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La France : année zéro

Le niveau est à zéro, tout est à faire !

Le niveau est à zéro, tout est à faire !

Le premier tour des élections législatives 2022 a montré que la confiance générale dans la stabilité de la société française était absolue. Bien entendu, il y a des courants contestataires formulant l’idée qu’il y aura un « troisième tour social » à la rentrée. Cependant, on ne trouve nulle part l’idée que tout est illusion et qu’en réalité on va à une grande rupture civilisationnelle.

Autrement dit, emprisonnés dans le capitalisme et son 24 heures sur 24, les gens croient en une évolution des choses, qui sera lente, et non pas en un saut qualitatif révolutionnant tout le cadre de pensée et d’action. Le capitalisme est considéré comme installé et solide ; il pourrait être réorienté dans telle ou telle direction, éventuellement « dépassé » en certains domaines. Il n’est toutefois pas raisonné en termes de cassure.

Cela montre ici que lorsque les gens parlent de Karl Marx en France, ils le limitent à une dimension « sociale » et ils ne saisissent pas qu’au contraire la question est fondamentalement humaine, avec la question de l’exploitation et de l’aliénation d’un côté, celle de l’épanouissement personnel dans un cadre collectif de l’autre.

Cela montre surtout qu’il n’existe aucune « charge » prolétarienne en France, que le prolétariat, qui porte le nouveau monde, est aux abonnés absents, qu’il ne diffuse rien, qu’il ne soutient rien, qu’il est décomposé.

Si on rate cette décomposition, alors on ne peut pas comprendre il y aura recomposition. Une recomposition qui va malheureusement passer par l’opposition à la guerre, aux mesures économiques d’appauvrissement et de pression accrue au travail. Mais une recomposition qui porte en elle le programme pour établir le Socialisme en France, au fur et à mesure de son avancée.

Il est en tout cas tout à fait évident désormais que le capitalisme a englouti le prolétariat et que sans recomposition, il n’y a rien. Le capitalisme s’est tellement développé dans les pays riches qu’il a corrompu les prolétaires pour en faire des petits-bourgeois. La recomposition va consister en le grand décrochage d’avec cette corruption, ce qui ne se fera pas sans heurts, sans remise en cause.

En ce sens, l’espoir ne vient pas du tout de l’alliance électorale NUPES, petite-bourgeoise de bout en bout, voire même bourgeoise d’ailleurs. Il vient en bonne partie de l’effondrement à venir du Rassemblement National qui a piégé les prolétaires au moyen du nationalisme. Le Rassemblement National est le véritable grand obstacle à la recomposition, car il fait croire aux prolétaires que le nationalisme peut les protéger d’un capitalisme devenant toujours davantage un turbocapitalisme.

Mais le Rassemblement National n’est pas en mesure de proposer un tant soit peu du concret alors que la situation devient toujours plus tendue au niveau international ; il ne sert même à rien et cela va être tout à fait clair. Cela va amener cette digue à se briser.

Dans tous les cas, quel que soit la forme du processus, c’est la recomposition du prolétariat qui est la clef. Tout le reste est mensonge, expression de la corruption par une société capitaliste opulente.