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Réflexions

Si la pandémie et la guerre en Ukraine ne suffisent pas… alors la mélancolie ?

On peut faire semblant, mais à l’intérieur, on s’effondre.

On peut faire semblant, mais à l’intérieur, on s’effondre.

Chaque jour les réveils sonnent et les gens vaquent à leurs occupations. La vie quotidienne n’a pas changé malgré la pandémie et la guerre en Ukraine, elle suit son cours, pareille dans tous ses fondamentaux. Rien n’a fondamentalement changé dans le panorama du capitalisme, qui continue à s’étendre dans toujours plus de domaines.

On peut même, à certains degrés, vivre de manière vaguement alternative, voire de manière franchement alternative. Du moment que c’est marginal, que cela se réduit à un détail quelque part, à un moment, sans en rien entraver le marché général, c’est acceptable, voire utilisable si cela permet de produire de nouvelles marchandises. Les deux joueurs de tennis de la Wimbledon 2022, Novak Djokovic et Nick Kyrgios, sont ainsi vegans, mais il va de soi que cela ne change en rien la situation pour les animaux.

Personne n’en a rien à faire d’ailleurs, ni qu’ils soient vegans, ni des animaux, ni de rien d’ailleurs. On a atteint le degré où l’être humain a sa vie intérieure vidée de tout son sens, chacune de ses interactions étant liée, qu’il le veuille ou non, même à petite échelle, au marché capitaliste. Dire qu’en 2022 il y a encore des « anticapitalistes » pour s’imaginer contestataires en postant en permanence des messages sur le réseau social Twitter !

Pour s’extirper de tout cela, il va falloir beaucoup de choses, et notamment de la mélancolie. Parce que qui accepte le rythme de la vie capitaliste a perdu par avance. Normalement, on pensait que l’être humain regagnerait après la victoire sur le capitalisme seulement une bonne part de son humanité, comme la sensibilité artistique. Là il va falloir le faire en bonne partie avant, parce que pour vouloir renverser le capitalisme, il va falloir vouloir du sens, de la sensibilité, des rapports vrais, non superficiels.

Il n’est pas bien difficile que les folies identitaires – qu’elles soient racialistes ou LGBTQ+ ne changeant rien au fond – sont ici des fuites en avant proposées par le capitalisme afin d’empêcher le travail transformateur sur une base sensible, au profit de quelque chose de tapageur, de superficiel, et de pseudo sensible. Le romantisme tourmenté du black metal nazi ou l’ultra nervosité LGBTQ+ sont typiquement des faux semblants anti-populaires et anti-historiques, du totalement consommable adapté à de egos repliés sur eu-mêmes et incapables de produire.

Mais où sont d’ailleurs les artistes dont nous avons besoin pour dire non à tout ça, pour affirmer des valeurs positives, saines, constructives ? On n’a même pas quelques jeunes se précipitant le reggae pour dénoncer Babylone. C’est une situation historique terrible, qui correspond au déclin de toute une époque. C’est un drame historique qui se joue et pour l’instant, c’est une condamnation à l’échelle d’une génération à laquelle l’Histoire va procéder.

Quelle honte que la France de 2022 vu de l’avenir ! Quelle infamie plutôt, car ne pas changer les choses est déjà fou, mais alors en plus participer passivement au capitalisme dont les perspectives destructrices sont absolument évidentes… mais pourquoi ?

Oui, la mélancolie est une arme et il faut qu’une génération d’artistes s’en saisisse pour faire ressortir tous les besoins humains d’épanouissement qui sont totalement bloqués par un capitalisme qui pourrit sur pied et nous précipite dans la guerre. Il nous faut de la sensibilité, un véritable romantisme, l’affirmation d’une utopie dans toute sa dimension!

Et c’est cela ou rien. Parce que sans cela, de toute façon il n’y a rien ! Il n’est pas possible de vivre, ne serait-ce que de vivre, sans être connecté à l’exigence, aux exigences de l’avenir !