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Ukraine : un 14 janvier 2022 mouvementé

Dans le prolongement de l’échec des négociations américano-russes.

Dans le prolongement de l’échec des négociations américano-russes.

L’échec des négociations des 10-13 janvier 2022 se prolonge de manière naturelle dans l’escalade. Le 14 janvier 2022, 15 sites gouvernementaux ukrainiens se sont fait hackés, dont le ministère des affaires étrangères. Le texte en ukrainien, en russe et en (très mauvais) polonais insulte l’Ukraine et dit qu’elle ne devrait pas exister, que les Ukrainiens doivent s’attendre au pire, que leurs données personnelles ont été récupérées.

L’image est géolocalisée à Varsovie, comme pour laisser penser que l’action a été menée par des nationalistes polonais ( » Ukrainiens, prenez peur et préparez-vous au pire. Toutes informations vous concernant sont devenues publiques, ayez peur et attendez-vous au pire. Ceci est pour vous pour votre passé, présent et futur. Pour la Volhynie, pour l’OUN-UPA pour la Galicie, pour la Polésie et pour les terres historiques »).

L’Ukraine a accusé la Russie d’avoir mené l’opération et l’OTAN a immédiatement annoncé qu’elle allait établir un partenariat « cyber » avec l’Ukraine.

On notera que le même jour, la Pologne a connu une opération bien plus poussée avec le vol… de 1,8 million de données sur l’armée polonaise.

L’image laissée sur les sites gouvernementaux ukrainiens hackés

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a également tenu une conférence de presse le 14 janvier 2022, où il a expliqué que la patience de la Russie était à bout, que l’occident était allé trop loin, que la présence d’une alliance aux frontières russes était inacceptable. Il a souligné aussi l’absence des pays européens dans la situation actuelle :

« Je ne sais même pas comment l’Union européenne voit sa participation aux négociations sur la sécurité. Vous voulez savoir s’il est possible d’établir une sorte de canal avec l’Union européenne sur les questions de sécurité, un canal séparé des États-Unis et de l’Otan ? Franchement, je ne sais pas.

Ce n’est pas que nous ne le voulons pas, mais nous regrettons que l’UE elle-même ait détruit tous les mécanismes de sécurité il y a 7 ans et demi. Maintenant nous sommes tournés vers les États-Unis et l’Otan. Avec l’Otan, au moins nous avons encore sur papier la structure du Conseil Otan-Russie. »

La ministère allemande des affaires étrangères Annalena Baerbock a justement annoncé de son côté qu’elle irait à Moscou le 18 janvier ; elle est membre des Verts, un parti en Allemagne qui sert ouvertement de porte-parole à la superpuissance américaine et à l’OTAN, en mode moderniste – turbocapitaliste. Elle n’a eu de cesse de dénoncer le gazoduc Nordstream 2. Inversement, le chancelier Olaf Scholz fait partie d’un parti, les socialistes du SPD, totalement favorable au gazoduc. L’ancien chancelier et dirigeant du SPD Gerhard Schröder est notamment au conseil de surveillance de Gazprom.

Les initiatives suédoise et finlandaise du 14 janvier 2022 sont également notables, puisqu’on parle de deux pays dont l’OTAN a récemment dit qu’il serait très facile de les intégrer. La Suède a fait parader des soldats lourdement armés et des blindés dans la petite ville de Visby dans l’île de Gotland, qu’elle considère comme une cible potentielle de la Russie, alors qu’inversement de ce bellicisme le ministère finlandais des affaires étrangères, Pekka Haavisto, s’est empressé de souligner que la Finlande ne comptait pas rejoindre l’OTAN.

Les États-Unis de leur côté ont accusé a Russie d’avoir envoyé un commando pour mener une opération contre les troupes russes elles-mêmes pour servir de provocation comme prétexte à une offensive en Ukraine. Les États-Unis ont également parlé d’une réponse « décisive » si la Russie met en place des missiles en Amérique latine.

Le ministre français des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a annoncé qu’il se rendrait avec des homologues européens sur la ligne de front au Donbass début février.

Quant au président ukrainien Volodymyr Zelensky, il a proposé une rencontre à trois avec le président américain Joe Biden et le président russe Vladimir Poutine.

Il faut également noter que la presse internationale accorde une certaine importance à la question ukrainienne, avec évidemment dans les pays occidentaux une prise de partie unilatérale pour la superpuissance américaine et l’OTAN, comme dans le tchat du Monde du 14 janvier. L’OTAN ce serait une force défensive, l’occident serait démocratique et ne penserait qu’à la paix, etc.

C’est l’établissement d’un bloc occidental unifié et il faut noter ici que cela passe comme une lettre à la poste. Les gens sont prisonniers du capitalisme au quotidien et on comprend qu’ils ne puissent rien voir. Mais normalement il y a en France de nombreuses personnes de gauche, qui devraient s’indigner que la France s’embarque ouvertement dans l’OTAN, s’aligne sur la superpuissance américaine. Et pourtant il n’y a rien.

Non pas que cela soit mieux si la France navigue en solitaire. Mais lorsqu’elle est en solitaire, il y a encore plus de pression chauvine. Là ce n’est pas le cas…. normalement un alignement unilatéral de la France sur la superpuissance américaine devrait profondément choquer, et il n’y a rien de tout cela. Cela en dit long !