Tout le front occidental de l’État-nation russe-biélorusse est militarisé.
Le 18 janvier 2022, le Canada a envoyé des troupes spéciales en Ukraine, alors que d’autres éléments canadiens du même type y sont déjà depuis 2020 pour des formations militaires. Le Royaume-Uni a envoyé en Ukraine deux avions cargos C-17 d’armes légères anti-tanks, avec à chaque fois un vol faisant un détour par le Nord pour éviter de survoler l’Allemagne, pays exprimant de plus en plus sa réticence à se lancer dans une bataille anti-Russie qu’elle ne veut pas à la base de toutes façons.
La ministre allemande des affaires étrangères Anna Baerbock était par ailleurs à Kiev le 18 janvier pour être à Moscou le 19. Cependant, la grande information essentielle du 18 janvier 2022 c’est l’annonce par la Biélorussie de manoeuvres militaires sur des flancs sud et ouest, en février ou en mars, on ne sait pas trop… alors que le jour même des forces militaires russes rejoignaient des bases en Biélorussie.
C’est le prolongement direct de l’escalade des 16 et 17 janvier 2022. C’est une militarisation complète des frontières occidentales de l’Union de la Russie et de la Biélorussie – on parle ici d’une « Union » intergouvernementale devant amener la fusion des deux pays. Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a affirmé il y a deux semaines que l’Ukraine et le Kazakhstan devraient la rejoindre.
Il va de soi qu’on a là une escalade militaire de grande envergure. Déjà qu’on a une armada russe qui se renforce à la frontière avec l’Ukraine, et qui ne saurait rester indéfiniment dans la zone, voilà qu’on a une armada en Biélorussie également, renforçant la pression sur l’Ukraine.
Il suffit de regarder la carte pour comprendre l’ampleur du problème, en se rappelant que l’Est de l’Ukraine a une vaste région formant deux « républiques » séparatistes et qu’au Sud la Crimée a été annexée par la Russie.
Une offensive russe briserait aisément l’Ukraine ; une offensive biélorusse – russe briserait l’Ukraine encore plus facilement. Et cela aurait encore plus de répercussions politiques, puisque les sanctions occidentales frapperaient aussi la Biélorussie, qui est déjà ostracisée de toutes façons il est vrai depuis l’élection présidentielle d’août 2020. Surtout, cela serait un appel biélorusse et grand-russe auprès des « petits russes » que sont historiquement les Ukrainiens. Une intervention russe parlerait à une large partie de la population ukrainienne, ce qui ne veut pas du tout dire qu’elle serait pour autant encline au démantèlement de l’Ukraine ou sa partition.
Tout cela relève parfaitement de la mise en place de blocs impériaux dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde.