C’est la semaine fatidique.
Le drame ukrainien est entré dans son dernier acte. Le 10 février 2022 ont ainsi commencé les manœuvres communes biélorusses et russes, pour un durée de dix jours. Il faudra donc qu’à leur fin, les troupes repartent, étant donné qu’il n’y a pas d’installations pour elles là où elles sont. Qu’elles repartent, ou qu’elles traversent les frontières avec l’Ukraine…
D’autant plus que de nombreuses troupes ne sont pas du tout là où il doit y avoir des manœuvres ! Qu’il y a un flux continu de troupes, de matériel, d’approvisionnement… Et qu’il y a une masse de navires militaires dans la Mer d’Azov, qui vont mener d’opportunes manœuvres bloquant la zone et permettant d’avoir le champ libre pour un débarquement sur le flanc sud de l’Ukraine.
La Russie a fait exactement tout ce qu’il fallait pour mener une invasion. Le Parlement russe doit se prononcer le 14 février sur une éventuelle reconnaissance des « républiques populaires » de Donetzk et Louhansk, alors que la réunion germano-franco-russo-ukrainienne du 10 février quant aux accords de Minsk a très mal tourné, se prolongeant de plusieurs heures (neuf en tout au lieu de trois), la Russie accusant l’Ukraine de ne pas les respecter, ce qui est vrai, l’Ukraine accusant la Russie de se servir des « républiques populaires » comme de son bras armé, ce qui est vrai aussi.
Il suffira d’une étincelle dans les dix jours, d’un prétexte, et tout s’enclenchera.
Il faut ajouter à cela la tentative d’intimidation britannique. La ministre britannique des affaires étrangères, Liz Truss, s’est rendu à Moscou le 10 février et a été d’une fermeté d’une grande arrogance. Le ministre russe des affaires étrangères, Sergeï Lavrov, a expliqué lors de la conférence de presse qui a suivi que la discussion avait été comme celle d’un muet avec un sourd.
Un propos posé devant elle, à la Sergeï Lavrov, mêlant cruauté diplomatique et un style fantasque comme les Russes savent l’être, le personnage étant connu pour cela. Il a également diffusé une anecdote confirmée par la suite. Liz Truss a expliqué que les troupes russes devaient partir, Sergeï Lavrov a répondu qu’elles étaient en Russie et il a demandé si la Russie était souveraine sur Voronej et Rostov. Liz Truss a expliqué que jamais le Royaume-Uni ne reconnaîtrait cette souveraineté, forçant l’ambassadrice britannique en Russie, Deborah Bronnert, à repréciser les choses.
Du côté ukrainien, il y a deux positions. Officiellement, il est dit qu’il n’y a pas de menace d’invasion (ce que Jean-Luc Mélenchon feint de prendre au sérieux dans une vidéo à ce sujet). En pratique, il y a une évacuation de documents vers l’Ouest du pays, un conseil de sécurité qui se tiendra à Kharkiv à l’Est du pays, l’envoi massif de miliciens et de matériel militaire à l’Est, pour se défendre, mais également clairement pour lancer une opération contre les « talibans » du Donbass séparatiste.
Le régime ukrainien se croit très fort, il est intoxiqué par le nationalisme et les soutiens américano-britanniques, ainsi que ceux de l’OTAN et de l’Union Européenne. Il a même décidé d’organiser des manœuvres aux frontières avec la Biélorussie ! L’Ukraine est une nation totalement défigurée par l’affrontement entre les grandes puissances. Pour l’anecdote, le ministre ukrainien des affaires étrangères, Dmytri Kuleba, s’est permis de raconter qu’il avait pu serrer la main à Emmanuel Macron lors de son passage à Kiev, que celui-ci avait une forte poigne… Mais pas suffisante pour tordre le bras à l’Ukraine !
Cela alors qu’Emmanuel Macron, aussi hypocrite qu’il soit car il représente les intérêts français, auraient pu être au moins un peu moyen d’aider à essayer de se sortir de l’affrontement. Mais le régime ukrainien préfère viser à une sorte de vaste « purge », rompant définitivement avec tout ce qui est « russe », quitte à ce que soit l’affrontement généralisé.
La folie furieuse l’emporte, portée par la crise du capitalisme se précipitant dans la guerre.