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La souffrance de l’échec de la mobilisation d’entre les deux tours de la présidentielle 2022

La gravité de la situation est patente.

La gravité de la situation est patente.

Il y a eu trois initiatives politiques concrètes à la suite du premier tour de la présidentielle 2022. La première a été prise par La France insoumise, la seconde par la fraction engagée des étudiants, la troisième par divers associations et syndicats.

Dans ce dernier cas, c’est dramatique. Les rassemblements dans une trentaine de villes pour protester contre la présence de Marine Le Pen au second tour n’ont rassemblé que 30 000 personnes, bien que 150 000 personnes soient revendiquées. L’ambiance était à la prétention comme quoi l’élection présidentielle n’aurait été qu’un malentendu, un accident. Au point que la ligne prédominante fut « Ni Macron ni Le Pen ».

Les structures ayant appelé aux manifestations sont : Ligue des droits de l’Homme (LDH), ActionAid France, Amis de la Terre France, APF France handicap, Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (Acort), Association des familles des prisonniers et disparus Sahraouis (AFAPREDESA), Association des femmes de l’Europe méridionale (Afem), Association de promotion des cultures et du voyage, Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), Attac France, Campagne antiracisme et solidarité, Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active (Ceméa), Centre de recherche et d’information et de développement (Crid), La Cimade, Coalition libertés associatives, Collectif Chabatz d’entrar de la Haute-Vienne, Collectif Front populaire écologique, Collectif Ganges solidarités (CGS), Collectif Ivryen de Vigilance Contre le Racisme (CIVCR), Collectif national pour les droits des femmes (CNDF), Collectif les Outils du soin, Collectif pour l’avenir des foyers (Copaf), Collectif Unis pour le climat, Comité pour les relations nationales et internationales des associations de jeunesse et d’éducation populaire (Cnajep), Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT), Confédération générale du travail (CGT), Confédération paysanne, Droit au logement (Dal), Education World 86, Fasti, Fédération des associations générales étudiantes (Fage), Fédération Citoyens & Justice, Fédération des Conseils de Parents d’Elèves (FCPE), Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), Fédération nationale des Francas, Fédération des mutuelles de France, Fédération syndicale unitaire (FSU), Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR), France Amérique Latine (Fal), Front social (FS), Fédération syndicale étudiante (FSE), Greenpeace France, Groupe accueil et solidarité (Gas), HES LGBTI+, Inter-LGBT, Jeunesse au plein air (JPA), Ligue de l’enseignement, Ligue des femmes iraniennes pour la démocratie (LFID), Marche Mondiale des Femmes France, arche des solidarités, Mémorial 98, Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (Mrap), Mouvement national lycéen (MNL), Mouvement de la Paix, Observatoire national de l’extrême-droite, Oxfam France, Osez le féminisme, Planning familiale, Réseau d’actions contre l’antisémitisme et tous les racismes (RAAR), Réseau Euromed France (Ref), Réseau féministe « Ruptures », Solidarité Laïque, SOS Racisme, Syndicat des avocats de France (Saf), Syndicat de la magistrature (SM), Tous Migrants, Union fédérale d’intervention des structures culturelles (Ufisc), Union juive française pour la paix (UJFP), Union nationale des étudiants de France (Unef), Union syndicale Solidaires, Uniopss, Vigilance et initiatives syndicales antifascistes (Visa), 350.org.

Mais il y avait également d’autres structures, comme la Jeune Garde, le Parti socialiste, le PCF, le NPA…. Car la démarche avait comme fond de montrer la nécessité d’une alternative. Sauf qu’il n’y a pas de profondeur idéologique, aucune surface populaire. On est dans un milieu replié sur lui-même, vivotant, récusant toute dimension historique et toute allégeance morale et personnelle à des idéologies.

Et dans ce contexte, certains ont la folie des grandeurs. La France insoumise, dont le dirigeant a récolté 22% des voix au premier tour de la présidentielle, aurait pu prendre la décision d’appeler à la formation d’un grand parti de gauche, ou du moins une union. Elle ne l’a pas fait, car elle a quitté les rangs de la Gauche pour le camp du « populisme », un concept assumé tel quel. Elle a décidé de tenter de passer en force en s’appuyant sur le résultat à la présidentielle et de proposer un pacte gouvernemental au PCF et à EELV, tous les autres, quels qu’ils soient, ayant été mis de côté.

C’est là totalement vaniteux et cela n’a aucun sens qui plus est. Cela reflète l’erreur complète qui est d’accorder une quelconque valeur à La France insoumise quand on est de gauche. On est là dans le populisme, l’opportunisme, l’absence de valeurs déterminées.

La troisième initiative a été prise par la fraction engagée des étudiants, qui voulaient marquer le coup après le premier tour, en essayant d’être constructif en lançant un mouvement.

Mercredi 13 avril, une assemblée générale « contre l’arnaque du second tour » est convoquée devant la Sorbonne : plusieurs centaines d’étudiants se retrouve devant celles-ci se dirigeant vers l’entrée de l’établissement, ils scandent « laissez-nous rentrer ! », cependant la sécurité refuse de les laisser passer. Les étudiants font alors le tour et pénètrent dans le bâtiment, et après un instant de flottement, investissent un amphithéâtre dans lequel va se dérouler l’assemblée générale.

Il a été décidé d’occuper la Sorbonne, au moyen de quelques centaines d’étudiants. Mais l’absence de nombre, la peur de prendre très cher pour les dégradations commises par les « ultras » tous partis entre-temps… a provoqué l’effondrement au bout d’un peu plus de 24 heures. L’occupation de l’École Normale Supérieure a connu le même échec, tout comme celle de Sciences Po Paris. Dans ces deux cas, on notera qu’on parle de gens faisant partie de l’élite estudiantine, ayant déjà franchi un pas dans la bourgeoisie, s’ils n’y appartiennent pas déjà.

Un grand souci a été que l’occupation de la Sorbonne a été accompagnée de dégradations commises par des activistes d’ultra-gauche cherchant, s’imaginent-ils, à mettre de l’huile sur le feu de la « révolution sociale » au moyen d’actions spontanées, désordonnées et provocatrices. Cela a embarqué les gens dans quelque chose dont ils ne voulaient nullement faire partie. Alors qu’il y a eu un haut le cœur cherchant à s’exprimer.

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Mais on parle ici uniquement d’une petit minorité des étudiants. Plusieurs assemblées générales ont ainsi été convoquées par les étudiants de plusieurs universités, mais sans grand impact. Celle de Nanterre n’a rassemblé par exemple qu’une centaine de personnes, dont une grande partie venait en réalité de l’occupation de la Sorbonne. C’est assez représentatif.

On paie ici des années de substitutisme, de prétention petite-bourgeoise, de refus de la classe ouvrière et du Socialisme, de fascination pour les délires identitaires turbocapitalistes, de rejet de toutes les traditions historiques socialistes et communistes…

Et ce ne n’est qu’un début.