Il découle du rapport de force entre puissances.
Tant qu’à avoir fait jusqu’à présent un sans faute concernant l’analyse de la guerre en Ukraine, notamment en la prévoyant six mois avant son déclenchement, autant essayer de formuler à quoi ressemblerait le découpage de ce malheureux pays si l’on part de la base de la situation actuelle.
Et autant aller droit au but avant d’expliquer pourquoi cela ressemblerait à cela. On aurait : une zone sous contrôle occidental/américain avec Kiev, une zone tampon occidentale/européenne avec Kharkiv qui est toutefois une ville russophone proche géographiquement de la Russie, des républiques en série (Odessa, Kherson, Donetzk, Louhansk, etc.) autonomes mais convergeant entièrement avec la Russie.
Ce découpage, qui s’il a bien lieu doit se produire à l’automne au grand plus tard, obéit aux facteurs suivants.
La Russie a réussi à débouler massivement dans le Donbass, elle se doit de prendre Odessa et de faire un lien avec la Transnistrie, alors qu’en Moldavie il y a beaucoup de Russes. Elle n’a toutefois pas les moyens de prendre le reste de l’Ukraine, ou au moins ce qui est présenté comme la zone tampon, sans exercer un saut qualitatif, avec une mobilisation militaire générale.
Il y a toutefois moyen d’éviter cela et de supprimer rapidement les sanctions, au moins en grande partie ou en tout cas de revendre du gaz en Europe. En effet, l’Allemagne est horrifiée de voir quel va être le coût monstrueux que l’abandon du gaz russe va lui imposer en hiver. La situation n’arrange pas non plus la France qui veut avoir un rôle à jouer et il en va de même pour l’Italie.
Si ces pays pouvaient donc prendre pied dans cette zone tampon, avec une dimension relative puisque Kharkiv est une ville russophone…
La Russie serait d’autant plus gagnante que du côté roumain il y a les montagnes carpathiques, un grand obstacle terrestre, et l’existence de ces deux zones ukrainiennes « maîtrisées » neutraliseraient de fait une projection militaire terrestre vers Moscou. Il ne faut pas se leurrer, l’OTAN visait d’utiliser l’Ukraine (et la Pologne) pour ça.
Enfin, il resterait une Ukraine « officielle », avec Kiev comme capitale, directement sous contrôle américain comme actuellement, et surtout conservant légalement toutes les innombrables dettes du pays. La superpuissance américaine aurait alors échoué dans sa tentative de faire tomber la Russie, mais en même temps l’armée ukrainienne commence à échouer de manière suffisamment nette pour chercher à éviter une déroute complète… Et puis il peut y avoir l’idée que la Russie est suffisamment affaiblie et qu’il est enfin possible de passer au concurrent chinois.
Un tel découpage rendrait naturellement fou de rage le Royaume-Uni, qui veut le port d’Odessa et prendre pied en général dans la zone, son objectif est résolument de démembrer la Russie. Seraient très mécontents aussi la Pologne, la Roumanie et les pays baltes, qui verraient leurs ambitions s’effondrer. Ce serait alors toute cette série de pays qui seront source du conflit suivant qui ne manquera pas de suivre.
On n’en est pas là. Cependant les choses peuvent aller très vite. On voit déjà comment les accusations de crimes de guerre disparaissent en partie des médias occidentaux, comment la situation est présentée comme une sorte d’imbroglio infernal qu’il s’agirait au mieux de congeler. Naturellement, les pays occidentaux espèrent encore faire tomber la Russie. Mais si celle-ci l’emporte, la « raison » l’emportera. La raison capitaliste du repartage du monde, bien entendu, avec l’attente du prochain tour.
Il ne faut clairement plus parler de « seconde » guerre mondiale, car en français quand il n’y a que deux termes on choisit plutôt « second » que « deuxième ». La troisième a en effet déjà commencé.