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Le pape en première ligne pour la guerre contre la Russie avec son drapeau militaire ukrainien

La convergence avec un camp est totale.

La convergence avec un camp est totale.

Pour comprendre pourquoi le pape est en première ligne contre la Russie, il y a deux points essentiels à saisir. Le premier, c’est que l’Ukraine est, pour caricaturer, coincée entre deux puissances principales historiquement dans la région, la Pologne et la Russie.

Contrairement au discours larmoyant d’une Pologne toujours martyre, celle-ci a en réalité été une très grande puissance, de 1569 à 1795, dans le cadre de la « république des Deux Nations » avec la Lituanie. Les Polonais entrent même dans Moscou en 1610.

L’Ukraine est alors coincée entre la Pologne, qui met le catholicisme romain en avant, et la Russie qui utilise de son côté le catholicisme orthodoxe. Il faut à cela ajouter les incursions tatares ; historiquement les incursions musulmanes feront des millions d’esclaves dans cette partie du monde.

Ce moment historique est raconté par Gogol, dans son fameux roman Taras Boulba, avec les cosaques. Le fameux tableau d’Ilia Répine, Les Cosaques zaporogues écrivant une lettre au sultan de Turquie, montre justement les cosaques en train de rejeter les prétentions de l’empire ottoman, dans le cadre d’une prétendue demande de reddition.

Encore est-il que l’Ukraine, historiquement, a fini par basculer du côté de la Russie et de la religion catholique orthodoxe, au grand dam de certaines figures historiques secondaires désormais principales dans les manuels d’histoire ukrainien.

Comme cependant la partie tout à l’ouest était sous occupation autrichienne, puis polonaise (jusqu’en 1939 puis 1945), le catholicisme romain a pu s’y développer librement. Et depuis que le régime ukrainien est passé de la tutelle russe à la tutelle américaine en 2014, il existe un mouvement ukrainien de formation d’une Église orthodoxe ukrainienne entièrement séparée de la Russie.

Ces deux tendances sont convergentes. Pour cette raison, l’Église catholique orthodoxe russe soutient entièrement l’invasion de l’Ukraine au nom d’une mission de la « Sainte Russie » (on trouvera une explication du texte officiel de cette Église dans l’article « Le sens du ralliement de l’Église russe à la guerre menée en Ukraine » de la revue au format pdf Crise n°20).

L’Église catholique romaine met tout autant les bouchées doubles, voyant dans la présente situation un moyen de se propulser en Ukraine, appuyée ici bien entendu surtout par la Pologne, qui compte bien profiter de l’Ukraine comme satellite, afin de réussir ce qui a été raté historiquement il y a plusieurs centaines d’années.

Le pape François a donc régulièrement soutenu le régime ukrainien depuis l’invasion russe, et le 6 avril 2022 il a largement médiatisé sa dénonciation de la « cruauté de plus en plus horrible, perpétrée même contre des civils sans défense, des femmes et des enfants » à Boucha, reprenant toute l’argumentation du camp occidental, sans preuves ni rien, dans une vaste orchestration visant à la mobilisation générale pour la guerre à la Russie.

En présence d’enfants réfugiés, il a également mis en avant un drapeau qu’on lui a amené de Boucha. On y voit une croix… mais ce n’est pas la croix catholique. C’est la croix dite cosaque, employée par l’armée ukrainienne.

La croix est également entrecroisée d’une épée (un peu courbée) et d’une masse d’armes, ce qui est également typique de l’armée ukrainienne. On n’arrive pas à lire ce qu’il y a marqué sur le drapeau, sauf les deux derniers mots : « cent Maidan ». Maidan fait référence à la « révolution » de 2014, du nom de la place à Kiev.

L’Église catholique romaine est une institution très bien gérée. Elle est idéaliste et décadente, mais elle sait ce qu’elle fait. Il ne peut pas y avoir de hasard à ce drapeau. Et il en dit long. L’Église catholique romaine est manipulatrice dans ses discours, s’adaptant selon les pays, et cherchant à s’imposer comme étant une composante « organique » de chaque pays en particulier. Là l’Église catholique romaine se pose comme élément du conflit, pour en récolter les fruits après la victoire militaire espérée.