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L’Ukraine prononce l’état d’urgence alors que le Donbass séparatiste en appelle militairement à la Russie

Le contexte de guerre directe a été posé.

Le contexte de guerre directe a été posé.

Un char des troupes séparatistes avec un drapeau de la « Nouvelle Russie »

Le 23 février 2022 a été un jour historique de par l’ampleur de l’horreur militariste. Ce jour-là, en effet, l’Ukraine s’est retrouvée au pied du mur. et pas simplement en raison d’une cyber attaque de grande ampleur faisant tomber des sites gouvernementaux. Tout est désormais très clair et le régime ukrainien, qui explique depuis des mois qu’il n’y a pas de menace d’invasion russe, a mis un terme à cette position.

La raison est que les « républiques populaires » de Donetzk et de Louhansk ont appelé la Russie au secours face à l’armée ukrainienne, et exigé que l’Ukraine se retire de l’ensemble du Donbass que ces « républiques populaires » revendiquent dans leur intégralité. Comme la veille, la Russie a expliqué qu’elle reconnaissant l’ensemble du Donbass comme leurs territoires, personne ne pouvait plus être dupe de ce que cela impliquait.

Si l’on ajoute à cela que l’armée russe a fait couper tous les téléphones portables de ses soldats, que les soldats ukrainiens ont reçu un texto expliquant que la Russie interviendrait dans le Donbass et qu’ils devaient s’enfuir pendant qu’ils le peuvent encore… Que les « républiques populaires » mobilisent absolument tous les hommes de 15 à 55 ans… Ce dernier point étant important, car cela expliquerait pourquoi l’armée russe considère pouvoir attaquer avec un nombre « insuffisant » de soldats : la mobilisation générale du Donbass séparatiste servira numériquement pour occuper les espaces conquis alors que l’armée russe elle-même avance.

Un char des troupes séparatistes avec un drapeau de la « république populaire de Donetzk » muni de son emblème

On a ici une logique implacable se présentant dans sa pure nudité. On a alors le régime ukrainien qui a instauré le même jour l’état d’urgence dans tout le pays dans la foulée, en expliquant qu’il y a 200 000 soldats russes aux frontières (c’est ici une addition des armées russes et de celles des « républiques populaires »). Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a même dit qu’il a appelé le président russe Vladimir Poutine, mais que ce dernier n’a pas répondu.

Il a expliqué cela tard dans la soirée, dans une vidéo de six minutes où il s’adresse en russe, sa langue natale, au peuple russe, l’appelant à ne pas soutenir l’entreprise de guerre.

C’est intéressant, parce qu’il est fait état de multiples scandales de la part de ministres ukrainiens, ainsi que de Volodymyr Zelensky, à l’encontre des médias occidentaux, accusés d’en faire trop sur la menace russe. Pour dire même, tous les commentateurs et experts s’intéressant à la question ukrainienne de manière poussée sont hallucinés de la manière avec laquelle l’Ukraine a réagi jusqu’à présent, qualifiant l’initiative russe de gigantesque bluff. Cela était vrai encore le 22 février 2022, et même encore en partie le 23 février lui-même avec la rumeur d’une réunion de Volodymyr Zelensky et de généraux avec les cinquante plus grandes fortunes d’Ukraine, pour leur expliquer qu’il ne se passerait rien.

Un char des troupes séparatistes avec un drapeau de la Russie

Certains ont dit que cette position officielle ukrainienne n’était pas pour répandre la panique dans le pays, un pays pauvre et corrompu, méprisé par le peuple, sans assises réelles pour parvenir à une mobilisation générale sans de très lourdes conséquences. D’autres, que le régime ukrainien ne cerne pas les enjeux de ce qui se passe. Quoiqu’il en soit désormais les tambours de la guerre ont modifié la donne le 23 février 2022.

On a aussi le ministre ukrainien des affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a en catastrophe participé à une initiative américaine et albanaise pour en appeler au Conseil de sécurité de l’ONU. La présence russe fait que cela échouera, mais il peut alors y avoir un passage devant l’Assemblée générale de l’ONU, dont les résolutions ne sont pas contraignantes mais du moins symboliques.

Un char des troupes séparatistes avec un drapeau de la « république populaire de Donetzk » muni de son emblème

Dans ce contexte, même la France, qui pourtant évitait jusqu’à présent d’en faire trop au nom de sa « mission diplomatique » pour empêcher la guerre, a cédé. Le ministère français des Affaires étrangères a placé l’Ukraine sur liste rouge, arguant que :

« Dans le contexte des vives tensions créées par la concentration de troupes russes aux frontières de l’Ukraine, par la décision russe de reconnaître l’indépendance des provinces de Donetsk et de Lougansk et compte-tenu de la mise en place de l’état d’urgence décidée ce jour par le Parlement ukrainien, les ressortissants français se trouvant en Ukraine doivent quitter sans délai ce pays. »

Les Etats-Unis ont quant à eux rétabli leur ambassade à Lviv, tout à l’ouest du pays, mais les diplomates vont par contre dormir en Pologne voisine. Ce qui veut tout dire : la guerre arrive, la question est simplement de savoir quel degré du pays elle va concerner.

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