Ce qui est affligeant dans les analyses concernant le conflit en Ukraine, c’est de voir à quel point le concept réactionnaire de « géopolitique » est partout à l’oeuvre. Les Etats « penseraient », les élites auraient des réflexions approfondies sur des décennies, les pays des besoins « naturels » d’expansion, telle ou telle zone – en pratique, absolument toutes – formerait un verrou « stratégique ». Tout cela est faux, c’est un fantasme sur le capitalisme organisé qui est en fait anarchique.
Cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas des plans militaristes, des études visant à concrétiser les expansions. Cependant, tout cela n’est pas rationnel, c’est produit par des esprits malades, déformés par des conceptions réactionnaires, aliénés par des valeurs militaristes, rendus difformes par des démarches anti-populaires et anti-démocratiques. Et c’est au service des hautes bourgeoisies déconnectées d’un réel uniquement vu à travers le prisme de l’expansion capitaliste.
Car, et c’est là l’essentiel, le conflit en Ukraine n’a pas comme base la géographie, l’OTAN, les séparatistes, les russophones, même si ce passé joue bien entendu fondamentalement. La base, ou plutôt la substance, c’est le présent de la crise ouverte par la pandémie en 2020 qui a placé tous les capitalistes au pied du mur, en cassant leur croissance. Pour rattraper le rythme capitaliste, il faut forcer les choses. C’est alors la guerre.