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Guerre

Eric Zemmour en visite de Noël sur une base militaire

Nationalisme et militarisme vont de pair.

Nationalisme et militarisme vont de pair.

La veille du réveillon de Noël, Eric Zemmour s’est rendu sur une base militaire, en Côte d’Ivoire. Surtout, il l’a fait savoir. Contrairement à l’usage, qui est que les candidats à la présidentielle (et les personnalités politiques en général) peuvent visiter les armées, mais doivent le faire en toute discrétion, Eric Zemour lui a publié des photos et a saisi cette occasion pour diffuser un message destiné aux militaires.

Le message, d’un lyrisme guerrier ridicule pour quelqu’un de gauche, mais faisant mouche pour les gens de droite à qui il est adressé, est évidemment une ode à l’armée française et un appel à la renforcer. Son positionnement est ainsi clairement celui des fractions les plus agressives de la bourgeoisie française, appelant à un renforcement de l’impérialisme français sur le mode du cavalier seul, avec justement son armée comme moyen de peser internationalement.

Eric Zemmour et son directeur de campagne le général Bertrand de la Chesnais

Ses propos phares vont dans le sens du bellicisme, pour lancer la France encore plus en avant dans la bataille pour le repartage du monde :

« J’accorderai une attention particulière aux moyens qui seront alloués à notre défense et à nos armées, ainsi qu’à leur déploiement, afin de porter avec force notre indépendance qui redeviendra notre fierté. »

« La France « fut faite à coup d’épée », disait le général De Gaulle [sic, car Eric Zemmour fait une faute, il ne sait apparemment pas que c’est « de Gaulle » et pas « De Gaulle » ]. La France prendra soin de son épée ! »

Eric Zemmour a donc choisi une base militaire à l’étranger, d’abord pour se donner une posture de chef d’État allant sur un « théâtre d’opération », mais aussi pour bien marquer sa politique d’appui à la France en verve impérialiste, avec la diffusion de son armée dans le monde parallèlement à la superpuissance américaine.

Remarquons toutefois ici qu’en pratique, Eric Zemmour n’était pas du tout sur un théâtre d’opération, mais dans une base bien tranquille d’Abidjan, une grande métropole africaine très stable. Il ment ainsi éhontément en prétendant être « auprès des soldats engagés dans l’opération BARKHANE », alors que les forces françaises de Côte d’Ivoire du camp de Port-Bouët ne font pas partie de l’opération Barkhane, mais lui servent éventuellement d’appui logistique, voire de renfort en cas exceptionnel, mais au même titre que n’importe quelle autre base.

Ce n’est toutefois pas là l’essentiel. Ce qui compte, c’est qu’Eric Zemmour a été accueilli et pris en photos avec des militaires, et qu’il leur a rendu visite avec son directeur de campagne Bertrand de la Chesnais, qui est ancien général de l’Armée de Terre, lui-même considéré comme étant proche du nationaliste-conservateur Philippe de Villiers.

De son côté, l’Armée, comme institution, n’a pas condamné la petite opération d’Eric Zemmour de se montrer auprès de militaires et de communiquer là-dessus. Il n’y a que du côté du gouvernement, c’est-à-dire des civils, et en l’occurrence du porte-parole du ministère des Armées, qu’il y a eu une réaction. Ce dernier a bien sûr condamné le « coup » politique d’Eric Zemmour, rompant avec l’usage de la discrétion et de la « neutralité ».

C’est qu’Eric Zemmour assume tout à fait une ligne de Droite dure, agressive, qui n’hésitera pas à s’appuyer sur l’armée, à la déployer, dans le cadre d’un nationalisme français excité par le contexte de crise internationale.