Le découpage de l’Ukraine est désormais officialisé.
La nation ukrainienne est en train de payer très cher le fait d’être entièrement aux mains d’un régime totalement furieux sur le plan du nationalisme et soumis aux exigences américano-britanniques les plus acharnées. En effet, si le régime ukrainien prétend toujours que son armée va surclasser militairement l’armée russe et récupérer les territoires perdus, tout le Donbass et même la Crimée, il est désormais tout à fait clair que cela ne sera pas le cas.
L’armée ukrainienne est en train de perdre du terrain dans le Donbass, avec de nombreuses zones encerclées et une action méthodique de l’armée russe. Pour celle-ci, l’objectif c’est désormais de reformer une « Nouvelle Russie » dans le sud de l’Ukraine, et partant de là il n’est plus besoin de prendre des gants niveau bombardements comme pendant les deux premiers mois. C’est donc désormais le rouleau compresseur.
Autrement dit, les petits groupes de snipers, de saboteurs et d’unités antichars ne sont plus en mesure de désarçonner un ennemi ayant eu comme objectif principal de procéder de manière large, en étalant ses troupes. C’est désormais une bataille petite zone par petite zone, où l’artillerie – la base même de l’armée russe – peut opérer librement.
C’est d’autant plus efficace qu’en se retirant du nord de l’Ukraine, l’armée russe oblige l’armée ukrainienne à devoir utiliser ses troupes pour récupérer les zones concernées, tout en les laissant sur place pour éviter un retour russe.
On est ainsi très loin d’une situation où, à partir de juin, l’armée ukrainienne serait en capacité de lancer une contre-offensive générale, comme elle le prétend. Cela commence à sentir le roussi. Surtout qu’il ne faut pas croire que l’armement massif fourni par les pays occidentaux peut suffire à rétablir l’équilibre.
Il faut en effet une logistique pour le répartir, parfois il faut être formé pour l’employer, et qui plus est l’armée russe continue de massivement bombarder l’Ukraine.
Et il y a également la défaite ukrainienne à Marioupol. Cette ville russophone avait été massivement occupée par les fascistes d’Azov, pour empêcher son basculement, et l’usine Azovstal, disposant d’abris anti-atomiques, a été transformée en forteresse. Le régime ukrainien espérait beaucoup que cela servirait de symbole de résistance et permettrait une mobilisation mondiale ; c’était encore le grand leitmotiv des gagnants ukrainiens de l’Eurovision.
Toutefois, au bout de 82 jours, cela a été la reddition, avec 2439 membres d’Azov et d’unités régulières qui se sont constitués prisonniers du 16 au 20 mai 2022. Le régime ukrainien a prétendu que cela rentrait dans le cadre d’un échange de prisonniers par la suite, mais il n’y a rien de tel qui est prévu en tant que tel. Surtout que les nationalistes ukrainiens avec leurs tatouages nazis sont du pain béni pour la Russie.
La situation n’est donc pas favorable à une confiance unilatérale en les Ukrainiens. C’est d’autant plus vrai que la propagande ukrainienne, à force d’être tellement unilatérale et répétitive, convainc de moins en moins. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky intervient tous les jours pour mettre en avant des affirmations plus ou moins délirantes, il est même intervenu avec une vidéo pour le début du festival de cinéma de Cannes, mais cela ne passe plus. Et ce que demande le régime ukrainien implique, dans les faits, une intervention armée générale des pays occidentaux.
Seulement cela, c’est la troisième guerre mondiale. Et il y a donc d’importantes tendances dans les bourgeoisies des différents pays pour dire : attention, où va-t-on ? Le New York Times a ainsi publié un éditorial, le 19 mai 2022 (The War in Ukraine Is Getting Complicated, and America Isn’t Ready), qui a provoqué une colère noire du côté du régime ukrainien. Ce que dit ce très important quotidien américain est très simple : c’est très bien que les États-Unis viennent de décider de fournir 40 milliards de dollars d’aides à l’Ukraine.
