C’est qu’avec la méthode infrarouge, la structure du télescope ne doit pas dépasser – 200°C, il doit donc être suffisamment loin du soleil. Aussi, il est constitué d’un bouclier thermique de 22 mètres de long et 10 de large pour protéger son miroir de 6,5 m² recouvert d’or.
C’est un voyage de près de trois mois qui attends le JWST si le lancement se passe bien. Au cours de ce voyage, il faudra déployer le bouclier thermique, ce qui est une manœuvre jamais réalisée dans l’espace. En effet, faire jouer des mécanismes est très hasardeux compte tenu des conditions extrêmes.
Ce n’est donc pas le jour du réveillon que l’on saura si l’expérience a été fructueuse. C’est même seulement après environ six mois que les premières découvertes du télescope pourront nous parvenir. Six mois finalement, ce n’est pas grand-chose compte tenu du gigantesque bond en avant dans la connaissance spatiale que le JWST devrait apporter.
Son acuité permettra d’observer des planètes jusque dans des galaxies vieilles de 13,5 milliards d’années lumière et une de ses missions principales sera d’analyser les exoplanètes et trouver lesquelles sont propices à la vie. Les exoplanètes, c’est le nom de planètes qui se trouvent en dehors du système solaire.
Pour cela le télescope est doté d’une technologie permettant de déterminer si l’exoplanète a une atmosphère et si oui, comment elle se compose. Dans le futur, il s’agira de choisir laquelle est la plus à même d’abriter la vie pour monter une mission, d’exploration cette fois.
On est ici dans une épopée qui dépasse l’intérêt immédiat, car devra se décliner sur au moins trois générations.
Le problème, c’est que dans le capitalisme, une telle prouesse humaine a également une double fonction rétrograde. La volonté de découvrir des exoplanètes habitables et propices à la vie sert parfois de caution idéologique à continuer la destruction écologique sur Terre. Détruisons tout, on trouvera bien une autre planète pour y vivre (et recommencer).
Et, surtout, les progrès technologiques visent à irriguer le développement technique de la production et de la consommation capitalistes. S’il y a un aspect science pour la science qui existe subjectivement, objectivement les grands projets s’insèrent toujours dans une mise en perspective utilitariste, commerciale, stratégique. La NASA se veut par exemple entièrement non militaire, mais en pratique elle sert directement l’armée américaine. Les bases technologiques de la navette spatiale sont ainsi passées dans les mains de l’US Air Force pour des vols secrets entièrement robotisés.
Paradoxalement et de manière contradictoire, cette affirmation spatiale correspond aussi a un besoin de l’Humanité toute entière, qui est fascinée par le cosmos, les voyages spatiaux, la découverte de l’univers. Le sens historique du lancement du télescope spatial James-Webb, c’est en ce sens celui du besoin d’une humanité conscientisée, pacifiée et unifiée afin d’assumer les enjeux de compréhension du Cosmos. Du point de vue de l’humanité, on voit à quel point la société, qu’elle le veuille ou non, marche vers le socialisme.
En attendant, tout cela est déformé, martyrisé, retourné en son contraire, par un capitalisme qui a fait son temps.