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L’interdiction des sels nitrités pose la question d’une nouvelle alimentation

La question d’une nouvelle alimentation se pose.

Les sels nitrités sont une catastrophe sanitaire qui doivent poser la question plus générale d’une nouvelle alimentation.

Début février, une proposition de loi va être soumise à l’Assemblée nationale visant à interdire l’utilisation de nitrates et des nitrites dans l’alimentation, à l’horizon de quelques années mais déjà avec un arrêt immédiat dans les écoles.

Initiée par le député Modem du Loiret Richard Ramos, cette loi se veut une mesure sanitaire contre la survenue des cancers digestifs. On sait que ces cancers sont favorisés par la consommation de charcuteries qui contiennent des sels nitrités.

Le problème n’est d’ailleurs pas tant les sels nitrités, qui se composent de 99, 4 % de sels de cuisine et de 0,6 % de nitrite de sodium ou de nitrite de potassium, mais leur réaction chimique au contact du fer naturellement présent dans la viande lors du processus (acide) de la digestion. A ce moment, les sels nitrités se transforment avec un pouvoir oxydant qui provoque une inflammation, avec à long termes des risques de développement de cancers du colon, de l’estomac ou du rectum.

C’est d’ailleurs pour cela que la charcuterie est, avec l’alcool et les produits de salaison, l’un des seul aliment classé dans le « groupe 1 » par l’OMS et le Centre internationale de recherche sur le cancer (Circ), c’est-à-dire cancérigène avéré pour l’homme.

Lors d’audition parlementaire, Denis Corpet, spécialiste dans la prévention des cancers, a parlé des nitrites comme d’un « poison » à bannir de toute urgence. Cela d’autant plus qu’en France, il y a un une consommation massive de charcuterie, ayant pour conséquence le fait que le cancer du colon est le second cancer le plus fréquent, après celui du poumon.

L’omniprésence des sels nitrités dans les salaisons et la charcuterie pose donc la question de l’agrobusiness de la viande, et particulièrement de celle de porc. A ce niveau, l’industrie française est leader mondial, notamment en Bretagne avec des géants de la production de porc. Troisième « producteur » de l’Union européenne, la France a abattu 23,5 millions de porcs en 2019.

C’est un chiffre énorme, un massacre industrialisé qui en dit long. Comment une société qui regarde cela avec indifférence peut-elle prétendre se préoccuper du sort de la planète ? Il y a ici un antagonisme complet entre deux visions du monde. On ne peut pas dire qu’on accepte la destruction en masse, la tuerie en masse, et en même temps qu’on veut protéger la planète. C’est incompatible.

D’autant plus que dans le capitalisme, on parle de « productions » formées à partir de montagnes de cadavres qu’il faut bien pouvoir écouler le plus vite possible, tout en maintenant la possibilité de consommation le plus longtemps possible. Et c’est là qu’interviennent les sels nitrités, car cet additif permet justement, pour un coût moindre, de conserver des viandes plus longtemps avec moins de chair utilisée (les sels nitrités font de la rétention d’eau).

Les sels nitrités, ce sont aussi ces additifs qui rendent le jambon à la couleur très rose, « appétissante », comme le justifie l’agrobusiness qui ajoute que, sans eux, la viande serait grise, voire verdâtre. Ce qui est vrai puisque l’on parle ici de parties d’animaux en décomposition, avec des additifs visant à bloquer un processus naturel.

D’ailleurs, ces additifs ont commencé initialement à être utilisés comme agent anti-infectieux, dans le cadre de la conservation de la viande, à une époque où le système de réfrigération n’étaient pas celui d’aujourd’hui.

Et dans le capitalisme, ce sont les classes populaires, à côté des animaux bien sûr, qui paient le prix de cette production alimentaire au rabais. Dans la proposition de loi qui va être soumis au débat à l’Assemblée nationale, il est remarqué de manière juste la chose suivante :

Il y a quelques décennies, les pauvres mangeaient des légumes et les riches de la viande, cette tendance s’est donc inversée. Qui plus est, les foyers modestes mangent de la charcuterie de moindre qualité.

Cela montre à quel point le capitalisme produit une société qui déborde de richesses, déborde de capacités productives, mais les utilisent de manière mortifère. Il y a un nombre d’animaux abattus supérieurs à la réalité de la consommation, trop de viande à écouler et pour le faire dans des conditions de profitabilité capitaliste, il est forcé d’en passer par des tas d’ajouts chimiques afin de maintenir la possibilité de vendre, ou bien de trouver de nouveaux marchés, de nouveaux types de consommation, etc.

A l’évidence, à l’instar de la généralisation du Nutriscore, l’interdiction des sels nitrités seraient une bonne chose, allant dans le sens d’une préservation de la santé de tous.

Mais l’on voit bien que le problème de fond, c’est le trop-plein de viande, un problème quantitatif qui ne peut être vraiment réglé à coup de réglementation, mais par l’élaboration d’une nouvelle alimentation, supérieure. Une alimentation qui doit devenir à 100 % végétale et biologique, afin d’éviter au maximum les aliments ultra-transformés et composés d’additifs, et pour cesser de maintenir une consommation forcenée sur la base d’une destruction industrialisée.

Le capitalisme a tout faux, dans le fond comme dans la forme.