La déchéance touche à sa fin.
Lorsque Génération-s a été mis en place par Benoît Hamon, l’idée était de reconstruire à Gauche en profitant de la mouvance socialiste pour développer des idées partant de la base. Lors de la journée de fondation à Vincennes, en banlieue parisienne, en juillet 2017, les gens autour de Benoît Hamon n’ont rien proposé : ils ont demandé aux gens ce qu’ils pensaient, ce qu’ils souhaitaient.
Malheureusement, de par la composante sociale des gens autour de Benoît Hamon (et de lui-même), cela s’est transformé en une sorte de petit carriérisme bourgeois sans envergure. Benoît Hamon lui-même abandonnait le mouvement en mai 2019, devenant candidat aux régionales de 2021 pour Europe Ecologie Les Verts pour rejoindre dans la foulée une entreprise visant les migrants à fort potentiel entrepreneurial.
Génération-s s’était entre-temps mis dans l’orbite d’Europe Ecologie Les Verts – il s’agit des mêmes bobos – avant qu’une partie pousse justement la logique jusqu’au bout, comme l’explique cette tribune en ce début juillet 2022.
Génération-s aurait pu être la critique de gauche de l’échec historique du Parti socialiste, cela aurait été une critique par la droite… EELV est désormais entièrement pro-OTAN en effet, rejoindre un tel mouvement en ce moment n’est même pas de la capitulation par rapport aux valeurs de gauche, c’est carrément aller aider la superpuissance américaine dans l’installation de forces lui étant asservies sur le plan des valeurs et des propositions.
Idéologiquement c’est d’ailleurs la tentative de former un Parti Démocrate à l’américaine, en mode Europe fédérale, écriture inclusive et LGBT, modernisation du capitalisme et neutralisation sociale – pacificatrice des contradictions, etc. Ces gens se disent de « gauche » mais leur modèle c’est le centrisme historique ayant existé en France dans les années 1950, en mode pro Union européenne inféodée aux États-Unis, modernisation et accompagnement social de celle-ci. Ignoble !
« Pelouse de Reuilly. 1er juillet 2017. Des personnes aux parcours politiques variés se retrouvent à l’invitation de Benoît Hamon. Elles sont nombreuses. Certaines sont socialistes, écœurées par le quinquennat Hollande qui vient de s’achever. D’autres sont écologistes et ont fait le pari courageux d’un rassemblement autour d’un candidat et d’un projet qui, pour la première fois, portent les questions environnementales et sociales ensemble avec la même ambition.
Nombre n’ont eu jusqu’alors aucun attachement partisan mais ont répondu à l’élan démocratique issu d’une primaire ouverte à laquelle des millions de Françaises et Français ont participé, partageant l’espoir d’une candidature audacieuse portant un projet de profonde transformation de la société et répondant aux enjeux réels de notre pays par des mesures innovantes : revenu universel, lutte contre les perturbateurs endocriniens et la taxe robot notamment.
Elles ont en commun d’avoir voulu créer un futur désirable pour la France. Un futur désirable offrant un horizon de sortie de la société de consommation vorace et mortifère qui accumule toujours plus de profits en exploitant les ressources de la Terre et la force humaine de travail.
Un futur désirable dont l’étendard est celui du revenu universel, incarnant la sortie de la pauvreté, un revenu digne tout au long de la vie, une aspiration à retrouver du sens en mettant le travail à sa juste place et en reprenant le pouvoir sur notre vie et notre rapport au temps. Surtout, il permet d’envisager les mutations profondes que nécessite la transition écologique et à la rendre acceptable pour l’immense majorité d’entre nous.
Une grande partie des participantes et participants de la pelouse de Reuilly ont traduit cette histoire dans une aventure un peu folle : celle de créer un nouveau parti politique à partir de rien, ou plutôt à partir d’un projet ayant structuré le débat public le temps d’une présidentielle et du rêve puissant d’unir les familles issues de la gauche et de l’écologie.
Un peu partout en France et au-delà. Juillet 2022
Cinq ans ont passé depuis la pelouse de Reuilly. Cinq ans d’un quinquennat dévastateur pour les droits sociaux et les pratiques démocratiques de notre pays.
Cinq années durant lesquelles les conséquences du réchauffement climatique sont devenues plus visibles et fréquentes. Mais si le consensus est réel sur l’enjeu climatique, la bataille commence seulement sur la manière de conduire et de financer la transition écologique. Nous proposions par le revenu universel d’instaurer un nouveau droit social permettant d’affronter les crises. La COVID-19 avec la mise en place du « Quoi qu’il en coûte » a balayé les critiques le qualifiant d’utopique. Mais un autre projet, théorisant la croissance verte comme réponse à tous les maux, a été choisi.
Nous sommes conscient.e.s qu’il est plus facile d’adhérer à un projet promettant de ne pas changer, de ne pas faire d’effort et de garder coûte que coûte les repères du modèle productiviste. C’est vrai pour la minorité qui a accumulé assez de richesses pour faire face aux crises à venir. C’est faux pour celles et ceux qui ont vu leur pouvoir de vivre s’amoindrir depuis de nombreux mois et qui sont les premières victimes du réchauffement climatique.
Alors, notre premier défi est de convaincre que la majorité d’entre nous vivra mieux dans une société de la sobriété, adaptant son modèle économique au fait que les ressources sont limitées et que nous avons atteint ces limites. Cela pose avec une acuité nouvelle la question de la répartition juste des fruits de l’exploitation de ces ressources.
