Le NPA et Génération-s ont déjà dit oui.
C’est sur… BFM TV que, le 19 avril 2022, Jean-Luc Mélenchon a lancé un appel solennel à faire en sorte que, aux législatives 2022, son mouvement politique La France Insoumise, sous la forme d’une « Union populaire », dispose de suffisamment d’élus pour que ce soit lui qui devienne le premier ministre.
Jean-Luc Mélenchon reprend ici directement la stratégie de la gauche latino-américaine se revendiquant du castrisme et du guévarisme, avec une sorte de front « ample » pour faire face à l’oligarchie. Il parle ici de la mise en place d’un « front populaire avec des organisations syndicales, des associations et des forces politiques ».
Les bases pour cela ont été posées le 15 avril 2022, avec trois courriers envoyés : un au Nouveau Parti Anticapitaliste, un au PCF, le dernier à Europe Ecologie Les Verts. Le PCF a répondu dès le lendemain, plutôt favorablement. Le Nouveau Parti Anticapitaliste a répondu le 19 avril, très favorablement.
La direction d’Europe Écologie Les Verts y est défavorable, cependant le dirigeant Yannick Jadot, qui se rêvait un Emmanuel Macron en écologiste, a totalement échoué à la présidentielle et il y a ainsi une grande agitation dans le camp des modernistes et autres post-modernes bobos de gauche.
Génération-s, fondé par l’ex-socialiste Benoît Hamon (qui est depuis parti), qui avait rejoint Europe Écologie Les Verts, se soumet d’ailleurs entièrement à Jean-Luc Mélenchon et à son « Union populaire ».
« Le résultat de Jean-Luc Mélenchon donne à l’Union populaire la légitimité et la responsabilité d’organiser un cadre de rassemblement et de mobilisation pour les élections législatives. Une cohabitation doit être rendue possible.
Génération.s répondra favorablement aux initiatives et propositions qui permettraient le rassemblement des écologistes et de la gauche, la mobilisation citoyenne et la victoire en juin d’une coalition parlementaire capable d’appliquer une politique pour le climat, la justice sociale et la démocratie. »
Cette tendance prédomine d’ailleurs, d’une manière ou d’une autre, dans la Gauche twitter (c’est-à-dire dont le seul média est Twitter), chez les étudiants adeptes des conceptions « inclusives » et post-moderne, auprès de la petite-bourgeoisie d’origine immigrée s’imaginant contestataire et pour qui la bourgeoisie c’est le 16e arrondissement de Paris (comme le Bondy Blog), dans tout un ensemble de gens de gauche déboussolés et ne se prenant pas en main pour agir eux-mêmes, etc.
On a ici une pression gigantesque, parce que, finalement, à moins de disposer d’une économie politique réelle, d’exiger le maintien des traditions de la Gauche historique sous une forme ou une autre, il est impossible de ne pas céder aux sirènes du populisme mêlé à un réformisme même pas approfondi (on est ici très loin du Programme commun de 1981).
Et même là, il y a aura une opération de « ringardisation » massive de ceux qui maintiennent le cap, renforçant d’autant plus la pression. Les tenants d’une convergence avec Jean-Luc Mélenchon dénonceront encore plus les conceptions « passéistes »de LO, du PRCF, du PCRF, du PCF(MLM), du PCOF, de Révolution permanente, et chercheront encore plus à les isoler.
De l’autre côté, dialectiquement si l’on veut, il y a un espace pour les défenseurs de la Gauche historique. Car le masque tombe. S’aligner sur Jean-Luc Mélenchon, c’est abandonner tout principe, toute utopie, toute filiation historique avec le mouvement ouvrier, pour passer dans le camp de la création d’un Parti Démocrate à l’américaine. Les deux lignes n’en apparaîtront que plus clairement.
Reste à tenir le choc dans leur affrontement politique. Et la clef, bien entendu, c’est la question de la guerre, de la tendance à la guerre, de l’OTAN comme machine de guerre. Car le capitalisme continue de s’enfoncer dans une crise ouverte en 2020, et la bulle Mélenchon n’y changera rien.