Catégories
Politique

Le contenu des accords entre La France insoumise et Génération.s, EELV, le PCF et le PS

Il n’y a aucun contenu réel, juste de la soupe électoraliste.

Il n’y a aucun contenu réel, juste de la soupe électoraliste.

Après un long dénouement, la direction du Parti socialiste menée par Olivier Faure a scellé un accord avec La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon pour les élections législatives de juin 2022. Cela vient conclure la suite d’accords avec Génération.s, EELV et le PCF, qui reprennent toujours la même trame, et lance définitivement la « NUPES » (Nouvelle union populaire écologique et sociale). L’idée étant qu’il faut une alliance électorale multiforme, avec un consensus pour appuyer un Jean-Luc Mélenchon premier ministre afin de conduire la coalition parlementaire si elle devenait majoritaire.

On remarquera en premier lieu que dans chacun des accords, il est question de l’Union européenne et que cela a été primordial dans les discussions (sauf pour le PCF). Il faut dire que Jean-Luc Mélenchon avait été très loin ces dernières années dans le phrasé populiste anti-Europe, alors qu’au contraire Génération.s, EELV et le PS sont des inconditionnels de « l’Europe » (une partie du PCF est également sur cette ligne pro-« Europe »).

Il est flagrant ici que La France Insoumise et le PCF ont capitulé en renonçant à critiquer l’institution européenne dans ses fondements. Certes, tous deux le faisaient sur un mode populiste et quasi-nationaliste, et pas de manière socialiste, donc réelle, mais il y avait l’idée que cela était incontournable.

C’est d’autant plus vrai aujourd’hui en mai 2022 que, depuis plusieurs semaines, l’Union européenne s’illustre par sa vassalité totale à la superpuissance américaine et à l’OTAN sur la question de la guerre en Ukraine. Cela n’est pas nouveau, mais c’est devenu évident, et surtout, indéfendable pour la Gauche (la vraie !).

La France Insoumise et le PCF s’en moquent, tout comme le PS, EELV, Génération.s. Ils n’en parlent pas, comme ils ne parlent pas de l’OTAN. Jean-Luc Mélenchon premier ministre et sa majorité parlementaire « NUPES » sortiraient-ils de l’OTAN, ou du commandement intégré de l’OTAN ?

Ou bien poursuivraient la guerre économique, culturelle et militaire contre la Russie ? Et d’ailleurs, quelle sera la position pendant ces 5 prochaines années, alors que les contradictions entre la superpuissance américaine et sa concurrente chinoise vont s’accentuer ?

Voilà un sujet fondamental, éminemment politique, qui permet concrètement de déterminer une position de gauche (la première, contre l’OTAN), et une autre qui ne l’est pas (la seconde, qui ne dit rien à propos de l’OTAN). Et l’option qui a été prise est celle de la contorsion social-populiste au sujet de l’Union européenne, en faisant croire que la France pourrait être dedans… Tout en n’y étant pas vraiment.

Les accords disent (sauf celui avec le PCF) que la France doit rester dans l’Union européenne et garder l’euro comme monnaie, mais… qu’elle peut choisir quelles règles européennes elle respecte ou non. Il faut « être prêts à désobéir à certaines règles européennes » est-il expliqué dans tous les accords, telle une bande d’enfants gâtés et capricieux voulant l’argent de poche des parents, mais ne surtout pas faire la vaisselle, ni ranger sa chambre.

On remarquera le jeu d’équilibriste dans la rédaction de l’accord avec le PS, qui en dit long sur la nature opportuniste et fourre tout de la « NUPES » :

« Du fait de nos histoires, nous parlons de désobéir pour les uns, de déroger de manière transitoire pour les autres, mais nous visons le même objectif : être en capacité d’appliquer pleinement le programme partagé de gouvernement et respecter ainsi le mandat que nous auront donné les Français. »

La seconde chose notable, c’est que les accords insistent sur une liste de revendications à prétentions sociales, avec une liste particulièrement détaillée dans l’accord avec le PS. Il y a à chaque fois la hausse du SMIC à 1400 euros, le retraite à 60 ans, le blocage des prix sur les produits de première nécessité, une « garantie d’autonomie pour les jeunes » (soit un revenu sans travailler ?). L’accord avec le PS précise l’abrogation de la loi El Khomri et des « contre-réformes du code du travail et de l’assurance chômage ».

