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La négociation américano-russe du 10 janvier 2022

Les puissances campent sur leur position.

Les puissances campent sur leur position.

Dans la matinée du 10 janvier 2022, Jens Stoltenberg, à la tête de l’OTAN, a expliqué que l’OTAN continuerait d’accepter de nouveaux membres. Comme on sait que la principale revendication russe est que l’Ukraine et la Géorgie ne rentrent pas dans l’OTAN, on voit que la contradiction est antagonique.

Cette déclaration se faisait dans le cadre de la réunion extraordinaire de la Commission OTAN-Ukraine, avec la ministre ukrainienne de l’intégration européenne et euro-atlantique Olga Stefanishyna, ce qui est une manière pour l’OTAN d’exercer une pression maximale.

Car dans la foulée se tenait la réunion américano-russe à Genève entre le Vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Ryabkov et la Secrétaire d’État adjointe des États-Unis Wendy R. Sherman.

Elle n’a rien donné. D’ailleurs, les huit heures de rencontre ont été par la suite présentées comme des « discussions » et non comme des « négociations ». Et chaque représentant, accompagné d’une grosse équipe lors de la rencontre, a en fait réalisé séparément une conférence de presse. Naturellement, chaque camp se présente sous son meilleur jour. La superpuissance américaine explique qu’elle veut la paix et la sécurité en Europe, qu’elle est prête à négocier avec la Russie. Cette dernière insiste sur le fait qu’elle ne compte pas du tout envahir l’Ukraine.

Ce qui n’empêche pas le bellicisme de continuer à l’arrière-plan, bien entendu. Aux États-Unis on vient d’apprendre que début décembre 2021 le président Joe Biden avait décidé d’un pack supplémentaire de 200 millions de dollars pour l’Ukraine, sans que cela ait alors été rendu public. Quant à la Russie, elle continue de mobiliser son armée vers l’Ukraine, avec même pour la première fois depuis 1944 un décalage vers l’Ouest des troupes les plus éloignées tout à l’Est.

Dans ce contexte, les deux pays européens ayant le plus à perdre d’un affrontement en Ukraine ont pris l’initiative aussi, puisque, le même jour, se sont rendus en Ukraine le conseiller en politique étrangère du chancelier allemand Olaf Scholz et le conseiller diplomatique du président français Emmanuel Macron, pour une réunion à haut niveau avec le régime ukrainien.

Le Danemark a de son côté annoncé envoyer quatre avions de chasse et une frégate dans la Baltique pour renforcer l’OTAN, alors que le chef d’État-major suédois Michael Claesson a expliqué que la situation était « extraordinairement sérieuse » et qu’il n’excluait pas… une action militaire russe contre la Suède.

Voici d’ailleurs une carte montrant les trajets d’avions-espions suédois (en jaune) et américains (les autres couleurs), les cercles indiquant la portée maximale des appareils d’espionnage.

Kaliningrad est une semi-enclave russe à côté de la Pologne et de la Lituanie.

Du point de vue de la très grande majorité des analystes et des observateurs occidentaux, il est absolument clair que l’on va au conflit militaire en Ukraine. Cela tranche avec les médias occidentaux (et même ukrainien) qui n’abordent pas la question, ou bien simplement pour présenter un risque très présent, sans évidemment en affirmer l’envergure.

C’est inévitable : personne ne partant d’un point de vue intérieur au capitalisme ne peut comprendre que ce sont toutes les relations internationales qui se dissolvent en raison de la bataille pour le repartage du monde. Et comme il y a encore des négociations le 12 et le 13 entre la Russie avec l’OTAN et l’OSCE, c’est autant de gagné comme période de « paix » avant le déluge.

Il sera important de revenir sur ce moment historique a posteriori, pour étudier les non-dits, la mauvaise foi, la croyance en la « paix » capitaliste, le déni face à la crise, etc !

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