L’OTAN développe son escalade… tout comme la Russie.
La superpuissance américaine compte à tout prix employer l’Ukraine comme fer de lance contre la Russie. On a ainsi appris que le chef de la CIA s’est rendu en Ukraine le 13 janvier 2022, rencontrant les principaux responsables du pays. Le président américain Joe Biden vient de son côté de réaffirmer les sanctions éventuelles contre la Russie, notamment la suppression du droit d’utiliser des dollars par les banques russes, ou bien la sortie du réseau interbancaire international SWIFT (seule la Corée du Nord en est exclu pour l’instant).
Et le département du Trésor américain a affirmé que la Russie avait soudoyé des gens pour former un gouvernement parallèle en Ukraine dans le cadre d’une invasion. La superpuissance américaine explique en effet désormais de manière ouverte que la Russie compte mener une offensive en Ukraine. Il est parlé d’un futur soutien américain à une guérilla ukrainienne, l’Ukraine sera pour la Russie l’équivalent de la guerre du Vietnam ou celle en Afghanistan.
Le Royaume-Uni a envoyé une centaine de militaires pour former l’armée ukrainienne aux mille missiles portatifs anti-tanks fournis ces derniers jours ; ce pays est comme on le sait depuis le départ en première pour prôner une ligne ultra-agressive avec la Russie. Mais c’est l’un de ses semi-satellites, le Canada, dont la ministre des affaires étrangères Mélanie Joly vient d’aller en Ukraine du jour au lendemain, qui a pris depuis quelques jours la tête de la dénonciation de la Russie.
Son premier ministre Justin Trudeau développe un discours fanatiquement pro-OTAN, s’inscrivant en plein dans l’alliance stratégique américano-britannique. C’est ici une véritable offensive de grande ampleur, visant la Chine à terme, et qui s’appuie sur tous les réseaux occidentaux possibles. Ce qu’il faut donc remarquer ici, c’est que c’est parallèle à un début de systématisation des attaques anti-Russie de la part d’activistes LGBT.
Nul hasard à cela, l’idéologie LGBT étant un produit ultra-libéral au service du turbocapitalisme, dont le Canada fédéral et communautariste est un bastion. Les institutions canadiennes ont totalement intégré dans leur appareil idéologique le concept de LGBTQ2, soit Lesbiennes, Gais, Bisexuels, Transgenres, en Questionnement et Bispirituels. Ce dernier terme vise à en rajouter une couche en disant que pour des autochtones (c’est-à-dire les Amérindiens) on peut avoir avoir un esprit masculin et un esprit féminin en même temps. Au Canada il fut par ailleurs plutôt employé l’acronyme LGBTTIQQ2SA pendant tout un temps.
La Russie raffole évidemment de cela pour en rajouter, de son propre côté, dans un conservatisme anti-occidental forcené et patriarcal. On voit très bien comment on est ici dans une logique de bloc, avec la mise en place de deux empires enserrant les initiatives des gens, intégrant leurs activités pour renforcer l’ensemble.
Et, donc, le Canada a envoyé une frégate en Mer Noire, contribuant au bellicisme de l’OTAN. Ce n’est pas la seule initiative : l’Espagne y envoie également un dragueur de mine et une frégate suivra. Les Pays-Bas envoie des avions F-35 en Roumanie, pays où la France est prête à envoyer des troupes comme l’a affirmé Emmanuel Macron lors de son discours sur l’Union Européenne le 19 janvier [NDLR – en fait aux vœux aux armées pour la nouvelle année].
La République tchèque va envoyer à l’Ukraine des munitions pour l’artillerie, alors que des éléments anti-tanks et de défense anti-aérienne vont être fournis par l’Estonie, la Lituanie et la Lettonie.
Ainsi, l’ensemble de l’OTAN pratiquement se mobilise contre la Russie, à quoi il faut ajouter la Suède. Déjà que la Russie a des visées impériales, une telle ligne agressive renforce le bellicisme général. Si l’Ukraine passe dans l’OTAN (ou l’Union Européenne), la Russie est repoussée, affaiblie et inéluctablement basculera à terme. La conquête de l’Est de l’OTAN depuis 1989 touche ici sa limite, la crise mondiale précipitant les événements de manière brutale.
Au sens strict, les seuls pays européens à l’écart de la mobilisation sont l’Autriche et la Finlande qui sont neutres et ont des rapports historiques étroits avec la Russie depuis 1945 (on parle de « finlandisation »), la Serbie qui est historiquement proche de la Russie (et hostile à l’OTAN), la Bulgarie et la Hongrie qui ne veulent pas de tout cela (le président hongrois Viktor Orban vient d’aller à Moscou), la Grèce et l’Italie qui restent à l’écart.
Ce qui joue énormément encore, retardant pour ainsi dire les échéances, est que l’Allemagne est coupée en deux entre une bourgeoisie voulant une alliance avec la Russie pour assurer l’hégémonie européenne et laisser passer l’orage sino-américain, et une autre voulant profiter du gâteau russe.
Quant à la Russie, elle continue comme si de rien n’était. Tout en disant qu’elle ne veut pas envahir l’Ukraine, elle accumule des troupes à l’Ouest, et a même annoncé… des manœuvres navales dans l’Atlantique, la Mer du Nord, la Mer d’Okhotsk, le Pacifique et la Méditerranée! Sont concernées plus de 140 navires, plus de 60 avions, 10 000 soldats.
Il y aura également à très court terme des manœuvres navales de la Russie avec… la Chine et l’Iran.
On se précipite à l’abîme. Car, qu’ils le veulent ou non, frappés par la crise, les pays vont à la guerre pour obéir aux exigences capitalistes. C’est cela qui explique la logique des blocs, des tendances impériales, dans le contexte de la bataille pour le partage du monde.