On accompagne l’ignominie, on la modernise.
L’avantage pour le capitalisme d’être en expansion, c’est qu’il peut proposer de nouveaux marchés qui « révolutionnent » les anciens, amenant des gens à tomber dans le panneau en pensant qu’ils peuvent influer la consommation. Ainsi, malgré que la consommation mondiale de viande augmente, certains pensent que comme la consommation de l’alimentation végétalienne augmente, alors les choses changent.
C’est là ne pas comprendre le capitalisme qui avance justement en rebondissant de part et d’autre, comme d’ailleurs tout phénomène au sens strict, de par les multiples aspects, les échos que se font les choses. On en a pour preuve en ce domaine très particulier que l’alimentation végétalienne tend de plus en plus à deux caractéristiques : être produite par des mastodontes de l’industrie utilisant les animaux d’une part, d’autre part consister en des « équivalents » directs des produits utilisant les animaux (sur le plan du goût, de l’apparence, de la texture, etc.).
C’est que le capitalisme sait qu’il doit empêcher une révolution culturelle des mentalités : il pose donc des limites à l’intérieur des changements, en fonction de sa propre substance. Et il place des garde-fous en laissant un espace sur le plan des idées aux conceptions réformistes ou utopistes. On a ainsi Aymeric Caron qui vient de se mettre à soutenir Jean-Luc Mélenchon, annonçant un partenariat très avancé sur plusieurs années de « Révolution écologique pour le vivant » avec La France Insoumise. C’est une capitulation morale et culturelle d’Aymeric Caron qui est dans le prolongement de son style animateur de télévision / lecteur-philosophe. Cela sert le système capitaliste.
On a également, comme depuis le tout début de cette année, désormais un référent « bien-être animal » dans tous les élevages. C’est pareil que pour Aymeric Caron : il n’y a pas de contenu bien délimité, donc cela prétend aller dans le bon sens, alors que cela ne va nulle part, tout en donnant l’apparence d’un changement.
Qui seront d’ailleurs ces référents ? Les gens des élevages eux-mêmes ! Il ne s’agit pas du tout d’une décision s’appuyant sur la démocratie, avec par exemple des acteurs extérieurs, « neutres » pour autant qu’on puisse l’être. On a simplement des gens qui sont juge et parti. Le ministère de l’agriculture nous dit ainsi :
« A compter du 1er janvier 2022, tous les élevages d’animaux domestiques (animaux de rente, de compagnie, équidés) et d’animaux sauvages apprivoisés ou tenus en captivité devront désigner un référent en charge du bien-être animal.
Cette nouvelle obligation est assortie d’une obligation de formation pour les référents en élevage de porcs et de volailles. Les référents de ces filières devront s’engager dans un parcours de formations labellisées et prises en charge par les organismes Vivéa et OCAPIAT. Ces établissements veilleront à la qualité des contenus et des intervenants.
Les référents désignés au sein des élevages de porcs ou de volailles auront 6 mois à compter du 1er janvier 2022 pour entamer le parcours de formation, et disposeront de 18 mois pour l’achever. »
Voici la présentation que donne Vivéa d’elle-même et le rapport aux animaux est très clair ; l’expression d’entrepreneurs du vivant est peut-être même la chose la plus horrible de notre époque.
Fonds d’assurance formation des actifs non-salariés agricoles, habilité par arrêté ministériel le 30 novembre 2001. VIVEA accompagne les chefs d’entreprise agricole dans le développement de leurs compétences en finançant les formations professionnelles des entrepreneurs du vivant.
Du côté d’OCAPIAT, c’est la modernisation qui est mise en avant :
OCAPIAT a pour ambition de :
– Soutenir la compétitivité des entreprises et de l’économie
– Accompagner l’effort de professionnalisation des salariés
– Développer des services de proximité dans les territoires
– Être vecteur d’efficacité au service des politiques de branches ou d’inter-branches en matière de formation professionnelle et d’alternance
Tout cela est pur condensé du capitalisme : utilisation de la vie dans une perspective de destruction pour asseoir la consommation assurant des profits, généralisation d’un état d’esprit et d’activités liés à un mode de vie permettant cette consommation.
Cela souligne le besoin de rupture subjective pour pouvoir s’extraire de tout cet appareil exerçant une gigantesque pression sur la vie quotidienne, dans tous les domaines, de manière ininterrompue. Le Socialisme est une affirmation de civilisation. Socialisme ou barbarie !