Tout au long de ces 5 dernières années, nous avons œuvré à incarner ce trait d’union entre les combats de la gauche et des écologistes, pour finalement voir aboutir l’accord historique de la NUPES pour les élections législatives. Nous avons pris acte de la demande des électrices et électeurs de voir notre camp se rassembler.
Nous avons mis notre énergie à ce que cette union s’incarne dans des campagnes communes permettant de susciter le plus d’espoir possible. Nous y avons vu les prémices d’un nouveau cycle : celui de la recomposition du camp progressiste après dix ans de décomposition et d’essoufflement lié à la démultiplication des partis du camp du progrès.
Les défis que notre camp social a à affronter sont tels que nous avons besoin d’une force politique regroupant des milliers de personnes, dont la vitalité démocratique repose sur la qualité de son débat politique, dont les membres impulsent de nouvelles solidarités à l’image des coopératives.
Aujourd’hui, il ne reste pas grand chose à Génération.s de l’élan de 2017. Pas de campagne depuis 2 ans pour convaincre de la nécessaire sobriété et du revenu universel. Une inconstance stratégique, avec la mise à mal du rassemblement autour du pôle écologiste au moment de l’accord pour les législatives; une orientation pourtant approuvée massivement par les militant-es pendant la dernière convention.
Moteurs pour faire vivre le pôle écologiste dans leurs territoires, les militantes et militants de Génération.s ont été laissé.es dans l’incompréhension totale face à cette décision. Dans le même temps, l’absence de souffle démocratique, des instances ne parvenant pas à répondre à l’aspiration originelle de promouvoir la diversité et la formation militante, ont conduit à de nombreux découragements.
Génération.s est devenu trop étroit, dénué de projet politique distinctif, et ne parvient plus à justifier de son utilité à terme. Pour notre part, nous souhaitons continuer à marcher sur nos deux jambes que sont : la justice sociale et la réponse au défi climatique.
Or, ce projet politique existe et nous y avons toute notre place : c’est celui de l’écologie politique porté au sein d’EELV. Nous l’avons suffisamment appris, construit et partagé à leurs côtés depuis deux ans en menant des campagnes communes à toutes les échelles locales et nationales.
Construire la suite : au sein d’EELV
Nous savons qu’au sein d’EELV nous pourrons porter les idées que nous avons défendues à Génération.s. Nous nous engagerons pour une écologie populaire, tournée vers les personnes précaires, premières victimes de la crise climatique.
Nous construirons le renouveau démocratique pour rajeunir nos institutions et mettre les habitantes et les habitants au cœur des décisions qui les concernent. Nous nous battrons pour l’équité territoriale afin d’offrir dans les quartiers populaires et dans les milieux ruraux une autre voie que celles de l’abstention, du rejet de la politique ou de la haine portée par l’extrême-droite.
Nous militerons pour une nouvelle Europe fédérale qui remet l’humain au cœur de son projet politique, en première ligne de la lutte contre le réchauffement climatique, avec la primauté du principe de solidarité et un fédéralisme du mieux-disant écologique, social et démocratique. Nous défendrons également la mise en place d’un Revenu Universel d’Existence, pierre angulaire de la prise en compte des enjeux nouveaux du XXIème Siècle.
Alors, cinq ans plus tard, nous militant.es, élu.es, responsables politiques issu.es de Génération.s soufflons une dernière fois les bougies de notre engagement dans ce parti. En rejoignant EELV, nous partons pour une aventure nouvelle, riches de rencontres, riches d’une expérience démocratique, riches d’une conscience plus aiguisée que l’écologie politique est l’alternative au libéralisme.
Nous partons aussi en gardant l’espoir porté au sein du pôle écologiste : celui de devenir une force partisane offrant de nouvelles perspectives pour l’écologie politique. C’est pourquoi nous décidons d’accompagner et de rejoindre la dynamique initiée par EELV, celle d’un dépassement et d’une refondation avec l’ambition de défendre une société plus juste, plus respectueuse et portant un véritable projet d’avenir. »
Les premiers signataires :
Ameris Amblard
Pierre-Yvain Arnaud
Maxime Auger
Françoise Benaïm
Sabrina Benmokhtar
Setni Baro
Alain Blanc
Alice Bosler
Sophie Boussemart
Nicolas Braemer
Maïtena Bru
Ghislain Cabayot
Gaëlle Capitaine
Jean-Michel Mischa Cazeaux
Sandrine Charnoz
Amélie Cohen-Langlais
Emmanuelle Cretin-Magand
Marianne Cuoq
Tanguy Dassonville
Elliot de Faramond
Joséphine Delpeyrat
Danielle Depierre-Martin
Chérif Diallo
Sylvie Dumas
Gérald Elbaze
Thomas Franck
Nicolas Garcia
Julie Godichaud
Dominique Guillou
Loreleï Guys
Popée Guys
Reine Guys
Denis Haudebault
Frédéric Hocquard
Sylvain Indjic
Mathieu Kerbouche
Ronan Kerguiduff
Arthur Lacour
Sébastien Lagrave
Marie-Charlotte Latour
Clarisse Leclair
Jean Mariaud
Nathalie Maquoi
Laila Megharbi
Marc Mejean
Félix Mésonnier
Marthe Nagels
Patrick Nana
Stéphane Pfeiffer
Agathe Pigneux
Sylvie Poupon
Bastien Recher
Michaël Ristic
Lucile Robert
Marie-Dorothée Schmidt
Pascale Seux
Fausto Sinigaglia
Laura Slimani
Guy Tabacchi
Jean-Daniel Thumser
Anaïs Touzet
Laurent Touzet
Arthur Wolff
Dan Zisso