Cependant, la trajectoire de la guerre est devenue imprévisible. Or, il n’est pas question de s’engager dans une confrontation militaire avec la Russie. Il faut donc bien expliquer à l’Ukraine que le soutien américain a des limites. De plus, il y a le souci que les États-Unis ont dit que Vladimir Poutine devait être destitué, que le régime russe devait changer, que la Russie paierait tout, etc. C’est un problème, car à un moment il faudra bien qu’il y ait un accord de paix.
Autrement dit, le régime russe tient la route, il ne va pas tomber, l’armée russe ne sera pas défaite. Il faut donc calmer les Ukrainiens et leur expliquer qu’ils seront obligés de signer un accord qui sera inévitablement au moins un peu à leurs dépens. Emmanuel Macron a sous-entendu la même chose, alors que le régime italien a d’ailleurs proposé justement un accord de paix russo-ukrainien avec un statut spécial pour le Donbass et la Crimée.
C’est même la ligne française désormais, puisque le 22 mai 2022, Clément Beaune, le ministre chargé des Affaires européennes dans le gouvernement venant d’être mis en place, a rappelé ce qui avait été déjà dit par Emmanuel Macron :
« Si on dit que l’Ukraine va rentrer dans l’UE dans 6 mois, 1 an ou 2 ans, on ment. Ce n’est pas vrai. C’est sans doute 15 ou 20 ans, c’est très long.
Je ne veux pas qu’on vende aux Ukrainiens des illusions et des mensonges. Si l’on dit aux Ukrainiens : »Bienvenue dans l’UE », mais vous n’avez pas lu sur le contrat, en note de bas de page, »Coucou c’est dans 15 ans », je pense qu’on prépare demain des déceptions pour toute une génération du peuple ukrainien. »
Emmanuel Macron avait justement proposé la mise en place d’une Communauté Politique Européenne, avec l’appui du chancelier allemand Olaf Scholz, pour au moins intégrer l’Ukraine dans une structure commune, mais sans les implications qu’aurait eu une acceptation dans l’Union européenne. Cependant, tant la Grande-Bretagne que le président Volodymyr Zelensky ont totalement rejeté le projet. Ce dernier a affirmé lors d’une d’une conférence de presse à Kiev avec le Premier ministre portugais Antonio Costa que :
« Nous n’avons pas besoin d’alternatives à la candidature de l’Ukraine à l’Union européenne (UE), nous n’avons pas besoin de tels compromis.
Parce que, croyez-nous, ce ne seront pas des compromis avec l’Ukraine en Europe, ce sera un autre compromis entre l’Europe et la Russie. J’en suis absolument sûr. C’est l’influence et la pression politique et diplomatique des officiels et des lobbyistes russes sur la décision d’un pays européen de soutenir ou non l’Ukraine. »
Le président polonais Duda est sur cette même ligne, au parlement ukrainien il a affirmé que :
« Après Bucha, Borodyanka et Mariupol, il ne peut y avoir de relations avec la Russie. »
Si les États-Unis et la Grande-Bretagne poussent de folie, avec le soutien des pays baltes et de la Pologne, il y a des inquiétudes qui s’expriment sur les conséquences, tant aux États-Unis, que du côté de la France et de l’Allemagne. On a ainsi l’exemple de Ségolène Royal qui a expliqué qu’il fallait que la diplomatie prenne autant de place que le soutien militaire à l’Ukraine.
On a ainsi deux aspects dans ce grand tournant : le fait que la propagande sur la nullité de l’armée russe était… de la propagande, et le fait que les contradictions entre grandes puissances s’expriment toujours plus librement alors que la possibilité d’une victoire rapide sur la Russie disparaît. La guerre pour le repartage du monde implique nécessairement ces alliances et dissensions, ces retournements d’alliance, etc., selon les affrontements.
Cela prouve que nous sommes d’ailleurs déjà pieds et poings liés sur le plan de la marche à la guerre et que le processus de troisième guerre mondiale est clairement enclenché, le point de non-retour étant passé.