La revendication « d’éradication de la pauvreté » est présente dans tous les accords, sauf celui avec le PS. Est-ce par rejet de l’utopie, ou bien par rejet du flou d’une telle formulation qui ne veut, il est vrai, pas dire grand chose ? Toujours est-il qu’il est fait comme si la crise n’existait pas, et qu’il n’est jamais parlé de capitalisme.

Le programme, c’est ouvrez les portefeuilles, l’argent va couler à flot grâce à toujours plus de dette publique « sociale ». Il est laissé entendre que la France connaît une grande vague de pauvreté et que ces gens sont là pour y remédier. Pourtant, le capitalisme tourne à plein régime dans un des pays les plus riches du monde, et les marchandises coulent à flot dans toutes les couches de la société, même les plus précaires. Le décalage avec la réalité est immense.

Anecdotique, mais révélateur, il y a cette petite phrase dans l’accord avec le PS :

« lutte contre l’ubérisation du travail avec la présomption de salariat pour les travailleuses et travailleurs des plateformes. « 

Cela dénote, car c’est une revendication très précise, alors que tout le reste est d’ordre général. Par les plateformes, il faut comprendre les plateformes de livraison de repas et de courses par des auto-entrepreneurs, presque toujours immigrés, très souvent sans statut légal de livreur, voire de présence légale sur le territoire français.

Une revendication de gauche devrait être évidemment l’éradication de ce type de « service », de ce business de la flemme qui pollue les villes avec des nuées de scooters ou de vélos roulant sans aucune lumière. Mais non, les « socialistes » et les « insoumis » trouvent cela très bien d’avoir des immigrés leur apportant un repas ou des courses à domicile, et souhaitent donc renforcer cela au point qu’il le précise dans leur accord général pour les élections législatives. Des domestiques ? Oui, mais avec un CDI !

C’est pathétique, et surtout très loin de la réalité concrète, objective, des classes populaires en France, et particulièrement de la classe ouvrière. Cela n’a rien de gauche, cela n’a rien d’un programme pour changer la vie.

Enfin, et surtout, il y a la question de l’écologie. Là, l’escroquerie est immense, et c’est même à peine croyable de voir que ces gens n’ont même pas fait semblant de s’y intéresser.

Il y a des choses à dire à foison, avec des grandes lignes nettes et précises à tracer sur des sujets fondamentaux. Par exemple sur les zones humides, qu’il faut sanctuariser, sur l’automobile, dont il faut préparer la fin du règne, sur les animaux en général, à propos aussi de la chasse, des zoo, des refuges, etc.

Il y a surtout le réchauffement climatique, et si on a une prétention écologique la moindre des choses est de présenter au moins dans les grandes lignes comment changer le bilan carbone de la France. Tel n’est pas le cas, bien au contraire, car l’écologie n’est qu’un prétexte. C’est du greenwashing électoral. Cela ne fait l’objet que d’une seule phrase, aussi floue qu’insignifiante, dans chacun des accords.

Celui avec le PS :

« L’affirmation d’un impératif de justice écologique, qui se décline à travers une démarche de planification, pilotée par de nouveaux indicateurs de progrès humain ainsi que la règle verte. »

Celui avec le PCF :

« Une véritable planification écologique et démocratique, par l’application de la règle verte. »

Celui avec EELV :

« Nous défendons ensemble la mise en place d’une véritable planification écologique par l’application d’une règle verte (ou d’une règle d’or climatique) pour répondre à l’urgence climatique et environnementale. »

Celui avec Génération.s :

« Nous défendons ensemble la mise en place d’une véritable planification écologique pour répondre à l’urgence climatique et environnementale. »

C’est lamentable, ces gens sont lamentables et même criminels, on ne peut que souhaiter qu’ils se prennent une immense claque électorale, tant l’escroquerie est immense. Et dire qu’il y a des gens pour soutenir une telle escroquerie morale, intellectuelle, culturelle, politique !