L’OTAN considère qu’elle peut faire tomber la Russie.
Le régime ukrainien est formel : il considère ouvertement qu’il est en mesure d’infliger une sévère défaite à la Russie. Ce point de vue est également assumé par la superpuissance américaine, dont le régime ukrainien est une marionnette. Le 24 avril 2022, il y avait d’ailleurs la visite à Kiev du secrétaire à la défense américain Lloyd Austin et du secrétaire d’État américain (soit l’équivalent du ministre des Affaires étrangères) Antony Blinken.
L’armée ukrainienne opère de manière entièrement dirigée par l’OTAN et c’est pratiquement assumé en tant que tel. Pour preuve de cela, il est tout à fait clair que l’Ukraine est en train de rejoindre l’Union Européenne à marche forcée. Naturellement, une fois que cela sera fait, l’intervention russe reviendra de fait à un affrontement avec un État de l’Union Européenne, ce qui permettra d’autant plus l’escalade.
Il y a également la demande, considérée comme plus ou moins imminente, de l’adhésion à l’OTAN par la Finlande et la Suède, de manière conjointe, avec la superpuissance américaine et le Royaume-Uni proposant un soutien militaire dans la foulée de la demande d’adhésion, avant une intégration là encore à marche forcée dans l’OTAN.
Enfin, alors que la Pologne a remis, sans dire combien, des chars à l’Ukraine, il apparaît fort probable que la Roumanie a envoyé des forces militaires en Moldavie, en les maquillant comme des soldats moldaves, pour faire de ce pays un nouveau front anti-Russie. La Moldavie, une ancienne république soviétique, a en effet deux particularités : tout d’abord, elle n’est pas membre de l’OTAN, ensuite elle fait face à une petite région séparatiste pro-Russie, la Transnistrie.
Il y a d’ailleurs eu le 25 avril 2022 une attaque au lance-grenades contre le ministère de la Sécurité publique en Transnistrie, reflet de la tension actuelle, alors qu’il est tout à fait évident que l’établissement d’une « Nouvelle Russie » dans le Sud de l’Ukraine aboutirait, concrètement, à la Transnistrie.
On est ici dans une situation où la guerre en Ukraine est partie pour être une guerre prolongée, avec des implications militaires toujours plus grandes de part et d’autres. Cela semble confirmer la conception selon laquelle on a en fait une véritable guerre conventionnelle dont la forme est précisément d’éviter l’emploi de l’arme atomique.
Parce que là, on est lancé dans une démarche qui fait que la guerre en Ukraine va durer au moins jusqu’à l’été, voire littéralement pendant une année, ou en fait même plus, car on est dans une situation de crise, et on a donc un phénomène nouveau, propre à notre époque nouvelle.
D’ailleurs, s’il est beaucoup parlé de la date du 9 mai comme fête russe de la victoire sur le nazisme, avec la possibilité du début d’une sorte de fin négociée du conflit, il y a bien plus la possibilité que la Russie annonce plutôt son entrée officielle en guerre, lançant une mobilisation totale pour écraser l’Ukraine.
Car il ne faut pas perdre cet aspect essentiel. La Russie a réussi à lancer une guerre conventionnelle, en contournant l’opinion publique par une « opération spéciale », et sans modifier de manière centralisée son régime et son économie, comme c’est normalement le cas pour une guerre. La réussite du lancement d’une telle guerre peut très bien, en ce sens, devenir un tremplin nécessaire pour une entrée dans une guerre complète.
Cela montre l’importance de la guerre en Ukraine, annoncée ici sur Agauche.org depuis avril 2021, analysée en profondeur de manière régulière depuis. Chaque jour qui passe fait qu’on est en fait déjà dans une sorte de troisième guerre mondiale prolongée, propre à la situation historique.
La France, qui a notamment fourni à l’Ukraine des des obusiers automoteurs de 155mm Caesar, des missiles anti-aériens Mistral et des missiles anti-chars Milan, est ici en seconde ligne, juste derrière la superpuissance américaine et le Royaume-Uni, mais l’élection présidentielle étant désormais passée, les choses vont ici encore s’accélérer.
La France, exaspérante dans sa nature amorphe pétrie dans la société de consommation, n’échappera pas, de par sa nature de grande puissance lancée dans la bataille pour le repartage du monde, à l’instabilité provoquée par l’escalade militaire.