Il est à l’origine du concept de Biosphère.
Vladimir Vernadsky est l’une des plus grandes personnalités de l’Histoire, et indéniablement la plus grande personnalité ukrainienne. Ce minéralogiste, chimiste, biochimiste, géochimiste… est à l’origine du concept de Biosphère, c’est-à-dire d’une planète, en l’occurrence la nôtre, qui est une réalité s’appuyant sur une intense interaction des éléments chimiques tant des êtres vivants que de la matière « morte ».
Autrement dit, les êtres vivants transforment la planète car ils exercent une influence chimique tout autant que la pluie, le vent, l’érosion, les éruptions volcaniques, les ouragans, les tornades, etc. Les êtres vivants morts ont donné des fossiles à l’origine du gaz et du pétrole, les oiseaux transportent des graines et laissent leurs fientes sur de vastes espaces, l’humanité modifie des territoires entiers à grande échelle.
C’est aujourd’hui quelque chose que l’humanité commence seulement à saisir, et encore elle préfère ne pas le savoir en raison de la magnitude de son impact, et Vladimir Vernadsky le constatait dans les années 1920 déjà. Il avait compris l’énorme impact de l’existence humaine sur la planète :
« Avec l’apparition de l’homme dans la biosphère conformément au second principe biogéochimique, l’action de la vie sur notre planète se développe et change tellement par l’effet de son intelligence, qu’il devient possible de parler d’une époque psychozoïque spéciale dans l’histoire de notre planète, analogue à d’autres époques géologiques par le changement effectué dans la nature vivante de la Terre, aux époques cambrienne ou oligocène par exemple.
Avec l’apparition d’un être vivant doué d’intelligence sur notre planète, celle-ci passe à un autre stade de son histoire. »
On trouvera ici un très long dossier sur les multiples aspects des travaux de Vladimir Vernadsky. Mais ce qui est très intéressant également dans la biographie de Vladimir Vernadsky, c’est qu’il résume tout un parcours historique ukrainien. Son père est cosaque, sa mère russe, lui-même a passé toute sa jeunesse en Ukraine, puis il étudie à Saint-Pétersbourg alors capitale de la Russie. Devenu un savant de dimension internationale, il participe au mouvement libéral des cadets (les « constitutionnels-démocrates »).
A ce titre, il ne soutient pas les bolcheviks à l’origine, tout en prenant des initiatives lors de la chute du tsarisme puisque l’Ukraine devient enfin un pays en tant que tel. Il fonde l’Académie des Sciences d’Ukraine (aujourd’hui à son nom), la Bibliothèque nationale. Il est ensuite à Paris de 1922 à 1925. Puis, il décida finalement de participer à la mise en place des institutions scientifiques soviétiques, travaillant en tant que savant donc tout à fait reconnu par le régime.
Vladimir Vernadsky est aujourd’hui encore tout à fait reconnu en Russie et en Ukraine. Du côté russe, c’est logique car le régime se prétend le continuateur du « meilleur » de l’URSS, ce qui ne marche que parce ce qui est mis en avant c’est le côté « superpuissance » des années 1960-1980, avec la Russie au cœur d’un empire visant l’hégémonie dans le monde. Évidemment tout cela va de pair avec une « russification » de tout ce qui est considéré comme juste, utile, bien.
Cependant, on comprend aisément le problème pour le régime ukrainien qui veut promouvoir un nationalisme fondamentalement anti-soviétique et même anti-russe. Le régime ukrainien interdit le russe, détruit tout ce qui est soviétique, supprime tout point de vue favorable à quelque niveau que ce soit à l’URSS. C’est un fanatisme systématique.
Or, Vladimir Vernadsky s’est positionné comme un Ukrainien qui se considère comme naturellement lié à la Russie et qui a intégré l’URSS, de Staline qui plus est. Ce n’est pas du tout bon pour le régime ukrainien ! Cela ne colle pas du tout qui plus est à l’idéologie fantasmatique de l’Holodomor voulant que la Russie ait toujours cherché à exterminer les Ukrainiens.
On a là un bon exemple de comment les régimes russe et ukrainien sont non-démocratiques et anti-populaires. Sinon on n’aurait pas une telle situation et Vladimir Vernadsky aurait la reconnaissance qu’il mérite. Il ne serait pas un outil prétexte à la diffusion d’idéologies nationalistes. C’est aussi cela la catastrophe ukrainienne (et russe) : une terrible perte pour la culture et la science, massacrées par le nationalisme et le bellicisme.
La situation aurait horrifié Vladimir Vernadsky, qui était tellement démocratique qu’il est même parvenu à un raisonnement d’une dimension planétaire !