Le régime ukrainien tente d’encaisser le choc.
L’offensive russe du 24 février 2022 a été particulièrement ciblée, l’armée disposant d’un très haut niveau technologique sur le plan des missiles et des avions pour bombarder. Elle a visé principalement le quartier-général des forces militaires, le quartier-général de la Garde nationale, 72 installations militaires, 11 aéroports militaires, la base navale d’Ochakovo, 18 radars S-300 et Buk-M1.
L’offensive n’a pas concerné tant le Donbass, même s’il y a eu des affrontements et une avancée de plusieurs kilomètres, que le nord de l’Ukraine (notamment depuis le Biélorussie) que le sud (depuis la Crimée). Dans ce dernier cas, l’offensive russe a bien réussi, rencontrant plus de difficultés au nord.
Il y a également la question de Kiev. La grande rumeur de la soirée de l’invasion, c’est que le président ukrainien Volodymyr Zelensky était particulièrement ciblé. Dans l’après-midi, la rumeur voulait que l’armée russe avait pris le contrôle de l’aéroport près de Kiev, que le président ukrainien s’était vu accorder un sauf-conduit et que deux avions turcs l’attendaient pour le transporter.
En tout cas, dans la matinée du 25 février, Kiev elle-même était atteinte par l’armée russe, avec une présence attestée dans un quartier de Kiev (Obolon), le ministre ukrainien des Affaires étrangères en appelant la population (« Nous demandons aux citoyens de nous informer des mouvements ennemis, faites des cocktails molotov, neutralisez l’occupant! »).
On notera dans la périphérie de Kiev ce tank russe avec un drapeau… soviétique. Il ne faut pas fantasmer outre-mesure dessus (jusqu’à faire de la Russie une URSS dégénérée comme fait la gauche du PCF), mais il est évident que la culture soviétique, au sens le plus large, transpire également dans tous les aspects de la question russo-ukrainienne.
L’offensive russe a donc été frappante, mais pas réellement massive. Rien à voir avec une sorte d’invasion russe au moyen d’hommes massés quantitativement, comme on le fantasme souvent en pensant à la Russie. On au contraire une précision militaire de la plus haute finesse, dont on appréciera l’esprit historique en lisant Guerre et paix de Tolstoï.
Cela obéit à deux principes : officiellement, c’est une « opération de démilitarisation » et il ne faut pas donner une impression d’invasion. Même si, naturellement, cela se transformera à un moment en « libération », avec la mise en place d’un nouveau régime.
Il faudra alors sans doute que reste un petit Etat ukrainien, afin que sa situation soit un « boulet » pour l’Union Européenne, qui aura un pays ultra-pauvre dans les mains (la partie ouest étant la plus pauvre en Ukraine historiquement), et un boulet pour l’OTAN, qui ne pourra pas intégrer un pays dont une partie est occupée par un autre (car cela impliquerait directement la guerre).
De plus, il faut une guerre un peu prolongée, afin de massacrer l’armée ukrainienne et tous les groupements ultra-nationalistes pour s’en débarrasser pour la suite.
Tout le monde a compris ainsi que le régime ukrainien était condamné, dans tous les cas. Celui-ci a décrété la mobilisation nationale le 24 au soir, le président Volodymyr Zelensky déclarant notamment :
« J’ai demandé à 27 dirigeants européens si l’Ukraine serait dans l’OTAN… Tout le monde a peur, personne ne répond. »
Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, a répondu également de la manière suivante le 25 février 2021 aux tentatives de négociation de la part de l’Ukraine :
« Nous sommes prêts à des négociations, à n’importe quel moment, dès que les forces armées ukrainiennes entendront notre appel et déposeront les armes. »
C’est que l’Ukraine n’a été qu’un jouet pour la superpuissance américaine et l’OTAN, et du point de vue occidental, tant mieux si on peut avoir une Russie s’enfonçant dans la guerre, si on peut avoir prétexte pour des sanctions massives. Le régime ukrainien a une énorme responsabilité dans l’incapacité à assurer la défense nationale, ce qui met en jeu l’existence même de la nation ukrainienne dont la Russie compte se débarrasser pour en faire une « petite Russie », appendice avec les Russes blancs (les Biélorusses) de la Grande Russie.