La domination de l’individualisme va se payer cher.
N’importe qui peut voir qu’autour de soi, les gens ne conçoivent aucune autre perspective qu’individuelle. Ils ne se disent à aucun moment qu’il y a une société, un pays, une classe ; tout ce qu’ils peuvent considérer, c’est leur propre existence individuelle, formant le seul horizon, avec tout le reste formant un arrière-plan à la fois flou et secondaire. Même l’idée d’une guerre en Europe ne les dérange que dans la mesure où cela aurait un impact à leur propre petite échelle.
Il n’y a aucune vue d’ensemble, aucune mise en perspective, aucune réflexion. La situation est celle d’un désastre complet. On paie ici le prix de trente années de croissance capitaliste très forte de 1990 à 2020. Tout a été lessivé et tout continue d’être lessivé, puisque le capitalisme prolonge sa lancée en ouvrant encore des marchés nouveaux, comme les livraisons à domicile, les séries à la demande ou encore les postures identitaires LGBTQ+.
La société française est ainsi en droite ligne vers le crash. La crise du COVID-19, qui n’est pas terminée, n’a amené strictement rien de tangible sur le plan d’une critique de la situation de la Nature terriblement malmenée par le capitalisme. Les efforts financiers hallucinés des capitalistes pour maintenir la stabilité à coûts de crédits géants n’ont provoqué aucune interrogation. La guerre en Ukraine a provoqué des inquiétudes, mais de manière vague mais sans aucun effet.
Or, c’est naturellement impossible. Tous ces phénomènes historiques de grande ampleur, de très grande ampleur même, à quoi il faut ajouter le réchauffement climatique, ont nécessairement un impact à la fois profond et dans la durée. La société française ne peut pas ne pas être touchée, modifiée, transformée. Cela signifie que plus elle regarde ailleurs, plus elle retarde les échéances, plus cela va très mal se passer.
Plus la crise est repoussée et plus il ne se passe rien… Plus la crise va apparaître d’autant plus fortement, d’autant plus violemment. Ce processus peut être court comme il peut être long, le crash peut se dérouler à la rentrée 2022 comme une année, deux années, cinq années plus tard, selon les événements, mais on n’y coupera pas. Une société entière ne peut vivre à crédit et dans le déni, c’est intenable.
Le souci bien sûr est que plus la crise est repoussée, plus cela tourne mal dans la tête des gens. L’exploitation et l’aliénation brisent les gens, qui partent ainsi de toujours plus loin et ont toujours plus de mal avec les défis de toute une époque. Il va falloir tout un processus de décantation, de remise en cause, d’étude. Le peuple n’aura certainement pas besoin de populistes lui disant que tout ce qu’il fait est bien, mais bien au contraire d’une éducation.
Cette éducation ne pourra qu’être raisonnable, s’appuyer sur les valeurs de la Gauche historique, avec la mise en valeur claire, sans ambiguïtés, de la nécessité d’une société démocratique et populaire, allant au Socialisme. Elle ne devra céder en rien aux courants « ultras » qui ne manqueront pas de se renforcer dans une situation de désarroi général.
Mais comme on est loin d’un tel désarroi dans cette société française entièrement pacifiée. Et comment on en est proche, si proche, alors qu’on va droit dans le mur !